Gerard Reve était l'érotique spirituel. Il est décédé en 2006.
Harry Mulisch était la deuxième guerre mondiale. Du moins c'est ainsi qu'il se décrivait.
La troisième composante du "Great Three" des auteurs Néerlandais depuis la seconde guerre mondiale, Harry Mulisch, est décédée samedi dernier à l'âge de 83 ans.
Il est si marqué intensémment par la guerre qu'il s'en réclamera la seule et unique voix de la littérature Néerlandaise.
Il termine des études interrompues par la guerre sur le tard comme tous les jeunes nés autour de 1925 et 1929.
Riche d'une réflexion historique, politique et philosophique d'une rare densité, son œuvre s'est imposée dès les années soixante sur l'échiquier littéraire néerlandais. Publié en 1961, De Zaak 40/61 n'appartient pas au registre de la fiction. Regroupant une série d'articles publiés dans le journal à l'occasion du procès Eichmann (l'architecte de l'holocauste) auquel Mulisch assiste à Jérusalem, le rapport de Mulisch offre un questionnement moral unique sur l'un des épisodes les plus sombres du XXe siècle.
Ce travail est si exhaustif et si lourd émotivement que Mulisch prendra 5 ans avant de publier à nouveau.
Devenu auteur culte en Hollande, il devient aussi l'auteur des Pays-Bas le plus traduit au monde.
Il publie un recueil d'histoires puis trois autres nouvelles avant de publier De Ontdekking van de Hemel en 1992. Best-seller aux Pays-Bas, ce roman éblouissant renoue avec les vieilles interrogations faustiennes en racontant pourquoi, au terme d'un siècle voué à la barbarie, Dieu décide soudain de rompre son alliance avec une humanité qui s'escrime à le renier. Le livre sera adapté en 2001 au cinéma par Jeroen Krabbé.
Il reçoit le Prijs der Nederlandse Letteren, la plus grande distinction littéraire germanique, en 1995.
En 2001, il publie sa dernière nouvelle, Siegfried.
Une sorte d'ambassadeur d'Amsterdam dont l'oeuvre brasse une culture impressionnante, un survivant qui n'a jamais cesser de traquer la part maudite de l'humanité nous as quitté samedi.