Rencontre avec Lionel Meunier, directeur artistique de l'ensemble Vox Luminis

Publié le 01 novembre 2010 par Jeanchristophepucek

Il y a quelques mois paraissait, chez Ricercar, le deuxième disque de l’ensemble Vox Luminis, consacré aux Sacrae Cantiones de Samuel Scheidt (chroniqué ici et ), dont l’accueil critique est aussi enthousiaste que celui réservé au premier, dédié à des œuvres sacrées de Domenico Scarlatti. Ce succès apporte la confirmation du talent d’un jeune groupe de chanteurs et de musiciens promis, sans nul doute, à un bel avenir. Lionel Meunier, qui en assure la direction artistique et y chante, a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Je l’en remercie chaleureusement.


Jean-Christophe Puček : Lionel Meunier, Vox Luminis est encore un jeune ensemble, bien qu’il en soit à son deuxième enregistrement. Pouvez-vous nous parler brièvement des circonstances qui ont conduit à sa création et nous décrire votre propre parcours ?

Lionel Meunier : J’ai créé Vox Luminis en 2004, à la fin de mes études de flûte à bec à l’IMEP (Institut supérieur de Musique et de Pédagogie) de Namur, avec l’un de mes meilleurs amis, le pianiste Francis Penning. A cette époque, il n’était pas prévu que j’en assumerai la direction artistique, c’est une décision qui est venue de l’ensemble, qui aimait ma manière de travailler et voyait que je donnais tout pour lui, car c’est un peu mon bébé. L’idée de fonder un ensemble est venue de plusieurs éléments, tout d’abord de mon amour pour la voix et la musique ancienne, mais aussi de l’expérience que j’ai eue au sein du Chœur Mondial des Jeunes ; la force que des musiciens et chanteurs d’une même génération peuvent avoir ensemble sur scène m’a vraiment impressionné, car ils se comprennent, vivent simultanément des choses similaires (nous étions tous étudiants à l’époque), ont la même énergie de la jeunesse et la joie d’être sur scène. Mais surtout, et c’était là mon idée première, je trouve que regrouper des voix assez proches en âge permet un mariage de couleurs, une cohésion dans le son de l’ensemble que je ne cesse d’aimer et qui évolue, qui plus est, d’une manière formidable, car nous arrivons tous tout doucement à la maturité de nos voix, ce qui n’était pas le cas il y a 6 ans. De mon côté, j’ai poursuivi mon cursus après mon diplôme de flûte à bec avec des études de chant au Conservatoire royal de La Haye, lieu incroyable d’apprentissage mais aussi de rencontres. Dans le même temps, j’ai fait un nombre incalculable de productions avec de nombreux chefs, ce qui m’a permis de me forger en tant que musicien, même si rien n’est figé et que je ne cesse de rechercher et d’évoluer dans mon approche de la musique.

J.-C.P : Dans l’actuel paysage de la musique baroque, où le goût du public est majoritairement tourné vers l’opéra, tendance largement encouragée par les médias, n’est-il pas un peu périlleux de chercher à explorer avant tout la musique sacrée et le madrigal des XVIe et XVIIe siècles, d’un abord réputé plus difficile ? Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à choisir cette voie moins évidente ?

L.M : Je dois avouer que je n’avais pas vu les choses sous cet angle, l’innocence ou l’enthousiasme de la jeunesse, sans doute ! Cette musique me passionne et je voulais simplement la chanter de la plus belle des manières, explorer ce répertoire avec des gens que je pouvais choisir pour leurs qualités humaines et vocales, en particulier la couleur de leur voix, car j’avais une idée du son de l’ensemble avant même d’avoir les chanteurs. Je les ai donc presque choisis un par un à partir du deuxième concert pour compléter une base qui existait depuis le premier concert de l’ensemble. Presque tous les chanteurs sont les mêmes depuis 5 ou 6 ans, nous nous connaissons donc très bien et cette complicité plaît beaucoup au public. Elle permet, en outre, de reproduire des conditions proches de celles des époques que nous abordons (bien évidemment avec des nuances, notamment sur la diversité du répertoire abordé), car les musiciens/chanteurs se connaissaient et avaient l’habitude de chanter ensemble, et lorsqu’ils recevaient une nouvelle pièce, ils pouvaient donc se concentrer principalement sur l’interprétation. C’est cette unité que je tente de retrouver ; nous n’acceptons jamais un concert si nous devons utiliser plus d’un nouveau chanteur. Cette ligne peut sembler dure à tenir, mais c’est elle qui créé la cohésion de l’ensemble ainsi que la confiance des organisateurs et du public. Effectivement, nos programmes sont certainement moins tape à l’œil qu’un opéra de Monteverdi, cependant il y a un public demandeur, notamment dans la multitude des festivals français. Et nous abordons également la première partie de XVIIIe siècle avec Domenico Scarlatti ou Jean-Sébastien Bach.

