L'enseignement islamique fait face à de nombreux problèmes alors 40% de la population de la région est musulmane.D'après les chiffres obtenus auprès de Jean Norbert Tchoffou, chargé des statistiques à la délégation régionale du ministère de l'Education de base (Minedub) de l'Est à Bertoua, seulement 1710 élèves étaient inscrits dans les établissements franco-arabes au cours de l'année scolaire 2009-2010 en attendant les statistiques officielles pour l'année en cours. 373 à l'Ecole franco-arabe de Garoua-Boulaï, dans le département du Lom et Djerem, encadrés par 11 enseignants, 221 à l'Ecole Madarassatou Nouroul Islam de Yokadouma, dans la Boumba et Ngoko, créée en 2008 et encadrés par 7 enseignants, 312 à l'école franco islamique, An-Nour de Bertoua, toujours dans le Lom et Djerem, créée en 2003 et encadrés par 8 enseignants et 804 à l'Ecole franco-islamique de Batouri dans le département de la Kadey , le plus vieux des établissements de cet ordre d'enseignement à l'Est, créé en 1995 avec 14 enseignants.S'agissant des objectifs visés par l'enseignement islamique, les chefs d'établissements rencontrés évoquent diverses raisons. «En plus de l'enseignement officiel, nous enseignons l'arabe et l'éducation islamique», indique Aboubakar Djoubair, spécialiste en pédagogie arabe dont le diplôme a été obtenu à l'Université islamique d'Oum-Durman au Soudan, directeur d'école franco-islamique de Bertoua. SubventionsPour sa part, Ahmadou Missa, promoteur du groupe scolaire Al Hikma, qui signifie «la sagesse», situé en face de la mosquée centrale de Belabo, pense autrement : «J'ai constaté que la langue arabe est conquérante mais son enseignement est resté traditionnel. Il fallait donc moderniser la façon d'enseigner l'arabe pour permettre aux apprenants de connaître exactement ce qu'ils récitent, d'où la nécessité d'avoir les enseignants capables d'expliquer correctement le Coran tout en respectant le programme officiel». Et de continuer : «Ce groupe scolaire est aussi laïc donc, les non-musulmans peuvent y apprendre l'arabe pour le besoin de la vie, soit pour l'emploi ou les affaires».Le promoteur de ce groupe scolaire, créé en 2008, ne détient pour le moment qu'un récépissé de dépôt de dossier de la délégation régionale du Minedub/Est. Mais il croit dur comme fer qu'avec les effectifs de 56 élèves en 2008-2009 et 123 élèves pour l'année en cours, 6 enseignants et 5 salles de classe, son groupe sera d'ici 5 ans, une école à cycle complet, de la Sil au Cours moyen 2.En terme de résultats scolaires disponibles, l'école islamique An-Nour de Bertoua avait présenté 36 candidats au Cep en 2005. Au finish, 29 ont été admis pour un taux de réussite de 85,55%. En 2006, avec 33 candidats, cette école a eu 25 admis pour un pourcentage de 78,12%.Ces résultats ont connu une amélioration en 2009 avec la réussite de 33 candidats au CEP sur 39 pour un taux de 89,19% alors qu'en 2010, ce pourcentage n'est que de 66% avec la réussite de 30 candidats seulement sur 48 présentés à l'examen du certificat d'études primaires.Au niveau des problèmes rencontrés par cet ordre d'enseignement, tous les acteurs évoquent l'absence des subventions de l'Etat et l'insolvabilité des parents. Tous comptes faits, la région de l'Est, frontalière avec le grand nord, occupée à près de 40% par la communauté musulmane connaît réellement un déficit d'écoles franco-arabe pourtant indispensable pour les jeunes croyants musulmans. «Même si ce n'est pas absolument nécessaire, il aurait été souhaitable que tout bon musulman passe par une école franco-arabe classique. Lors des pèlerinages, il y a des musulmans qui s'égarent alors que les plaques sont écrites en arabe, français et anglais», indique Ahmadou Missa, promoteur du groupe scolaire Al Hikma de Belabo.Propos renforcés par ceux du Grand Imam régional de l'Est basé à Bertoua, Imam Mallam Huseni, âgé d'environ 80 ans : «Il n'y a pas d'écoles islamiques à l'Est, ce qui est regrettable. Sans connaissances, on ne peut pas bien comprendre le Coran. Il faut des écoles franco-arabes et anglo-arabes, parce que parler et réciter seulement une langue sans écrire n'est rien».