Magazine
Pêcherie!Voyons!facile,avoir la pêche et en rire!et l'on dira que c'est... un peu tiré par les cordes,forcément.
Dans une autre vie passée, présente ou future, je ne sais pas bien encore, je crois cependant pouvoir distinguer en moi cet élément à la fois aquatique et terrestre, qui regarde sans trop faire de vagues, bouger l'océan au grès des courants de l'Histoire. Sans précipitation ni trop d'illusions sur la suite des opérations, laisser filer calmement le carrelet pour qu'il barbote à son aise dans sa pataugeoire où le temps ferait son oeuvre entre fil à retordreet maille à partir.
Alors... le voyage s'invente et s'organise au mieux du regard et ma seule ambition maritime consiste à surprendre cette ligne de fuite rectiligne et fugace au cul des bateaux, retardant sans trop y croire l'idée de leur passage. Et pour la leçon de chose, regarde bien, ce sont les plus discrets des rafiots qui laissent s'échapper la plus belle trace. De quoi en apprendre sans doute et méditer sur une manière d'occuper l'espace où le bruit, la fureur, la prétention et la peur d'un manque de reconnaissance seraient des moteurs pour une existence voulant combler le vide et son silence.
Pêcherie rafistolée, bricolée... au charme désuet d'un avant-hier sans lendemain et pourtant toujours fidèle au poste d'observation , discrète en majesté, poème suranné à la rime incertaine et la prose trébuchante...J'aimerais tant lui ressembler et... je m'y évertue... en sachant cependant que pour des raisons d'ordre technique, culturel et autre faits de société... au mieux j'en serais une bien pâle copie , facile à démonter sous les assauts du paraître.
Mais...s'il n'en reste rien je veux être celui-là. Ne rien laisser paraître qui pourrait occuper inutilement un espace tellement convoité que je le cède volontiers à ceux qui s'évertueront à bien faire, à se croire indispensable, à s'imaginer professeur émérite en leçon de vie, mécanicien en descendance, carriériste aux soupapes bien huilées, préposé aux portes de la distinction. Je veux être juste un moment dans la nasse qui remonte en grinçant entre deux crabes verts et un peu de goémon , que l'on balancera ensuite par dessus bord pour ne servir à rien qu'à l'instant d'un décors. et à la multitude de l'oubli...