Le partage du travail, une idée de fonctionnaire

Publié le 03 novembre 2010 par Lecriducontribuable

L’économiste Jean-Yves Naudet récuse dans un article sur le site de l’Association pour la liberté économique et le progrès social (Aleps) l’idée des opposants à la réforme des retraites selon laquelle le relèvement de l’âge de départ à la retraite de 60 ans à 62 ans limiterait l’embauche des jeunes actifs.

C’est le même principe qui a été invoqué pour justifier le passage de la durée hebdomadaire légale de travail de 39 heures à 35 heures sous Lionel Jospin.

L’idée du partage du travail est erronée car elle suppose une vision statique de l’économie, où une offre fixe répond à une demande fixe, impliquant ainsi une charge de travail fixe pour l’ensemble de la société, et elle omet le fait que l’emploi crée l’emploi : si un sexagénaire travaille, il produira les richesses qui rendront possible l’embauche d’un jeune diplômé. À l’inverse, si le même sexagénaire part à la retraite, sa pension pèsera sur le coût du travail du même jeune diplômé et l’entreprise devra donc renoncer à l’embaucher.

Jean-Yves Naudet écrit : « Cette thèse s’applique peut-être à la fonction publique : si l’on dispose de tant de milliards et si le salaire des fonctionnaires est de tant, on peut par division calculer le nombre d’emplois. Sans augmentation des impôts, impossible d’en créer plus, sauf à payer chacun moins. Mais l’administration n’est pas dans une logique marchande [...] ».

En effet, la fonction publique ne crée pas des emplois, mais des postes : dans le fonctionnement de l’administration, à nombre de postes constant, le départ à la retraite d’un sexagénaire appelle nécessairement l’embauche d’un jeune fonctionnaire sur concours. On comprend donc pourquoi les syndicalistes, très majoritairement issus du secteur public, peuvent défendre de telles idées ; le problème vient de ce que les journalistes et les hommes politiques, de droite comme de gauche, accréditent des idées qui ne résistent pas aux faits.