Merci pour le chocolat, pense-t-on en écoutant/visionnant le Chocolat Show !, dernier tour de piste (enregistré en mai dernier sur celle du merveilleux Cirque d’Hiver Bouglione) d’une aventure commencée il y a plus de deux ans. A l’époque, Olivia Ruiz n’a sorti qu’un album, elle est encore présentée comme une ex de la Star Academy. Puis elle enregistre La Femme Chocolat, un disque tourbillon qui fait valser les étiquettes et s’envole allègrement au sommet des charts. Suivront deux cents concerts, une tournée en Amérique latine, deux Victoires de la musique, un album qui devrait logiquement atteindre le million d’exemplaires vendus… La petite chanteuse est devenue énorme.
Bilan en quelques mots : “Le bonheur, la fierté, l’acharnement. Et en même temps la fatigue, des déceptions. Pendant la tournée, on alternait les Zénith, les petites salles et les gros festivals. C’était tout décousu et génial. La tournée s’est terminée mi-octobre à La Réunion. J’ai eu trois semaines de pause au mois d’août, mais pas très bénéfiques. J’ai été malade tout le temps, comme si je n’avais pas écouté mon corps pendant deux ans. J’enchaînais des trucs nerveux, des crises d’urticaire. Et dès que je recommençais à bosser, ça allait mieux. C’est de l’addiction au travail, affreux… J’ai déjà ma petite nostalgie de La Femme Chocolat, je l’ai chéri pendant deux ans. Vu le contexte, c’est certainement le plus gros succès que j’aurai de ma vie, les adieux vont être difficiles. J’appréhende la fin, j’ai les jetons.”
Contre le coup de blues, rien ne vaut un bon Chocolat Show ! : sur son live, Olivia Ruiz chante comme une petite sorcière hyperactive aux fourneaux, elle prépare une potion magique à base de guitares surf, de musique de balloche, de rock dur et d’espagnolades – de la musique de variétés au sens littéral : variée. “Je m’ennuie très vite, alors j’ai besoin de contrastes sur scène. Je déroute le public dès le départ, c’est comme ça que j’arrive à l’embarquer. Et comme ça, je n’arrête pas de m’amuser.” C’est marrant : elle s’appelle la Femme Chocolat, et elle ressemble pas mal à la petite sœur de Johnny Depp dans Charlie et la chocolaterie. Au Cirque d’Hiver, Madame Loyal fait son numéro, elle accueille le chanteur des Têtes Raides, la moitié de Noir Désir, Mathias de Dionysos, son frère et son père. “Quand ils sont tous revenus sur scène à la fin, j’ai pris la grosse claque. Je voulais refaire un morceau, je n’ai pas pu tellement j’étais émue.”
Ce qu’on entend tout au long du Chocolat Show !, orienté plein Sud, c’est l’Espagne, les racines familiales d’Olivia. La sacro-sainte famille Blanc-Ruiz avait déjà fourni la matière première de l’album La Femme Chocolat. Elle en remet un coulis dans L’Oiseau piment, le petit livre rouge (comme le piment) autobiographique qui accompagne la sortie du CD et du DVD. Tout touchant, le livre est basé sur des documents perso, des photos de famille (famille de sang, famille de cœur), des cahiers d’écolière aux couvertures biffées de noms de groupes. On y voit Olivia toute petite et adolescente, dans sa première vie d’enfant de la balle, dans sa tribu sudiste, entre papa musicien de bal, les ancêtres, les cousins et les copains. A écouter absolument !