L'art et l'écologie. En ces temps de "greenwashing", le sujet n'a jamais été aussi exploité. Depuis le Land Art aux jeunes artistes d'aujourd'hui, les réflexions et les processus sont nombreux. En ce moment, avec l'exposition REHAB, l'art de re-faire qui se déroule à Paris à la Fondation EDF, c'est l'occasion de se familiariser avec la notion de réhabilitation. Sans prétention, les oeuvres de REBAH proposent tout simplement de redécouvrir des matériaux dont on croyait avoir fait le tour, du meuble en formica jusqu'au carton d'emballage. Sur place, sculptures, vidéos, photographies ou installations illustrent la capacité qu'ont les artistes, chacun à leur manière, de cultiver la double dimension du déchet. Ici, pas de discours moralisateurs ou de dénonciations, juste une possibilité pour ces artistes de prendre part à un débat de société.
Rebuts, composites "cheap", la plupart des oeuvres présentes n'occultent pas leur origine (qui est du seconde-main) et jouent avec l'idée de recyclage. Découpée en trois parties (rez-de-chaussée: Révélation interroge l'identité du déchet, le sous-sol: Métamorphose montre une réalité recomposée à partir de classements subjectifs ; enfin, Glissade - au 1er étage- travaille des dérapages contrôlés des mises en équilibre qui offrent un nouvel esthétisme), l'exposition nous accueille, dès l'entrée, avec un gigantesque palmier, comme carbonisé, qui s'élève dans l'espace. L'arbre, oeuvre de Dougas White, semble un vestige. De quoi ? Brusque changement climatique, guerre du caoutchouc ? Plus loin, Eva Jospin va à contresens du processus de consommation. A ceux qui jette les cartons d'emballage, Eva préfère les récupérer, les accumuler pour ensuite les sculpter. Telle une matière première rare, le carton est travaillé en couche et prend des mois pour constituer une marqueterie "cheap". Au sous-sol, Lucie Chaumont s'amuse à étaler à même le sol son"Empreinte écologique". Tout de blanc, des milliers de plâtres, moulages de centaines d'emballages alimentaires, laissent voir qu'une consommation éphémère laisse aussi une empreinte indélibile dans l'environnement. Décalées, "les Peaux" de Christian Gonzenbach, ne sont autres que les coques plastiques d'objets électroménagers désossées, tendues et clouées au mur tels des trophées de chasse. Ou quand le quotidien devient objet de curiosité. Enfin, on s'interroge sur ces drôles de totem (1,93 mètres) que sont les colonnes de Gitte Schäfer entre art et artisanat, copie et recyclage, voir sauvetage et déchéance. Au final, on se prend à aimer ces drôles d'oeuvres, explorations artificielles et oniriques du sujet "vert".On vous recommande REHAB !
REHAB, l'art de re-faire - Espace Fondation EDF, 6 rue Récamier, 75007 Paris
Expo jusqu'au 20 février 2011 - Entrée libre
fondation.EDF.com/EDF-fr-accueil/EDF-fondation-151001.html