Agnès Maupré à choisi de prendre à contre-pied la classique histoire des mousquetaires en focalisant son attention sur un personnage secondaire. Une femme ambitieuse, libre, qui n’hésite pas à user de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut. Mais Milady est aussi une femme seule qui doute et qui souffre, se révélant au final à la fois fragile et vulnérable.
Le trait m’a rappelé celui du duo Kerascoët sur la série Miss pas touche. Le choix du lavis (technique picturale consistant à n'utiliser qu'une seule couleur diluée pour obtenir différentes intensités) permet une grande variation des niveaux de gris et donne aux aventures de Milady un coté clair/obscure très parlant. Avec ce portrait de femme en BD, comment ne pas penser à la magnifique biographie de Calamity Jane (Martha Jane Canary) mise en images par Matthieu Blanchin et Christian Perissin. Petit bémol toutefois au niveau du dessin, les décors urbains et les intérieurs manquent parfois de détails et de réalisme. Autre très gros soucis, les différentes représentations des chevaux sont tout simplement affreuses.
Mais ce ne sont là que quelques détails sans importance. La vie de l’espionne de Richelieu telle que l’a imaginée Agnès Maupré vaut vraiment le coup d’œil. Les femmes fatales qui ne se cantonnent pas au rôle de potiche ne sont pas légion en bande dessinée. Une chose est sûre, cette Milady de Winter tient plus de la Nana de Zola que de Bécassine. Le second et dernier tome est prévu l'année prochaine.
Milady de winter T1, d’Agnès Maupré, éditions Ankama, 2010. 134 pages. 14,90 euros.
L’info en plus : Agnès Maupré a réalisé l’adaptation en BD de quatre Contes du Chat Perché d’après Marcel Aymé. Deux volumes sont parus en 2008 aux éditions Gallimard dans la collection Fétiche.