A quelques jours du premier de ses trois tests matches de l'automne, le XV de France et son sélectionneur alimentent discussions voire polémiques, comme en témoignent les nombreux commentaires qui fleurissent sur les sites consacrés à la chose rugbystique ou tout simplement les articles d'une presse sportive prompte à relayer les propos mi-provocateurs, mi-désabusés de Guy Novès sur le sujet.
On aime ou on n'aime pas le coach Toulousain, mais force est de reconnaître que ce dernier pose souvent (toujours ?) de bonnes questions.
En l'occurrence, celui-ci s'interroge sur le choix des sélectionneurs de ne pas retenir Vincent Clerc ou Clément Poitrenaud au bénéfice d'un Fabrice Estébanez ou d'un Yoann Huget, vierges de toute sélection. Alors que les deux compères Haut-et-Garonnais flambent avec leur club, le comité de sélection a préféré appeler des novices, sur un motif discutable au regard des résultats sportifs des joueurs cités plus haut, celui de la forme du moment et du caractère décisif des prestations réalisées par les intéressés.
Discutable, car il n'est pas certain que le Briviste et le Bayonnais soient vraiment plus efficaces que les Toulousains. De la même manière, un Jonathan Wisniewski est-il supérieur à David Skréla ?
Cette dernière question conduit à exposer une problématique plus générale, celle des expériences que le staff tricolore continue de mener à moins d'un an du coup d'envoi de la prochaine coupe du monde. Alors qu'il reste peu d'occasions de frotter le groupe aux joutes internationales et que les rassemblements des joueurs du XV de France sont espacés et plutôt brefs en comparaison de ce qui se fait chez nos voisins, on est en droit de se demander si le choix d'appeler des novices ou quasi-novices est vraiment pertinent.
On rétorquera que les Blacks ont également profité des tests d'automne pour emmener en Europe des débutants, mais peut-on vraiment comparer les deux équipes ?
Dans un interview donné à Midol Mag, Aimé Jacquet fait part de son expérience à la tête de l'équipe de France de football et tente de tirer des conclusions valables pour son homologue du rugby. Il insiste sur la nécessité de pouvoir compter, suffisamment en amont, sur une ossature solide, qui peut autoriser des essais à la marge.
Il semble, au crédit des sélectionneurs du XV de France, que le squelette de l'équipe se dessine effectivement depuis plusieurs mois. Mais il reste encore beaucoup d'inconnues, en particulier s'agissant d'une équipe type. Un Sébastien Chabal, sélectionné jusqu'à présent en deuxième ligne, se retrouve aujourd'hui appelé en qualité de numéro huit. On peut aussi s'étonner de la présence d'Aurélien Rougerie, sélectionné au centre alors qu'il s'agit pour lui d'un poste relativement nouveau, et qu'il est loin d'y être le plus performant en France...
Même si, pour une grande majorité des sélectionnés, le choix des sélectionneurs n'appelle pas de contestation, on reste donc quelque peu dubitatif sur la portée des enseignements qui pourront être tirés de la série de tests de novembre. On sait que la préparation de l'immédiat avant-mondial sera primordiale pour figer et souder une équipe type. Mais il est dommage de ne pas décider, dès à présent, de prendre le risque de faire confiance à un groupe quel que soit l'état de forme du moment, état toujours relatif, comme a pu en témoigner la dernière journée du Top14, au cours de laquelle les soit-disant hommes en forme ont été largement dépassés par ceux dont on met en doute l'efficacité actuellement.
En donnant dès à présent les clés du camion à un groupe, fut-il quelque peu élargi, on permettrait à chacun de ses membres de se projeter et de se préparer en conséquence. Aussi, il est dommage que les "partants certains" pour la prochaine coupe du monde soient encore trop peu nombreux dans la liste de novembre...