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Madame Angeloso de François Vallejo

Par Sylvie

Editions Viviane Hamy, 2001

 

Madame Angeloso

 

Prix France Télévisions, 2001

 

Je continue à explorer l'oeuvre si particulière et si talentueuse de François Vallejo.

Il s'agit là de l'un de ses premiers romans, et sûrement celui qui l'a fait connaître du grand public, ce avant Ouest.

 

Imaginez une vieille femme, Constance Angeloso, sans domicile fixe depuis des années, autre que sa vieille R5 jaune. Et bien, cette dernière vient d'être écrasée dans sa voiture à un passage à niveau, par le train Paris-Varsovie.....dans lequel se trouvait le Dalaï-Lama ! Admirez déjà toute l'originalité de ce fait divers !

 

La loufoque Madame Angeloso, donc, n'est plus. Elle qui pesait plus de cents kilos et qui réchauffaient les coeurs esseulés dans son petit hôtel de Dunkerque.

 

Qu'à cela ne tienne ! Trois personnages vont nous la faire revivre à travers leur parole, qu'ils prennent à tour de rôle.

Le fils, tout d'abord, indigne cela va s'en dire : Angelino Angeloso. Lorsqu'un policier presque nain lui annonce la nouvelle, il éclate de rire et boit son whisky. Lui, le fainéant, la grande gueule, plus intéressé par les putes que par l'avenir de l'hôtel.

 

Il y a aussi Coquemar, le petit vieux dépressif, sauvé du suicide par Madame Angeloso. Passionnés tous les deux par la grande Histoire (ils se sont rencontrés le jour de l'avènement de Mitterrand !), ils discutent sans fin sur les cataclysmes que peuvent engendrer les grands événements sur les petits événements...

 

Enfin, il y a Danuta, la petite cousine polonaise éloignée, que Madame Angeloso a recueilli, se jurant qu'elle lui ferait apprendre le français.

 

Tout ce petit monde va évoquer "son" Angeloso : la mère indigne envahissante, l'hôtelière au grand coeur, la mère adoptive.

 

Et au milieu de tous ces souvenirs, il va falloir régler la question des obsèques ....

 

Que retenir de cette histoire truculente ? De la fantaisie, un amour immodéré de l'auteur pour ses personnages et surtout une verve, un goût des mots qui met en scène le récit sur les planches d'un théâtre ; nous avons l'impression de chacun s'avance vers nous pour vider tout ce qu'il a sur le coeur, en s'adressant directement à nous.

Et Madame Angeloso, matrone fantasque et truculente, vient à notre rencontre.

 

Comme à son habitude, Vallejo excelle dans les rapports de force, dans les huis-clos où les tensions sont exacerbées. C'est une comédie de boulevard, c'est un drame, oscillant toujours entre le burlesque et la tragédie.

 

C'est divertissant, bien rythmé et on s'attache définitivement aux personnages. Du grand art !

 

"Un baroufe du tonnerre, oui, ça a dû faire un barouf du tonnerre, a pensé Angelino, le dimanche soir, juste après le départ du jeune et petit brigadier de gendarmerie.

C'est vraiment con, un gendarme débarque chez toi, un dimanche, pour t'annoncer que ta mère a été écrabouillée sous un train, le seul truc qui te passe par la tête, c'est : il est vraiment minus, ce cogne, je croyais qu'on les recalait en dessous d'une certaine taille, ils doivent en manquer...."

 


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