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Appel du 18 juin 1940 : Un autre «oui» au Général de Gaulle

Publié le 02 novembre 2010 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Mardi, 02 Novembre 2010 10:41

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Le 70ème anniversaire de la France libre a été célébré le 27 octobre dernier à Yaoundé en présence d'une des petites filles de l'homme d'Etat français.
Côté température, la journée du 27 octobre dernier fut digne d'une journée de mois d'octobre. Grand soleil en matinée et en mi journée, pluie dans l'après midi et la soirée. Pour autant, ce fut une journée marathon pour toutes les personnalités impliquées dans la célébration, le même jour, du 70ème anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle.
Il s'agissait en fait de la suite de la célébration de cet anniversaire, après les festivités de Paris et de Londres de juin dernier. Les autorités françaises, soucieuses d'associer à cette célébration les pays qui naguère constituaient l'empire français, avaient alors décidé d'organiser une fête «itinérante» à travers les capitales de ces pays. La délégation constituée à cet effet avait commencé son périple africain par Ndjamena au Tchad.

Le 27 octobre dernier, c'était autour du Cameroun, de se souvenir de son engagement auprès du principal artisan de la France Libre, le Général de Gaulle.
De fait, la journée se déroule en deux principaux tableaux. D'abord celui de la matinée, qui se déroule, place Monument Leclerc. Pour une cérémonie placée sous le signe du «devoir de mémoire», difficile d'imaginer, au cœur de la capitale camerounaise, lieu plus emblématique.
Au moins du fait de la stature et du rôle historique que joua l'homme à qui ce monument fut dédié.
Après son discours du 18 juin 1940 à la radio de Londres dans lequel il appelle les français à la résistance, le Général de Gaulle se rend très vite à l'évidence de son isolement. Il lui faut des «Missi domici» pour porter son message de résistance et d'espoir au-delà des frontières anglaises, et notamment dans les territoires de l'empire français, sur lequel il fondait beaucoup d'espoirs.

Ferveur populaire
Le Maréchal Leclerc, alors colonel, est envoyé au Cameroun avec une mission principale : Obtenir le ralliement de ce territoire qui avait déjà manifesté son indignation dès la signature de l'armistice par le pouvoir pétainiste. Mission dont il s'acquitte avec efficacité. Le 27 août 1940, à Douala, l'officier français déclare le Cameroun «autonome politiquement et économiquement» avant de prendre, au nom du Général Leclerc, le poste de commissaire général. Informé de ce succès, de Gaulle, demeure quelque peu réservé. Le Général français venait de connaître un revers à Dakar, au Sénégal, où des français proches du gouvernement pétainiste, lui ont réservé un accueil peu chaleureux, pour dire le moins. Il avait certes le ralliement des autorités de Yaoundé. Avait-il seulement le cœur de la population?
Question centrale pour ce dirigeant alors réputé pour être particulièrement attentif à l'opinion publique. Arrivé à Douala le 08 octobre 1940 à bord de l' «Aviso commandant Duboc», c'est à la ferveur populaire qui accompagna son arrivée, qu'il mesura la réussite de son «envoyé spécial». Il écrira dans ses mémoires, que cet épisode fut l'un des deux plus grands bonheurs de toute sa vie de dirigeant.

En 1953, c'est le Général de Gaulle lui-même qui inaugura le monument dédié au Maréchal Leclerc, scellant ainsi, sur le béton de cet édifice, leurs deux destins. Le 27 octobre dernier, ce sont les destins de deux de leurs descendants qui se sont croisés au pied de ce monument à Yaoundé. Anne de Larouillière, petite fille de de Gaulle, et Charles Leclerc Hautecloque, fils du Maréchal.
Et c'est avec une émotion non feinte que ces deux «héritiers» se sont inclinés, pour la première fois de leurs vies devant cet édifice chargé d'histoire. A plus d'un titre, cette histoire était aussi la leur. Elle leur parlait. Certainement par la voix de leurs glorieux ascendants. Elle leur disait les meurtrissures et les sacrifices des milliers de soldats camerounais, engagés aux côtés des alliés, dont beaucoup ne revinrent pas des différents «fronts» d'Italie, d'Allemagne, de France...

N'eurent-ils pas l'ouïe assez fine et assez d'initiation pour entendre le message de leurs parent et grand-parent, qu'il y avait sous leurs yeux, des témoins vivants de ces batailles, pour les leurs compter, souvent par le menu, malgré le poids des ans. L'onacam, l'Office national des anciens combattants, avait réussi le tour de force d'amener à cette cérémonie, six de ces anciens combattants.
Entre autres, l'ex sous officier du génie militaire, Dagobert Adamou Anwal, 80 ans aujourd'hui, l'ex caporal chef Paul Gwater, 87 ans. Ce dernier indique avoir bataillé aux côté du Général de Gaulle lui-même. Il fallait donc le voir, racontant ces «moments inoubliables». Il fallait surtout voir l'intérêt que lui portaient tous ses interlocuteurs, écoutant avec entrain ces récits.
Beaucoup d'émotion donc au monument Leclerc, au point de faire oublier qu'il s'agissait avant tout d'une cérémonie de prise d'armes franco-camerounaise, présidée par le ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso. Une cérémonie conduite dans la pure tradition militaire, en présence du ministre délégué chargé de la défense, de son secrétaire d'Etat, des officiers généraux des armées camerounaise, des 200 membres de la délégation française...Avec salut aux couleurs, levée des couleurs, hymnes nationaux des deux pays...le tout magistralement exécuté par la compagnie musique principale des armées.

Mondanité
Le second tableau quant à lui s'est déroulé sous les allures de soirée mondaine, à l'ambassade de France au Cameroun. Diplomates, Membres du gouvernement et assimilés, officiers généraux, personnalités de la société civile, universitaires...s'y sont donnés rendez-vous pour «conclure» cette journée du souvenir. Car entre temps, une première réception, plus légère et plus brève, avait été offerte par la Fondation Charles de Gaulle, au Hilton Hotel de Yaoundé. La grande salle de réception de la représentation diplomatique française au Cameroun s'était comme de coutume, parée de ses plus beaux atours, et mise en mode «de Gaulle». Une vingtaine de tableaux, disposés aux angles de la salle, y retraçait en effet la vie du général français. Et lorsque la fanfare de la 9ème brigade légère de la Marine française s'est mise à dérouler son répertoire de chants, ce sont des centaines de personnes qui se sont prises à croire que l'homme d'Etat français n'était pas si loin que cela.

Cette soirée fut donc mondaine. Mais aussi officielle à travers notamment les deux allocutions prononcées tour à tour par l'Ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, et Antoine Dupont Fauville, le chef de la délégation française. Les deux orateurs avaient à cœur de préciser que cette célébration était loin de répondre à un accès de nostalgie pour la période commémorée. Mais qu'elle procédait davantage d'une volonté de la France, de se souvenir avec responsabilité de ces combats menés conjointement avec le Cameroun et les Camerounais, et de leur dire une fois de plus «merci».
Merci par la parole, mais aussi par les actes. La fondation de Gaulle, qui constituait le gros des effectifs de la délégation française, n'annonçait-elle pas déjà que chaque année, durant les trois prochaines années, deux lycéens camerounais seront amenés à poursuivre leur scolarité en France, à ses frais. Les modalités de choix de ces «lauréats» n'ont pas été définies le 27 octobre dernier. Mais il s'agit d'ores et déjà, de l'annonce d'heureuses perspectives pour celles et ceux qui en bénéficieront et d'un précieux premier pas concret dans le sens du «merci» par les actes. Car en la matière, le plus important est souvent de commencer.


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