Remise, fin octobre, d'un court rapport de l'Académie des Sciences concluant sans ambiguïté d'une part à la réalité du réchauffement climatique, d'autre part au rôle de la concentration en CO2 dans ce phénomène, dû "incontestablement" aux activités humaines. Ce rapport, affirmant aussi que le rôle du soleil n'est pas un facteur dominant, peut apparaître comme une victoire dans le combat qui oppose depuis des années les pro et les anti "réchauffistes".
Je préfère, pour ma part, envisager cet événement en prenant du recul. Il faut le replacer dans la genèse de cette idée de "réchauffement climatique". Celle-ci a émergé lentement au cours des deux dernières décennies du XXème siècle. Elle a rencontré de formidables oppositions et pourtant, n'a cessé d'avancer et de progresser. Ces oppositions étaient fortes dans le milieu des médias, des intellectuels ayant pignon sur rue, et dans le grand public.
Toutes les thèses anti-réchauffement, anti-GIEC se sont exprimés, dominant le concert médiatique où les pro-réchauffement avaient bien du mal à se faire entendre. Les livres des "anti" étaient souvent des succès éditoriaux, les sites internet défendant l'"idéologie" ou la partialité du GIEC multipliaient leurs audiences. Les médias ont relayé la tromperie supposée sur les chiffres du GIEC, ils ont beaucoup moins parlé des magouilles dans "anti".
Pourtant, malgré l'écrasante supériorité numérique des "anti", on s'achemine vers une victoire des "réchauffistes". Cette évolution étonnante s'explique par deux raisons:
-dans le domaine de la vérité, la supériorité des uns ne suffit pas pour gagner. Les faits reviennent, têtus, imposer le perdant sur le podium.
-il faut en définitive retourner le problème : pourquoi les "anti" ont-ils été si puissants? C'est parce que la thèse du réchauffement anthropique était si difficile à admettre pour nous que nous l'avons massivement refusée. Elle remet en cause nos modes de vie, elle est une idée inquiétante pour notre avenir. La lutte s'est donc organisé contre elle. Dans le système médiatique, il était préférable de titrer sur les événements qui semblaient donner raison aux "anti". Nos contemporains angoissés se précipitent alors pour acheter des arguments qui les rassurent.
Le système alors s'emballe car les intérêts mercantiles rejoignent ceux des "anti". Si on veut être lu, il faut suivre le mouvement et aller dans le sens majoritaire. Si on veut continuer nos activités économiques du XXéme siècle, il faut que rien ne change.
Le système médiatique favorise le phénomène fonctionnant par coup médiatique et donc par à-coups, par des "évènements" tous "définitifs", clos sur eux-même, chaque citoyen a donc du mal à se faire une idée globale du problème. Il ne voit pas les incohérences des uns et, à contrario, la cohérence des autres. Dans le grand bazar médiatique, il ne perçoit et n'entend que les faits ponctuels qui le rassure.
Qu'en restera-il en définitive? Pendant 10 ou 15 ans, l'évidence a eu bien du mal à s'imposer. Elle a été retardée, retardant d'autant la nécessité de prendre des mesures, l'évidence du changement d'époque et de raisonnement. Elle a permis aux conservatismes de perdurer alors que la planète bouge et qu'il faut analyser avec pertinence ses évolutions pour pouvoir, énergiquement, s'y adapter.
Certains auront su, par contre, se faire mousser et arrondir leur fin de mois, sur le dos de la vérité. On espère que l'histoire les oubliera.