Suite de Voyage au bout de la nuit.
Il y a une pause dans la chute de Bardamu, qu’on a vue un peu partout et notamment ici. Après l'affaire Henrouille, quand les projets mortifères de Robinson se retournent contre lui, quand le pétard destiné à tuer la vieille Henrouille éclate devant son visage et le rend aveugle, rend aveugle Robinson, donc, Bardamu renonce à la médecine et devient figurant.
Vous vous souvenez? Il habite dans un hôtel, sans chez-soi, sans obligations, sinon celle de se rendre au Tarapout, le cinéma où on donne des ballets pendant les préludes et les entractes. Là, entouré de girls anglaises qui lèvent gentiment la jambe, il figure un pacha, un prince, un aviateur, un policeman. Presque rien à faire. Entouré de beautés. Des danseuses! Quel bonheur!
Et pour se distraire, il y a le monde de la prostitution. C'est là qu'il fait la connaissance de Pomone le maquereau et qu'il s'initie aux vices des autres, délires, masochismes, flagellants, « genre gouvernante ».
Mais les meilleures choses n'ont qu'un temps.
« C'est pas bien long avant de tourner à la corvée les amusettes. On l'a bien été chassés du Paradis! Ça on peut bien le dire! »
C’est l'arrivée de Tania la Polonaise dans la troupe, qui marque la fin de l’interlude. Le cafard, la misère, la mort reviennent, et le besoin de fuite pour échapper à tout ça. Une fabuleuse danse macabre se fait dans Montmartre, morts connus, inconnus, anonymes ou historiques...
C'est le moteur du Voyage, la mort. On passe sa vie à mourir, dit Céline.
Son roman en est la démonstration.