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168 pages
Résumé:
Tit-Coq a été le premier grand succès du théâtre québécois. Gratien Gélinas, son auteur, qui jouait aussi le rôle-titre à la création en 1948, préconisait un théâtre «national et populaire», dont sa pièce est la parfaite illustration. Vingt ans avant Michel tremblay, il faisait parler ses personnages dans une langue que le public pouvait reconnaître comme la sienne. Et l'histoire de son héros, qui cherche à échapper à son destin de «bâtard», transcendait le cadre canadien-français pour atteindre à l'universel.
Mon commentaire:
Tit-Coq est une pièce en trois actes qui a été présentée pour la première fois au Monument-National le 22 mai 1948. Gratien Gélinas y interprète d'ailleurs le rôle de Tit-Coq. La pièce reçoit un très bon accueil, de la presse comme du public. Rencontrant tellement de succès, la pièce sera plus tard adaptée pour le cinéma.
Tit-Coq est le premier grand succès du théâtre québécois, "une vraie pièce d'inspiration canadienne et de langue française". L'histoire raconte celle de Arthur Saint-Jean, un jeune militaire, sans famille, un "bâtard". À l'époque, naître de parents inconnus et être placé dans une crêche n'était pas bien perçu par la société. Tit-Coq tente de se tailler une place dans le monde. Quelques jours avant le réveillon de Noël, à cause d'un conflit entre lui et un collègue, ce dernier se voit intimer l'ordre d'amener Tit-Coq dans sa famille pour le réveillon. Cette rencontre avec une vraie famille changera la vie de Tit-Coq.
Tit-Coq est un personnage profond, blessé par le sentiment d'être seul au monde et de ne pas avoir d'attaches. N'ayant jamais connu le plaisir d'être membre d'une famille, il trouvera un nouveau sens à sa vie en passant quelques jours auprès de la famille Desilets. Il y fait la connaissance de Marie-Ange, qui promet d'attendre son retour de la guerre. Sa rencontre avec cette fille issue d'une famille nombreuse est la promesse d'appartenir, lui aussi, à une grande famille. De devenir le fils, le frère, l'époux de quelqu'un. Après plusieurs mois passés au loin, Tit-Coq retrouve sa fiancée dans les bras d'un autre. C'est la détresse, la désillusion. Commence alors pour lui une remise en question sur ses choix. Cette partie de la pièce, menée par le Padre (le Curé), est habilement construite puisque ce dernier remet en perspective la relation des deux jeunes amants, tout en leur faisant comprendre l'essence même de leurs choix.
La pièce est très intéressante. C'est un classique à découvrir encore aujourd'hui et on le lit avec beaucoup de plaisir. C'est merveilleusement bien écrit. On plonge dans un passé pas si lointain, où les mentalités étaient bien différentes. C'est également l'occasion avec cette nouvelle édition d'en apprendre plus sur le contexte d'écriture de la pièce, sur son auteur et sur la façon dont elle a été reçue par le public et les journalistes.
Tit-Coq est pratiquement passé dans l'imaginaire collectif québécois. Il a marqué toute une génération. C'est une lecture que j'ai particulièrement appréciée et dont je conseille fortement la (re)découverte. Gratien Gélinas a une écriture particulière, il crée des personnages qui nous sont proches, de qui on s'attache.
Un extrait:
Le Padre.-Bonjour, Tit-Coq. (il vient s'appuyer près de lui.)
Tit-Coq. sortant de sa rêverie. - Allô Padre.
Le Padre. -Alors, ça y est: on s'en va.
Tit-Coq. -On s'en va.
Le Padre. -Je t'empêche peut-être de t'enmnuyer de ta Marie-Ange?
Tit-Coq. -Oui... mais c'est égal: j'aurai le temps de me reprendre à mon goût.
Le Padre. -Ce doit être nouveau pour toi, l'ennui?
Tit-Coq. -Tellement nouveau que j'aime presque ça. Ce qui est triste, je m'en rends compte, c'est pas de s'ennuyer...
Le Padre. -C'est de n'avoir personne de qui s'ennuyer?
Tit-Coq. -Justement.... et personne qui s'ennuie de toi. Si je ne l'avais pas rencontrée, elle, je partirais aujourd'hui de la même façon, probablement sur le même bateau. Je prendrais le large, ni triste ni gai, comme un animal, sans savoir ce que j'aurais pu perdre.
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