L’EFFICACITE DU DOUBLE ACCOUPLEMENT
Certains cuniculteurs d’expérience réaccouplaient toujours les femelles 6 à 8 heures après la première saillie. Ils considéraient qu'ils étaient davantage certains que les lapines saillies de cette façon étaient fécondées, et qu'ils avaient, comparativement, moins de perte dans leur cheptel.
Sachant que ces éleveurs originaux obtenaient dans leurs clapiers un taux de production très élevé, d’autres éleveurs mirent en pratique le système du double accouplement. Mais c'était tout de même curieux. Cela prouvait qu'une lapine n'aurait pas été fécondée si elle n'avait pas été réaccouplée ? Le problème semblait se diviser naturellement en deux parties :
Première partie:
Y avait-il quelque raison de penser qu'un second service, 6 à 8 heures après le premier, pouvait accomplir ce que le premier avait manqué de faire ? "Les Bases de la Reproduction ", par Léon F. Whitney, répondait à cette question par l'affirmative. Contrairement aux femelles de la plupart des espèces, la lapine n'a pas de période particulière de chaleur. C'est l'acte d'accouplement qui libère les ovules des follicules. Si, pour quelque raison, l'ovulation est retardée, le sperme mâle fourni par le premier accouplement peut avoir été dispersé ou ne pas avoir vécu suffisamment longtemps. Par conséquent, le sperme fourni au second service, 6 à 8 heures après, serait alors en mesure de féconder les ovules.
Deuxième partie:
Si les lapines étaient couvertes par un étalon, au premier service, et par un mâle différent au second, y aurait-il un nombre de portées comportant seulement des lapereaux engendrés par le second étalon ? Pour entreprendre ces contrôles (tests), il serait nécessaire d'accoupler chaque femelle à deux mâles qui engendreraient des lapereaux facilement reconnaissables afin que la question de paternité ne se pose pas.
Ainsi, par exemple, le Rex, accouplé au Rex, produit exclusivement du Rex. Le Rex, accouplé à des lapines normales, reconnues comme ne portant pas le facteur Rex récessif, produit seulement des lapins normaux. C'est une simple affaire que d'accoupler des lapines Rex d'abord à un Rex, puis 6 à 8 heures après à un étalon normal, ou vice‑versa. Puisque les jeunes pouvaient être reconnus à leurs moustaches, le Rex ayant les moustaches caractéristiques courtes et courbées, les lapereaux normaux des moustaches droites et plus longues, la paternité de tous les jeunes, même des mort-nés, pouvait être rapidement déterminée.
Sur ces bases furent entreprises des expérimentations. Les résultats furent iritéressants. Comme il était prévu, de loin le plus grand nombre de portées étaient composées de jeunes des deux géniteurs ; dans peu de portées tous les jeunes furent engendrés par les étalons employés pour le premier service ; un petit nombre de lapines ne conçurent pas, en dépit des doubles accouplements. Mais 18 % des portées nées pendant l'année furent engendrés par des étalons employés pour le second service, et par ces étalons seulement. Evidemment, les lapines de ce groupe n'auraient pas porté si elles n'avaient pas été réaccouplées.
Une analyse ultérieure montra que la majorité des portées contenant à la fois des jeunes Rex et des sujets normaux, était nées au printemps et en été, et que les portées engendrées par les étalons employés seulement pour le second accouplement étaient nées en automne et en hiver.
En dépit du travail supplémentaire qu'il comporte, le réaccouplement apparaît comme un habile procédé pratiquement obligatoire pendant l'automne et l'hiver, période pendant laquelle les difficultés de reproduction se manifestent le plus souvent.