la responsabilité sociétale des entreprises : RSE

Publié le 03 novembre 2010 par Valabregue

Dès sa création, en 2003, l'agence Vigeo a choisi d'évaluer la responsabilité à la fois sociale, environnementale et sociétale des entreprises, en référence à la définition du livre vert de la Communauté européenne.

La RSE désigne les responsabilités qu'une entreprise doit assumer au regard des parties prenantes autres que ses seuls actionnaires : ses salariés, ses clients, ses fournisseurs, les territoires, l'environnement, soit tout l'écosystème affecté par ses décisions, par ses choix, par ses productions. Plus il est démontré qu'elle prend en compte les intérêts des parties prenantes et qu'elle minimise les impacts négatifs, plus l'on peut estimer que l'entreprise manifeste sa responsabilité sociale et environnementale.

Couvrir la totalité du champ d'action

Nous analysons les comportements au travers de six domaines : droits humains fondamentaux, ressources humaines, environnement, comportements sur les marchés, gouvernance et engagement sociétal. Il ne s'agit pas, en effet, d'exiger des entreprises qu'elles couvrent la totalité du champ (éducation, santé, environnement, économie) qu'ont pu décrire les auteurs du rapport Bruntdland, publié par les Nations unies en 1987, et qui souligne ce que la planète doit pouvoir assurer aux générations futures. Du moins est-il aisé, à la lumière de ce rapport, d'identifier ce sur quoi l'entreprise peut avoir un rôle. Prenons le cas d'une entreprise multinationale qui projette de s'installer en Chine, en Inde ou au Bangladesh. S'y implante-t-elle avec la volonté de bénéficier de coûts de main-d'oeuvre compétitifs par rapport à ceux des pays développés, et d'exploiter au maximum les faiblesses des systèmes sociaux ? Ou, au contraire, tirera-t-elle vers le haut les standards de l'un ou l'autre de ces pays ? Soit l'entreprise se livre à la prédation, soit elle atteste de sa responsabilité sociétale. C'est bien entendu cette dernière voie qu'il s'agit d'élargir. A l'opposé, se flatter de respecter la loi du pays tout en profitant du fait que ladite loi tolère que l'on puisse polluer davantage, c'est exploiter le moins-disant social et environnemental.

L'information, matière première de Vigeo

Déterminer l'éventail des critères ainsi que les principes qui président à l'évaluation a été un défi majeur lors de la création de Vigeo. D'autant plus qu'à l'époque on reprochait aux agences d'être un peu des "boîtes noires", faute de comprendre les systèmes d'analyse justifiant leurs opinions. Ayant perçu le gros enjeu que représentait la fiabilité, et à quel point la transparence était décisive, nous avons décidé que notre référentiel d'évaluation retiendrait ce qu'il y a de plus avancé et de plus explicite en matière de normes publiques internationales, qu'elles soient édictées par l'Organisation internationale du travail ou par l'OCDE, pour ne mentionner que ces deux sources, l'une et l'autre ayant énoncé à l'intention des entreprises certains principes qui visent à les rendre responsables dans la mondialisation.

L'information est notre matière première. Il faut reconnaître qu'elle était embryonnaire ou partielle au début des années 2000. Les entreprises n'avaient pas de système de reporting.Aujourd'hui, toutes n'en ont pas encore, mais le mouvement est lancé. Pour nous forger une opinion non partisane et crédible, nous nous sommes orientés vers d'autres sources d'information, auprès d'institutions professionnelles indépendantes, d'ONG, de syndicats, de parties prenantes. Nous ne prenons pas les opinions pour argent comptant, nous filtrons les informations d'ordre factuel, avérées. Pour l'évaluation, nous pratiquons une méthode structurée en sorte que deux analystes évaluant la même entreprise - dans des lieux différents - puissent émettre une opinion identique. C'est ce qui permet d'étudier la comparabilité de nos résultats entre les entreprises elles-mêmes.

Investissement responsable, de la relâche à la relance

Selon les secteurs, les pays, les domaines, les entreprises ne livrent pas la même quantité ni la même qualité d'information. L'une de nos études montre des différences par secteurs, par pays, qui apparaissent à l'intérieur des secteurs et des pays, mais aussi selon les entreprises. En France, même s'il y a du chemin à faire, de grandes entreprises témoignent d'une dynamique de progrès réelle. Certes, entre la mi-2008 et la mi-2009, nous avons connu une zone de turbulences. La priorité n'allait pas à la RSE, mais à l'attentisme des financiers, aux économies drastiques opérées par les entreprises. La parenthèse s'est refermée depuis.

Aujourd'hui, je suis frappée d'assister à la relance des concepts d'investissement responsable et de responsabilité sociale. Au sein des milieux académiques, dans la société civile, mais aussi dans les plans d'action des entreprises.