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Esstic : Qu’as-tu fait de tes 40 ans ?

Publié le 02 novembre 2010 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Mardi, 02 Novembre 2010 11:25

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Retour sur les différentes vies d'un établissement qui a fait les beaux jours de plusieurs journalistes et médias africains.
Dans l'amphi 200 de l'Ecole de supérieure des sciences et techniques de l'information et de la communication (Esstic) en ce vendredi 29 octobre, les jeunes étudiants ainsi que le public, venus assister à la rentrée académique 2010-2011 et au lancement du 40ème anniversaire de l'existence de cette école, sont subjugués par la présence au mètre carré du nombre de voix, de visages et de plumes qui ont jadis captivé leur attention.
Certains, à l'instar de Daniel Anicet Noah, Augustin Charles Mbia, Emmanuel Mbede, Marc Joseph Omgba, Marie-Rose Nzie, Paul Célestin Ndembiyembe, Tjade Eone et bien d'autres, devenus enseignants dans «leur école», font partie du décor. L'attention des uns et des autres est plus attirée par un visage pas très connu, mais dont le nom et la voix rappellent bien des souvenirs : Joseph Marcel Ndi. Produit de la première promotion de l'Ecole supérieure internationale de journalisme de Yaoundé (Esijy), il fait partie, avec d'autres comme Peter Mabu, Antoine Lobé, Blaise Moussa ou encore Mve Mintsa, des derniers rescapés de la première promotion de l'Esijy.

Aussi pour cette icône, 40 ans après sa création, le visage qu'affiche l'école aujourd'hui témoigne de sa vitalité. «Si je m'en tiens au nombre de 800 étudiants admis en formation aujourd'hui en comparaison aux 35 que nous étions au départ, c'est la preuve qu'il y a un engouement pour cette école qui a donné l'Afrique ses premiers véritables journalistes», témoigne le vétéran. Au fil des années pourtant, l'institution a subi plusieurs mutations.
On est ainsi passé de l'école de journalisme à une école qui forme désormais aux métiers de la communication. Un virage qui n'a pas toujours été pas du goût de certains puristes y compris de son fondateur Hervé Bourges, qui a souvent souhaité que la formation des journalistes soit l'unique centre d'intérêt de l'école. «Le journalisme reste malgré tout la filière locomotive de l'Esstic malgré l'ouverture aux autres métiers de la communication», souligne Augustin Charles Mbia.

Pour lui, le réaménagement organique de l'établissement a contribué «au renforcement de la capacité des infrastructures, du corps enseignant et des enseignements dispensés à l'école.» Si certains produits de l'école issus de la jeune génération pensent que les évolutions liées à cette migration ont plutôt conduit l'école à s'égarer de ses engagements académiques de départ, Marc Joseph Omgba pense que celles-ci tiennent à la nouvelle configuration du paysage universitaire. «On est passé d'une école qui formait spécialement aux métiers du journalisme à une école de communication ; avec ce passage, on a tenu compte de notre ancrage au sein de l'université. Du coup, la formation académique a pris de l'ampleur, et on a créé des départements pour toutes les filières représentées à l'Esstic», explique l'enseignant issu de la deuxième promotion de l'Esijy. Une option qui, pour Daniel Anicet Noah, a permis d'occuper les terrains de la communication restés inexplorés, sans mettre le journalisme en concurrence avec les autres filières. «Le spectre d'emprise de la communication est très important ; il fallait pas que l'Esstic saisisse ces terrains de la communication en création pour finir avec des formations par pontes», explique le journaliste.

Système LMD
Si Joseph Marcel Ndi salue les bienfaits de l'ouverture de l'école qui permet aujourd'hui de disposer d'un vivier de compétences avérées en communication, certains enseignants et même des étudiants, estiment que celle-ci a contribué à dégrader la valeur des produits issus de cette école. Pour ces derniers, le surdosage des enseignements d'ordre général sur les enseignements professionnels dilue la qualité finale des produits. «Dans le passé ça l'a peut-être été ; mais actuellement avec le passage au système LMD, le volume des enseignements professionnels est à la hausse et cela se ressent au niveau des unités d'enseignement», soutient Augustin Charles Mbia.
Parlant de la qualité des produits de l'Esstic, Marc Joseph Omgba indique qu'il y a continuité dans tous les sens, malgré quelques défaillances observées dans la disponibilité des outils professionnels.

«Il est difficile de rénover les outils professionnels suivant notre volonté ; le retard à ce niveau se rattrape progressivement mais il faut dire que la façon dont nous faisions le journalisme avant n'a rien à voir avec ce qui se fait aujourd'hui. A notre époque le règne du parti unique nous imposait le journalisme institutionnel alors qu'aujourd'hui la pluralité amène les journalistes à prendre davantage d'initiatives», souligne l'ancien directeur de l'Esstic.
40 ans après l'Esijy, les outrages du temps ont infligé une humiliation au visage de la vieille dame. Un affront lavé par la remise à niveau des studios écoles, l'ouverture d'une radio au sein de l'école et bientôt d'une chaîne de télévision. De l'Esijy à l'Esstic en passant par l'Essti, plusieurs générations d'hommes de médias ont émerveillé l'audimat de leurs voix, leurs plumes et leur tenue à l'écran.

Joseph Marcel Ndi : La caution de la maturité

Si la première promotion de l'Esijy est longtemps restée dans l'ombre, le présentateur attitré du journal de 13H à radio Cameroun, devenu quelques années plus tard le tout premier directeur de l'information de la Crtv, trouve que la reconnaissance, bien qu'elle arrive un peu tard, témoigne de la place des icônes dans le milieu médiatique. Parrain de la 40ème promotion de l'Esstic, Joseph Marcel Ndi pense que l'éclipse de la promotion des journalistes formés à l'Esijy tient aux balbutiements du journalisme à ses premières heures. « L'Esijy de Yaoundé, plus tard le Cessti de Dakar, formaient les pionniers de la profession ; les aînés qu'on trouvait à la radio pensaient qu'on était encore trop jeune pour nous confier des responsabilités», se souvient-il.

Entré à l'école en 1970 lors de sa création, celui qui aura été des voyages de l'ex-président de la République Ahmadou Ahidjo et de Paul Biya jusqu'en 1986, parle encore avec passion de ces années qu'il a passées à la radio de 1973 à 1990, année où il quitte la Crtv alors qu'il est directeur de l'information. Après avoir pratiqué le métier, il rentre dans l'enseignement et se met au service de la transmission de ses deux décennies d'expérience à l'Essti de 1990 à 1999. Avec un détour en 1994 à la cellule de la communication du ministère des Travaux publics. «J'ai commencé par des chiens écrasés et des flashes à la radio sous la direction de Henri Bandolo et de Jean Vincent Tchienehom ; ensuite j'ai été affecté à la sous-direction des nouvelles, puis rédacteur en chef adjoint en 1975, rédacteur en chef et sous-directeur des nouvelles de 1977 à 1986», se souvient celui qui a créé Actualité hebdo à la télévision.
A 63 ans, l'ancien directeur du journal officiel de la République du Cameroun continue de garder un œil sur le paysage médiatique. «Il y a beaucoup de francs tireurs aujourd'hui dans le métier qui ne respectent pas les canons du métier ; ce qui incombe au manque de formation de certains journalistes», souligne le parrain de la 40ème promotion de l'Esstic.


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