J.-C.P : Le Stabat mater de Domenico Scarlatti, cœur de votre premier disque, est maintenant assez connu et enregistré. En revanche, votre enregistrement des Sacrae Cantiones de Scheidt donne à entendre une musique peu fréquentée, voire inédite. Comment choisissez-vous le répertoire que vous interprétez ? Le travail de recherche tient-il une place importante dans vos activités ? Quel équilibre entre partitions célèbres et oubliées souhaitez-vous atteindre dans l’évolution du travail de l’ensemble ?

L.M : J’imagine que beaucoup de musiciens se posent ces questions et je pense que personne n’a de recette magique, spécialement lorsqu’il s’agit d’un nouvel ensemble. Le tout, à mon avis, est une question d’équilibre. J’ai créé Vox Luminis tout spécialement pour chanter le Stabat Mater de Scarlatti qui est une œuvre qui me fascine depuis bientôt dix ans, comme les Musikalische Exequien de Schütz, les Israelis Brünnelein de Schein, la musique sacrée de Monteverdi, les Lagrime di San Pietro de Lassus, et tant d’autres. Je choisis un répertoire qui convient à notre effectif d’un chanteur par voix, il n’y a donc pas de danger de nous voir chanter un jour des choses comme le Messie de Haendel. Concernant les Sacrae Cantiones de Scheidt, c’est une suggestion de Jérôme Lejeune, qui m’a apporté un jour des dizaines et des dizaines de partitions et me disant qu’il y a avait quelque chose à en faire ; une heure après, la décision était prise d’enregistrer Scheidt et de différer d’une bonne année mes envies de faire un CD Schütz. Le travail de recherche prend de plus en plus de place dans ma vie, notamment à la Bibliothèque royale de La Haye, où je retourne souvent, mais aussi grâce à Internet, aux nombreuses lectures et écoutes de disques que je fais, ou encore aux conseils d’amis, de connaissances, de collègues, comme dans le cas de Scheidt avec Jérôme. J’essaie, en tout cas, qu’il y ait toujours des découvertes (des pièces moins connues ou inédites) dans tous nos programmes de concerts et de disques, même lorsque l’on aborde des pièces connues comme le Stabat Mater de Scarlatti, et, en général, les directeurs de festivals aiment beaucoup cette approche. Dans tous les cas, je veux que l’on chante de la musique intéressante, qu’elle soit connue ou inédite, afin d’attirer à la fois le public qui vient écouter des pièces connues mais aussi celui qui est en quête de découverte.

J.-C.P : Vos enregistrements permettent de percevoir un groupe que semble animer un véritable esprit d’équipe, bien que chacun des chanteurs mène, en parallèle, sa propre carrière. Comment le travail se déroule-t-il au sein de Vox Luminis ? Les différents membres de l’ensemble sont-ils associés à l’élaboration des projets, aux choix esthétiques et artistiques ?

L.M : Après des exercices de démocratie totale qui ont pu être tumultueux il y a quelques années, nous avons désormais trouvé notre vitesse de croisière. Depuis que j’assume la direction artistique, je mène les répétitions, mais je ne dirige pas comme le fait un chef « moderne » car je ne pense pas que la musique que nous faisons a besoin de ça. Je dirige de l’intérieur et, sur ce point, moins j’en ai à faire, plus je suis heureux, car cela veut dire qu’il y a une belle cohésion et que le travail en amont a été bien fait. Je décide des programmes, des chanteurs, de la distribution, et j’étudie soigneusement les partitions pour avoir une idée assez précise d’où je veux aller. Cependant, je suis constamment à l’écoute des autres membres quand ils ont des suggestions au niveau de l’interprétation, mais aussi des programmes, car quelqu’un doit bien, à un moment ou à un autre, faire des remarques sur la manière dont je chante, mais aussi parce qu’une seule personne ne détient pas la vérité absolue. J’ai évidemment une opinion assez tranchée et prends la décision quand il y des désaccords, mais il m’arrive aussi de changer d’avis après un débat ou en écoutant la manière dont certains chantent la pièce lors de la première lecture ; que chacun ait la sensation qu’il peut apporter quelque chose est excellent pour entretenir l’esprit d’équipe. De plus, j’ai choisi des chanteurs qui mènent effectivement une carrière en parallèle, mais surtout qui sont intéressés par l’aventure de Vox Luminis et le fait de construire quelque chose dans la durée. Le fait que les chanteurs ne se sentent pas menacés de ne plus être invités dans l’ensemble permet également de travailler en toute sérénité et d’entretenir cet esprit d’équipe. Je suis, en quelque sorte, à la fois le sélectionneur, l’entraîneur, et le capitaine d’une équipe dont je m’efforce, comme au football, d’obtenir le meilleur en recherchant la plus parfaite alchimie entre les individualités qui la composent.

