1er novembre oblige, les chiffres pour octobre des indicateurs avancés des 29 pays qui concourent à la réalisation de 90 % de la production industrielle mondiale ont été publiés avec 24 heures de décalage pour certains. Le message est au final cependant clair : le premier mois du dernier trimestre 2010 met un coup d'arrêt à la décélération depuis 5 mois de l'indice JPMorgan qui synthètise l'ensemble de ces différentes publications nationales sur la planète en ce qui concerne l'activité manufacturière (en noir ci-dessous)
La décélération très nette ces derniers mois de la production industrielle (en gris) est donc susceptible d'être stoppée au moins temporairement lors des prochaines publications (l'indicateur avancé de JP Morgan se base sur une enquête de 7500 directeurs d'achat du secteur manufacturier à travers la planète alors que la production industrielle vient conforter la tendance après coup via des chiffres réels ou 'en dur' de production sur le terrain dans chaque pays)
Les nouvelles commandes se redressent à 53,7 après 51,4 en septembre et le rythme d'embauches s'accélère à 52,9 contre 52,3 précédemment. Globalement, l'indice d'activité mondiale JPMorgan Global manufacturing PMI s'établit à 53,7 en hausse de 1,2 point par rapport au point bas de 14 mois atteint en septembre.
S'il est trop tôt pour savoir s'il s'agit d'un simple répit ou d'un changement d'orientation plus profond, les différentiels de développement tendent à s'élargir de manière constante. Le mouvement est tiré par le chiffre US d'hier, à un plus haut de 5 mois, et l'activité en Chine, au plus haut depuis 9 mois. Le royaume-Uni se redresse comme l'Inde alors que le Brésil et l'Australie déclinent tout comme Taïwan et la Corée du Sud. L'un des plus grands contrastes récents est constitué par des exportations en déclin ou légèrement stables en Asie mais en hausse de part et d'autre de l'Atlantique.
Enfin, le Japon confirme l'aggravation de sa situation de mois en mois avec une chute brutale des nouvelles commandes à un rythme plus vu depuis 1 an et demi et un indicateur global qui plonge dangereusement en zone de contraction (sous 50 ci-dessous - Source : Nomura/Markit)
Cette cartographie se superpose assez bien avec les évolutions récentes des devises même si cela n'explique pas tout. Le yen forme de nouveaux records à la hausse contre dollar depuis 15 ans mettant en difficulté une partie du secteur exportateur. La Banque du Japon vient d'ailleurs d'avancer d'une dizaine de jours la réunion de son comité de politique monétaire à jeudi et vendredi prochain pour s'adapter aux déclarations de la Fed d'ici demain soir même si officiellement elle n'a pas indiqué faire le lien avec ce grand rendez vous.
Concernant la zone euro, la croissance des nouvelles commandes à l'export atteint un plus haut de 3 mois (la hausse face au dollar est présente mais le mouvement est faible voire nul face à nombre de monnaies notamment en Asie). A l'exception de la Grèce, tous les pays sont en zone de croissance. En tête, les Pays-Bas.
Sur un plan global, la zone euro rompt avec le plus bas de 8 mois atteint en septembre à 53,7 avec un redressement à 54,6 le mois dernier. Là aussi, les pays se compartiment avec un groupe leader en croissance dit 'des 3 grands' (Allemagne-France-Italie) + Autriche-Pays-Bas (la courbe vert clair ci-dessous est erronée pour le tracé des Pays-Bas, le PMI manufacturier hollandais est à 55,4 après 52,9 selon le Nevi Netherlands Manuf. PMI) Un autre groupe se situe en zone de stabilité (Espagne-Irlande). La Grèce, totalement décrochée, s'enfonce en récession.
Source : Markit
→ Sur le front de l'emploi industriel, le différentiel dans les vitesses de progression est significatif avec 2 groupes de plus en plus distincts. La croissance est forte sur une ligne Amsterdam-Francfort-Vienne alors que le reste de l'Euroland 'boit toujours la tasse' sous la ligne de flottaison, l'emploi ayant toujours la plus grande peine à croître dans le secteur industriel des autres pays.
source : Markit