Max | Il a traversé ma vie comme un météore

Publié le 01 novembre 2010 par Aragon

Elle : Il a traversé ma vie comme un météore, une flèche, un astre, une étoile filante, comme un chien l'autoroute, un hérisson, un chat noir, comme un connard.

C'était le genre super beau gosse qu'a fait un peu de sport et qui s'entretient, vous voyez le tableau, le genre de mec à se mettre de la crème avant d'aller se coucher, qui aime par-dessus tout ses potes, qui tremble devant une belle voiture ou une super paire de pompes, le genre de mec qui arrête pas de tchatcher pour un oui ou pour un non, mais quand ça ne va pas dans le couple on l'entend plus, bon cuisinier, assurant au pieu mais macho comme pas deux et souvent con comme la lune, un brin violent, qui peut descendre de voiture, mais qui descend pas quand ça craint un peu, qu'aime bien la bière et un peu tous les alcools forts, souvent bourré, un peu gras, mais c'est le mec que j'aimais.

Il a traversé ma vie comme un météore.

Un peu lâche.

Lui : Elle, c'était plutôt le genre casse-couilles, vous voyez, au début très gentille, rien à dire, mais après quelle casse-couilles, et pourquoi que tu rentres si tard, et pourquoi t'es bourré, et pourquoi tu mets de la crème ? Et pourquoi tu ne sors pas de ta bagnole ? C'est parce qu'ils étaient quatre, c'est ça ? La femme qui vous embrouille la tête et qui se fout de votre gueule parce que vous avez pas voulu vous faire déchirer par quatre types avec des pitbulls, je rêve ! Et après elle chambre pendant des semaines, je croyais que t'avais fait de la boxe et que t'étais très fort. La casse-couilles totale.

Et pourquoi que tu vas pas faire du sport ? Mais qui gueule quand on veut regarder le sport à la télé.

C'est son rêve ça, en fait.

Quatre types entre deux âges dans une bagnole qui nous double, nous fait une queue de poisson, on les redouble par la gauche tranquille, on attrape un feu rouge, ils viennent se mettre à notre hauteur. Les mecs commencent à chambrer, je les regarde, un mec sur un ton violent me dit qu'est-ce qu'y a ?  Je dis rien. Il me dit t'es pas content. Ils descendent de la voiture. Au lieu de démarrer, je descends. Je me prends un coup de tête et un méchant coup de pied dans les couilles, je tombe, puis trois coups de pompe dans les côtes et un dans la tête. Ils s'en vont en me traitant de tapette et de fils de pute, j'ai le nez en sang, la lèvre éclatée, j'ai la bite qu'est remontée jusqu'aux boyaux, mais t'es heureuse, je me suis comporté comme un homme, un héros, je t'ai protégée, tu te sens bien, tu m'aimes.

Xavier DURRINGER Chroniques 2 éditions théâtrales