J.-C.P : Lorsque l’on écoute vos deux disques, on est frappé par la cohésion et la lisibilité d’ensemble que vous obtenez des chanteurs. Le rendu sonore est, en effet, très homogène, mais il préserve également les couleurs individuelles de chaque voix. Comment parvenez-vous à obtenir ce subtil équilibre entre groupe et individualités ? Avez-vous des modèles en matière de direction vocale ? Le fait que vous soyez vous-même chanteur facilite-t-il les choses ?

L.M : Plusieurs choses permettent ce rendu sonore et l’une des plus importantes se situe au niveau du choix des chanteurs. Je sélectionne des voix qui à la fois se fondent dans l’ensemble mais aussi apportent de nouvelles couleurs, de nouvelles harmoniques et donc l’enrichissent. Je souhaite que chaque chanteur chante avec sa voix, qu’il ne change rien ou presque, que cela soit une réelle osmose qui lui permette d’être heureux et de sentir bien à tout moment. La plupart ont une expérience en soliste mais également en ensemble, et mettent leur intelligence musicale au service de Vox Luminis. Les choses sur lesquelles j’insiste le plus sont la balance dans l’ensemble, la souplesse vocale, une grande prudence dans l’usage du vibrato, car trop de vibrato lorsque l’on chante en ensemble ne permet pas d’avoir un bel accord plein et qui « sonne » juste, l’écoute respective pour arriver aux même voyelles et à la même manière d’énoncer le thème, mais encore et surtout le respect de la prononciation et du sens du texte qui est la base de tout. Le fait d’être à la fois instrumentiste et chanteur moi-même est évidemment un grand atout, car il est difficile de se mettre dans la peau d’un chanteur si on ne l’a pas été, et de comprendre, par exemple, ce que peut être la fatigue vocale.

Je suis admiratif d’énormément de chefs ou de chanteurs avec lesquels j’ai grandi ou, en tout cas, me suis forgé, comme, entre autres, Philippe Herreweghe pour son intelligence du texte, qualité que possède également au plus haut point Peter Kooij, qui a été mon professeur et dont l’intelligence musicale m’a toujours laissé admiratif. Paul Van Nevel reste également un modèle pour le son : impossible, en écoutant un disque du Huelgas Ensemble, de se tromper sur l’interprète ! J’admire également beaucoup Masaaki Suzuki pour ce qu’il a réussi à faire en créant un ensemble remarquable avec des musiciens et chanteurs majoritairement japonais dont la rhétorique n’a rien à envier aux meilleures phalanges européennes, René Jacobs et Konrad Junghänel pour la qualité de leur travail dans des répertoires proches de ceux que nous abordons. Dans la nouvelle génération, j’aime énormément le travail de Raphaël Pichon (Pygmalion) et Nicolas Achten (Scherzi Musicali). Je pourrais en citer beaucoup d’autres, mais je terminerai avec Jean Tubéry, pour son amour de la voix, son souci de la justesse ainsi que sa recherche constante de nouvelles œuvres, et Vincent Dumestre dont le Poème Harmonique a quelque chose de magique.

J.-C.P : À ce jour, les œuvres que vous avez abordées au disque appartiennent à la période baroque. Cependant, vos interprétations font particulièrement bien apparaître la part de tradition renaissante qui entre dans ces compositions plus « modernes » et vous fréquentez, au concert, des compositeurs plus anciens – je songe, par exemple, à Lassus. Envisagez-vous, à terme, d’orienter une part plus importante du travail de Vox Luminis vers le répertoire de la Renaissance ?

L.M : Effectivement, j’aime beaucoup cette musique baroque encore remplie de tradition Renaissance comme, par exemple, le double chœur d’ouverture du Vater unser ou le Das alte Jahr de Samuel Scheidt. Le fait de chanter ce type d’œuvres a fait débat dans l’ensemble, car certains membres sont plus à l’aise dans le répertoire baroque. Mais je dispose maintenant d’une équipe d’environ 12 chanteurs qui me permet d’aborder sans problème la musique de la fin de la Renaissance, et force est de constater, après un ou deux concerts où nous en avons fait un peu, ainsi qu’un nouvel enregistrement dont nous allons reparler, que cette musique nous va assez bien. J’envisage effectivement d’en interpréter un peu plus à l’avenir, tout en gardant cependant une prédominance pour le répertoire baroque dans son ensemble. Jérôme Lejeune aimerait beaucoup que nous enregistrions Lassus pour Ricercar, mais aucune décision n’est encore prise à ce sujet.

J.-C.P : Un des événements de cette rentrée discographique 2010 est constitué par la publication récente, chez Ricercar, d’un coffret dédié aux musiques de la Réforme et de la Contre-Réforme, auquel Vox Luminis a été associé de près. Pouvez-vous nous dire un mot sur les liens, que l’on sent très solides,  qui vous unissent avec l’équipe de Ricercar ? Pouvez-vous nous en apprendre un peu plus sur ce coffret et sur la contribution de votre ensemble à ce projet ?

