Initiative : Du houblon dans le cépage girondin

Et pourquoi pas une bière régionale dans le pays du vin ? Idée folle, inconscience ou réel challenge ? Pour Laurent Lefebvre, la réponse est toute trouvée : « je suis Belge et je suis né avec la bière ». Arrivé dans la région depuis quelques années, cet ancien responsable commercial dans l’embouteillage décide il y a six mois de tout plaquer pour réaliser sa passion : créer sa propre bière. « Je n’aurai jamais cru que j’allais brasser ma propre bière », s’enthousiasme ce jeune bruxellois de 29 ans. Sous son statut d’auto-entrepreneur, Laurent Lefebvre crée alors sa micro-brasserie. Dans quel endroit ? Chez lui, dans son garage de 35 m2. Au milieu des stocks de bouteilles et des commandes prêtes à être expédiées se trouve le cœur de son entreprise : une cuve sur mesure de 550 litres, fabriquée dans la région, qui pourra assurer une production de 4000 bouteilles par mois. « J’espère atteindre ce chiffre pour maintenir cette activité pérenne et ainsi faire vivre ma famille », analyse-t-il.
Une recette maison
Autour de lui, les éléments indispensables pour créer la boisson alcoolisée tant désirée : le malt d’une céréale bien sûr (ici l’orge), de l’eau (chauffée pour transformer l’amidon en sucre) et de la levure, qui va permettre la fermentation. Une recette qui ne serait pas tout à fait complète sans l’essentiel, à savoir le houblon ! Et devinez la provenance de cette fleur atypique ? « De Belgique », rétorque amusé Laurent Lefebvre, « mais aussi de la République Tchèque ». A l’heure du bio et du fait maison, le jeune bordelo-bruxellois veut convaincre les acteurs bordelais (restaurants, bar à vins et autres cavistes) de la qualité de son produit et, en bon commercial, affûte ses arguments.« On n’est pas sur des bières de soif comme la Kronenbourg, mais sur un produit de plaisir qui rassemble », précise-t-il. Et pour coller à la région et donner à sa bière blonde une image locale, Laurent Lefebvre a baptisé cette dernière l’Aliénor, personnage ô combien historique et emblématique pour les Aquitains. Même si l’idée n’est pas nouvelle, il n’en reste pas moins que ce genre d’initiatives, même si elles ne sont pas légions, mûrissent sur notre terroir, et lui donnent une nouvelle teinte ! •
Yannick Labordeé