J'ai lu
380 pages
Résumé:
David, 12 ans, est inconsolable depuis la mort de sa mère et se réfugie dans les livres pour fuir le remariage de son père. Un jour, il découvre un trou caché derrière les buissons au fond du jardin et se retrouve propulsé dans un monde de trolls, de loups, de créatures hybrides et autres personnages sortis tout droit de son imagination.
Mon commentaire:
Le livre des choses perdues est une sorte de réécriture des contes de fées les plus connus. Le petit personnage de David qui vit difficilement sa nouvelle famille depuis la mort de sa mère, se retrouve dans un autre monde en passant par un trou creusé dans le mur d'un jardin. Cet autre monde est à la fois fascinant et effrayant. David y retrouve ses peurs les plus secrètes, un mélange de ses contes préférés et de son imagination. Il devra affronter de grands dangers pour réussir à retourner chez lui.
Ce roman fantastique de John Connolly est une métaphore sur la vie. Son passage dans l'autre monde est une façon pour lui d'affronter ses peurs et ses angoisses et d'en sortir. C'est pourquoi ce monde parallèle au sien, issu de son imagination (et de celle de d'autres garçons comme lui) contient les personnages les plus terribles, les guerres les plus sanglantes, les gens les plus malhonnêtes, mais aussi des amis sur lesquels il peut compter pour l'aider à traverser les épreuves.
Sur plusieurs points, c'est un roman très intéressant. David a tout d'abord une belle relation avec les livres. Il les aime et adore lire. Les premières pages sont remplies de beaux passages sur les livres et la lecture. Le roman se déroule pendant la guerre, une guerre qui inquiète aussi David et qui transparait dans l'autre monde où c'est aussi la guerre. Une guerre fort différente, mais une guerre quand même. On peut s'amuser à transposer tout ce que vit David dans son passage dans l'autre monde. On y retrouve alors les personnages en miroir, qui incarnent ce qu'il y a de pire.
J'ai vraiment aimé cette lecture qui diffère beaucoup de ce à quoi je m'attendais au départ. Le livre des choses perdues est un roman qui marque et qui ne laisse pas indifférent. J'en ai même rêvé, la nuit! Les différents personnages créés par John Connolly restent longtemps en tête. La cruauté des Sires-loups, de l'Homme biscornu ou d'autres personnages, peut être comparée avec la cruauté des hommes. Je perçois, pour ma part, ce roman comme un livre sur la vie: les épreuves, l'apprentissage, la force, la sérénité. Le livre offre plusieurs pistes de réflexions sur la vie, sur nos choix, sur ce qui nous attend en vieillissant.
L'écriture de John Connolly est prenante. Si son interprétation des contes de fées de notre enfance est pour le moins tordue, l'histoire est envoûtante, difficile à abandonner. On s'attache à David, on se questionne comme lui, on a peur, on espère.
Je pense que c'est ce qui fait du Livre des choses perdues, un grand roman.
Quelques extraits:
"Avant de tomber malade, la mère de David lui répétait souvent que les histoires étaient vivantes. Pas vivantes comme peuvent l'être les gens, ou même les chiens ou les chats. [...] Les histoires sont différentes: elles se mettent à vivre dès qu'on les raconte." p.13
"Les histoires dans les livres détestent les histoires dans les journaux, disait la mère de David. Les nouvelles des journaux sont comme des poissons qui viennent d'être pêchés: elles sont intéressantes tant qu'elles sont fraîches, c'est-à-dire jamais très longtemps. Elles sont tapageuses et insistantes, comme ces vendeurs à la criée de l'édition du soi, alors que les histoires - les vraies histoires, celles qui sont inventées - ressemblent à des bibliothécaires sévères mais serviable officiant dans des salles de lecture aux rayonnages bien garnis. Les histoires des journaux sont aussi volatiles que la fumée, aussi périssables qu'éphémères. Elles ne s'enracinent nulle part, ce sont de mauvaises herbes proliférant sur le sol, cachant le soleil à des contes autrement plus dignes d'intérêt." p.20
"Ce soir-là, alors que David se trouvait dans sa chambre, les bruits des livres se mêlèrent aux murmures dans sa tête. David dut planquer son oreiller sur son visage pour étouffer leurs bavardages tandis que les histoires les plus anciennes sortaient de leur sommeil immémorial et partaient à la recherche d'endroits où s'enraciner." p.30