L.M : Nous devons beaucoup à Ricercar et tout spécialement à Jérôme Lejeune. Je me souviens encore du moment où, en janvier 2007, il m’a proposé de rejoindre, avec Vox Luminis, l’écurie Ricercar. Encore quelques mois avant, je ne m’attendais pas du tout à une telle proposition de sa part, car nous nous connaissions à peine, mais je dois dire que depuis, j’ai trouvé en lui une personne de confiance, un soutien incroyable, presque un ange gardien, sans lequel nous ne serions pas où nous sommes à l’heure actuelle. Jérôme travaillait sur le projet « Réforme » depuis un bon moment lorsqu’il m’a contacté, car il lui manquait 45 minutes de musique pour ce coffret. Il m’a demandé si nous accepterions ce challenge, ce que nous avons immédiatement fait et je ne le regrette pas, malgré quelques sueurs causées par la multitude de répertoires que nous avons dû attaquer. Ce projet est passionnant et il me tarde d’avoir le résultat entre les mains. J’espère que le public lui réservera le meilleur accueil.

J.-C.P : Pour finir, on sent poindre envers Vox Luminis une véritable vague d’intérêt qui doit être très stimulante pour vous. Quels sont les projets que vous nourrissez, à court et à moyen terme, pour l’ensemble, tant au concert qu’au disque ?

L.M : Mon souhait le plus immédiat, qui semble en bonne voie de se concrétiser, est de donner plus de concerts ! Il est vrai que l’on sent beaucoup plus d’intérêt de la part des festivals et des salles de concerts ces derniers temps, et ceci va normalement se traduire par de beaux projets pour les années à venir. Nous avons su attendre et même si la crise économique nous a beaucoup inquiétés, elle nous a aussi rendus encore plus solides. Ce ne sont pas les projets qui manquent : comme souvent, on en a pour une dizaine d’années dans les cartons. Nous aimerions donner la fabuleuse musique de Scheidt en concert, mais la balle n’est pas dans notre camp, même s’il semble que ceci pourrait se concrétiser l’année prochaine grâce à la parution du disque. Nous allons nous attaquer, en 2011, aux cantates de jeunesse de Jean-Sébastien Bach, un projet qui me tient beaucoup à cœur, avec notamment l’Actus tragicus (BWV 106), Aus der Tiefe (BWV 131), ainsi que Weinen, klagen, sorgen (BWV 12) avec un fabuleux hautboïste de notre génération, Benoît Laurent. Côté enregistrements, nous nous  sommes confrontés cet automne avec les Musikalische Exequien et d’autres pièces beaucoup moins connues de Schütz, puis ce sera normalement au tour de la musique de J.R. Esteves, après un enregistrement de musique belge dont le programme reste encore à préciser. Et j’aimerais qu’un jour Vox Luminis enregistre Purcell et Blow, en se concentrant sur des pièces moins fréquentées que Didon et Venus & Adonis.

Propos recueillis par Jean-Christophe Pucek en septembre 2010.

Discographie :

Domenico Scarlatti (1685-1757), Stabat Mater, Te Deum, Salve Regina, Miserere, Sonates Kk.87 & 417.

1 CD Ricercar RIC 258. Ce disque peut être acheté en suivant ce lien.

Extrait proposé :

1. Stabat Mater : Sancta Mater, istud agas

Samuel Scheidt (1587-1654), Sacræ Cantiones

1 CD Ricercar RIC 301. Ce disque peut être acheté en suivant ce lien.

Extrait proposé :

2. Vater unser im Himmelreich : 1er verset, Vater unser in Himmelreich

Réforme et Contre-Réforme

8 CD Ricercar RIC 101. Ce coffret peut être acheté en suivant ce lien.

Extraits proposés :

3. Henry VIII (1491-1547) : Though some saith

4. Caspar Othmayr (1515-1553) : Mein himmlischer Vater

Illustrations du billet :

La photographie de Lionel Meunier est d’Ola Renska.

Anonyme, France, XVIIe siècle, Un concert. Huile sur toile, Le Mans, Musée de Tessé.

Anonyme, Pays-Bas, première moitié du XVIIe siècle, Homme assis à son bureau. Huile sur bois, 67 x 51 cm, Paris, Musée du Louvre.

Leonello Spada (Bologne, 1576-Parme, 1622), Un concert, c.1615. Huile sur toile, 143 x 172 cm, Paris, Musée du Louvre.

Simon Vouet (Paris, 1590-1649), La Prudence amène la Paix et l’Abondance, sans date. Huile sur toile, 237 x 175 cm, Paris, Musée du Louvre.