Au pays de Juliette : écrire à ses morts

Publié le 01 novembre 2010 par Marine8888

Elle s'appelle Juliette, certains auraient été tentés de parler d'elle à l'imparfait puisque Juliette est morte. Il y a deux ans. D'une méningite foudroyante. Jeune, très jeune, elle manque douloureusement à ses parents, sa soeur, ses amis. Il y a un an, le père a eu la géniale idée de maintenir la mémoire vive de sa fille en installant une boite à lettres à côté de la tombe. Et chacun, famille, amis et même, inconnus qui passent par là, lui écrivent, une lettre, un mot, un poème, une pensée et sa boite ne désemplit pas.

Des extraits de ces courriers étaient lus dans une émission de France culture aujourd'hui, surement en pensant que ce jour était consacré à tous les morts alors que nous sommes à la Toussaint et les morts sont censés patienter jusqu'à demain. Mais demain n'est pas férié, il le devrait pourtant... rendre hommage à ses morts, les voir, leur parler... Boire un verre de bon vin sur leur tombe pour partager un moment avec eux.. nécessiterait bien un jour chômé.  

Quelqu'un a déposé dans la boite à lettres de Juliette ce poème de Victor Hugo -Pauca Meae (Les Contemplations)

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
L'idée est belle, écrire à ses morts parce qu'ils le valent bien.