On connaît désormais AMC, la chaîne qui s’est lancé dans la série voici quatre ans, et sort désormais des hits à chaque rentrée. Après Mad Men et Breaking Bad, et avant The Walking Dead, voici Rubicon, thriller politique héritier des années 60, où les petits fonctionnaires découvrent des complots dans chaque dossier. Nébuleux et claustrophobique, un show magistral.
Will est analyste au sein d’une agence de renseignement privée, qui dissèque la moindre parcelle d’information pour chaque bureau national (FBI, NSA, CIA…). La mort étrange de son mentor le plonge dans une quête personnelle vérité, alors que les apparences ne sont pas vraiment de son côté. Et comment distinguer le bien du mal lorsque son propre bureau est mêlé à cette histoire? Rubicon explore le monde de l’intelligence stratégique et de l’espionnage avec beaucoup de brio. Evitant la moindre scène d’action ou de confrontations directes (tout au plus une petite scène de torture, pas si inutile dans le grand échiquier de la série), elle met en avant les cerveaux qui carburent loin derrière les explosions et les prises d’assault. Agence de renseignement oui, mais cellule de crise avant tout, où sont passés au peigne fin la moindre information écrite, photographique ou vidéo, venant du monde entier et des agences qui l’emploient. Bien étrange donc de plonger à plein dans ce monde où justement le secret est roi, et l’action la plus présente est celle émanant du cerveau.
Et pourtant, Rubicon maîtrise parfaitement son intrigue, jouant la carte des énigmes plutôt que de la course poursuite. Ici, les personnages agissent en réfléchissant, et c’est bien assez rare pour le souligner. Si on excuse un peu l’innocence du personnage principal (James Badge Dale, vu précédemment dans The Pacific ou 24), véritable entêté qui ignore les dangers les plus évidents lorsqu’il commence à mettre le nez là où il ne faut pas, l’ensemble de la série joue la carte du réalisme pur. Entre ambiance très 70′, rappelant les vieux films conspirationnistes d’Hollywood, et les atmosphères enfumées de vieux bureaux de politiciens véreux, et gadgets modernes (des micros minuscules au réseau mondial d’informations…), Rubicon a su rapidement installé une tension qui ne retombe pas. Peu évident d’ailleurs de ne se raccrocher qu’à cela, dans un environnement où tout devient rapidement suspect et mortel, mais Will navigue avec l’aide de son supérieur, le mystérieux Kale, pour avancer dans son enquête sans tomber sur les pièges les plus évidents. Et il faut dire qu’on devient très vite curieux sur cette construction mécanique, entre jeux de mots et sens cachés, qui révèlent des secrets camouflés dans les grands quotidiens ou les réunions mondaines. Les apparences sont définitivement trompeuses, et nous voilà de l’autre côté du miroir.
Au final, peu de surprises pour autant, car la série révèle très vite l’identité des grands méchants (du moins les plus apparents), et on se base plus sur le jeu de chat et de souris qu’ils mènent avec Will qu’à autre chose. Un jeu qu’on nous rappellera extrêmement dangereux vu les enjeux, et le dernier épisode se révèle particulièrement démonstratif à ce propos, ouvrant la voie à une deuxième saison plus violente et passionnée. Rubicon fait désormais partie de l’écurie AMC, et c’est peu dire qu’on est peu surpris de son succès.