Magazine Cinéma
Le Palace
8, rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
Tel : 01 40 22 60 00
Métro : Grands Boulevards
One-man show écrit et mis en scène par Stéphane Rousseau
Ma note : 7/10
Le spectacle : Stéphane Rousseau nous invite à entendre ses confessions, sans concession ni censure. Dans un décor de rêve, il nous plonge dans sa réalité et nous confie certains des épisodes les plus émouvants, croustillants et irrésistibles de sa vie. Usant de tous ses charmes et de ses multiples talents, il raconte, chante, danse et même peint !
Mon avis : De mémoire de spectateur, je n’ai jamais vu une scène aussi belle. Stéphane Rousseau, le bijou québécois, évolue dans un chaleureux écrin rouge et or. Pendant tout le spectacle, entre projections et effets spéciaux, ça va être un véritable feu d’artifices, une orgie de couleurs et d’images, le tout accompagné d’une bande-son digne du cinéma. C’est tout simplement prodigieux, c’est Las Vegas au Palace ! Le public en prend plein les mirettes. C’est juste magnifique. Mais cette débauche d’effets n’est pas là rien que pour faire beau, elle est entièrement au service du spectacle. Elle l’accompagne, l’illustre, le souligne. A certains moments, on se retrouve en plein cœur d’une forêt canadienne ou au sommet d’une montagne… Exotisme garanti.
Et Stéphane Rousseau évolue dans ce décor avec l’aisance d’un « ouananiche » (saumon) dans le lac Saint-Jean. Il s’amuse de toutes ces techniques et il joue avec pour notre plus grand plaisir. Stéphane est avant tout un formidable showman, un « performer » à l’américaine. Il sait tout faire, et il le fait bien. Il possède une superbe voix, à la fois puissante et mélodieuse, il fait ce qu’il veut avec son corps, bouge avec souplesse, il maîtrise le mime et les effets cartoonesques, il prend des accents, il dessine… Bref, c’est un artiste complet.
Voici pour la forme. Abordons le fond. Si ce spectacle a été baptisé Les Confessions de Rousseau, c’est parce qu’il contient une grande part d’autobiographie. D’ailleurs, dès le début, il s’agenouille et fait acte de contrition : « J’ me confesse… ». Et il avoue quelques « pêchés » de jeunesse avec à la fois une jolie honnêteté et une part savoureuse de narcissisme. Que voulez-vous, il plaît, et il le sait. Stéphane est un grand charmeur, un séducteur né… Après quoi, il entre dans le dur du spectacle, les sketches. S’il les interprète tous avec une belle générosité et un convivial sens du partage, ils sont un peu inégaux. Ce qui est sympa avec lui, c’est qu’il est très joueur, y compris à ses dépens. Alors, tout passe. Même – ce que je n’aime guère dans les spectacles - quand il fait monter une jeune femme sur scène pour l’emmener faire un tour à moto. Ceci dit, dans la salle, on rit beaucoup devant les facéties de Stéphane et l’embarras de sa passagère d’un soir. Là encore, il faut saluer l’inventivité et l’esthétisme des jeux de lumières. Que c’est beau, tabernacle !
Les sketches qui succèdent à son imitation de David Bowie se révèlent être tous d’une bonne facture, voire d’une excellente pour certains (l’interview avec un journaliste particulièrement alambiqué, le passage à la douane – pour moi le meilleur –, le camp de nudistes avec cette superbe tirade à la Cyrano de Bergerac à propos d’une « pininsule »…). Stéphane réussit même le tour de force de nous faire rire avec le décès de son père, manière pour lui d’exorciser cette douleur. Il nous en fait une sorte de comédie à l’italienne où la bêtise se le dispute au cynisme. C’est une belle parenthèse pleine d’amour, d’humanité et d’auto-dérision…
Et pour terminer, après un éclatant bouquet final pyrotechnique, il revient dans la peau de son personnage hispanique, le bellâtre et sensuel Rico, véritable machine à donner du plaisir. Là encore, il ne fait pas dans la demi-mesure, il se ridiculise avec une jubilation communicative qui achève de nous le rendre définitivement sympathique.
En somme, on passe un très agréable moment de détente avec un spectacle d’une qualité esthétique rare en compagnie d’un garçon drôle, exubérant, simple et tendre, qui sait tout prendre en dérision. Pour ces joyeuses Confessions, il a droit à notre absolution et à notre reconnaissance ; mais pas éternelle, il ne faut tout de même pas exagérer. D’autant qu’il va nous en concocter d’’autres, des spectacles.