Qui n »a jamais observé avec perplexité les cars de touristes japonais sillonnant les rues des capitales touristiques ? Vous-êtes vous déjà demandé à quoi ressemble un voyage organisé japonais de l »intérieur ? Le Déclic s’est plongé dans cet univers le temps d’une excursion hivernale à Guam, une île du Pacifique de 549 km² rattachée aux États-Unis. Elle est un peu aux Japonais ce que Majorque est aux Allemands. Récit de voyage en terre sauvage dans une bulle nippone.
Guam, Tumon Bay
Tout commence par un prospectus de l’agence HIS proposant un séjour de quatre jours pour la modique somme de 20 000 yens (environ 160 euros). Après une bonne heure passée dans l’agence à tenter de comprendre les différentes combinaisons de chiffres, de dates et d’hôtels, nous ressortons avec un forfait à 40 000 yens… sans certitude sur l’heure exacte du vol ni du nom de l’hôtel qu’on a réservé. Il faudra attendre 5 jours avant le départ pour qu’une lettre nous indique que nous nous envolerons au soir du premier jour pour repartir au petit matin du quatrième jour. Une bonne arnaque, en somme.
Arrivés à destination, des autochtones flanqués de t-shirts HIS, un peu surpris de voir arriver des Européens, nous chargent dans un bus, direction l’hôtel. Le chauffeur est un Philippin parti à la conquête de cet eldorado touristique il y a quelques années. Le bus évolue dans une île couverte de complexes hôteliers, de restaurants de fast-food et de centre commerciaux. Les Japonais sont déposés par petits groupes dans les hôtels en fonction du prix des forfaits qu’ils ont réservés. Deux heures trente du matin, nous arrivons à l’Hôtel Tumon Bay Capital. « Un bus vous amènera demain à la plage à 9 heure, bon séjour à Guam et bonne nuit », nous lance poliment le monsieur.
Le lendemain, pas tellement frais, nous embarquons pour une plage réservée par HIS. Un haut-parleur y crachouille une musique sirupeuse évoquant cocotiers et sable chaud. On nous glisse autour du coup un collier de fleurs et nous prend en photo devant une pancarte publicitaire. Le cliché sera par la suite vendu dans un magnifique cadre orné de dauphins. Un film en japonais nous présente le bar, le fameux distributeur de thé glacé promis par l’agence et les activités aquatiques. Après une brève trempette, nous nous tournons vers le barbecue à volonté, également promis par l’agence et dégustons nos travers de porc accompagnés d’une bière japonaise et de frites. 14 heures, c’est l’heure du cours de « danse locale ». Un Guamais d’une centaine de kilos, vêtu d’une simple jupette de bananes, tape dans ses mains et exhorte les Japonais de faire de même en s »exclamant « konnichiwa, konbanwa, akunamatata… » Le public s’exécute, docile, bien qu’incrédule quant à l’authenticité de l’exercice.
Nous décidons de nous écarter de cette plage pour explorer de notre chef les côtes sauvages de l’île. Aussi, nous demandons conseil aux gentils animateurs. « Vous ne pouvez pas vous éloigner de la plage, les gars », nous répond-on gentiment. « Vous êtes sous la responsabilité de HIS et devez rester dans le circuit normal pour votre propre sécurité, mais nous pouvons vous déposer quelque part en bus si vous le souhaitez ».
Bouches bées, nous nous demandons soudain si faute de Guam, nous ne serions pas à « Guam-Tanamo ».
à suivre…