L'expo Kertèsz qui a lieu au musée du Jeu de Paume à Paris est intéressante à plus d'un titre. D'abord parce qu'elle présente l'oeuvre d'un véritable artiste qui se vivait comme tel et ne cherchait pas à tricher avec les enjeux de son art: le hongrois n'est ni un sociologue, ni le poète d'une époque, encore moins un artiste engagé. Kertèsz cherche avant tout à exprimer quand il shoote un état d'âme, ce qu'il ressent...L'objet photographié est dans ses sens. C'est un artiste qui impose une vision intérieure plus que centrée sur le référent, même si en retour ce référent lui envoie un supplément d'âme. Ainsi , il n'a pas besoin de se livrer à une traque éperdue du réel. Ainsi, ne cherche-t-il pas à truquer ce même réel au moyen de nouveaux moyens techniques (même s'il adorait pratiquer les nouveaux téléobjectifs ou autre polaroid). Kertèsz est avant tout un traducteur d'états d'âmes (le siens ) à travers ce qu'il cadre dans une nécessité qui ne regarde que lui. Sa série de cheminées est ainsi peuplée de fantômes improbables qui inventent des peuples de lutins sur les toits de sa propre mélancolie. On les préfère volontiers comme on préfère ses vues de New York aux fameuses "distorsions" qui ont pourtant fait son succès populaire et intellectuel. Roland Barthe qui avait vu dans ces images quelque chose de l'ordre de l'induction plus que de la déduction avait sans doute raison que l'on songe à son "Nuage égaré" ou encore à "La Martinique" chef d'oeuvre d'abstraction qui mélange et dose les gris avec la virtuosité d'un peintre abstrait.
André Kertèsz
MUSÉE DU JEU DE PAUME / TUILERIES JUSQU'AU 6 FEVRIER 2011
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble