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Paso Doble n°185 : L’Occident est une bougie qui se consume par ses extrémités

Publié le 03 novembre 2010 par Toreador

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Par Toréador | novembre 3, 2010

A las cinco de la manana…

T’es Obama ou thé citron ?

A l’heure où j’écris ces lignes, il est probable que la démocratie américaine est en train d’assister à l’émergence d’une coalition d’extrême droite (la nébuleuse du Tea Party) au sein de la vie politique américaine. Dans un système institutionnel où le bipartisme règne en maître, cette lame de fond ne doit pas être traitée à la légère, même si elle ne pourrait – comme le poujadisme – qu’être éphémère.

Barack Obama revit symétriquement ce qu’a connu Georges Bush : le rejet frontal et quasiment haineux d’une fraction de la population américaine. Le pays est coupé en deux et la partie qui n’a pas son candidat au pouvoir dénie à l’homme légitimement élu le droit de décider de l’avenir du pays.

Il n’y a pas que l’extrême droite des Etats-Unis qui s’épanouisse. Au même moment, l’extrême-gauche renoue avec une tradition terroriste qui avait disparu au cours des années 80, sur les pas de la bande à Baader. A Athènes, des terroristes du Dimanche s’en sont pris avec maladresse à une liste hétéroclite d’ambassades, allant de la Russie à la Suisse en passant par la France.

Romulus et Remus

Qu’il s’agisse d’extrême droite ou d’extrême gauche, et quel que soit le mode d’expression, il traduit la radicalisation d’une frange croissante des populations du monde Occidental et leur riposte affaiblie. Je dis affaiblie car le Tea-Party comme les Anarchistes grecs ne sont qu’une très pâle copie de ce que l’Occident a pu produire de plus terrible au siècle dernier. La question est : à quoi ripostent-ils ?

Appuyons nous sur l’Histoire.

L’exemple de l’anarcho-syndicalisme ou du bolchévisme le démontrent : l’extrême-gauche se radicalise lorsque les conditions de travail se tendent, en règle générale sur fond de blocage social dans la répartition d’une richesse croissante. Or, avec la fameuse « globalisation financière », on a reproduit à grande échelle le mécanisme d’exploitation de la fin du XIXème siècle en plus vicieux : une minorité détient 90% des actifs et, par des leviers divers (qui vont de la titrisation de la dette publique à la notation des obligations d’Etat en passant par la délocalisation compétitive) reporte le coût marginal de l’ouverture des marchés sur la majorité laborieuse. La différence tient que le prolétaire a disparu : lui a succédé le travailleur précaire. Quant au « grand patron », il n’habite plus au coin de l’Usine, dans la belle maison bourgeoise, mais aux Iles Caïman et surtout surtout n’a plus aucun lien de propriété avec l’outil de travail, ce qui fait qu’il n’est qu’un maître sans responsabilité.

L’exemple des croix-de-feu ou de l’Action française est quant à lui un précédent éclairant pour décrypter le retour de l’extrême droite en France, Italie, Allemagne, Pays-Bas et Suède. L’extrémisme de droite se nourrit du sentiment de déclin national, lui-même jumelé avec une forme de désorientation identitaire. La poussée migratoire venue du Sud, la coexistence religieuse difficile avec l’Islam, alimentent dans tous les pays la radicalisation rampante. Il n’est pas anodin que 20% des Américains soient convaincus que leur propre président est musulman.

La mondialisation est la mère de ce Romulus d’extrême-gauche et de ce Remus d’extrême-droite. Si l’Occident est saisi de vertige, c’est car il a initié un mouvement de libéralisation commerciale et économique dans lequel il est politiquement perdant. Seule une élite mobile et polyglotte surfe sur le tsunami social et identitaire que représente la connexion quasi-instantanée de zones au développement politique divergent.

Les raisons du déclin européen

Au sein de ce maëlstrom, l’Europe est particulièrement à plaindre car son développement politique est bancal : l’Union européenne est suffisamment forte pour empêcher les prises d’initiative en solitaire des Etats qui la composent, et qui permettrait aux meilleurs d’ouvrir la voie, puis par un mécanisme de compétition intra-communautaire de faire progresser l’ensemble. Jamais l’Espagne n’aurait financé Christophe Colomb avec la Commission dans le dos : on l’aurait traînée devant la CJCE pour avoir versé une subvention directe contraire au droit communautaire. Et ne parlons pas de la colonisation franco-britannique, manifeste évident d’un duopole symptôme d’un abus de position dominante.

En sens inverse, l’Union Européenne n’est pas assez forte pour peser d’un seul tenant dans les grandes négociations internationales.

En d’autres termes, l’Europe est trop molle dans ce qu’elle a de dur, et trop dur dans ce qu’elle a de mou. Du coup, elle ne contrôle plus une époque qu’elle a contribué à cimenter par sa propre réflexion intellectuelle. Plus inquiétant, la puissance qui émerge incarne justement cette dichotomie entre libéralisation économique et régression politique :

C’est la Chine.

Tags: extrême-droite, extrême-gauche, globalisation financière, Obama, Tea part

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