Samedi, le week-end de Toussaint entamé, comme bien souvent j'e suis allé retourner er prendre des livres, cd et dvd à la Médiathèque. Mon attention s'est portée sur le dvd " Le vent nous emportera" de Abbas Kiarostami le réalisateur iranien. J'apprécie, plastiquement, son oeuvre photographique et suis tenté de passer près de 2h devant mon écran et profiter de ces paysages iraniens... Dans ce film Bezhad, qui se dit ingénieur, a quitté Téhéran avec deux collègues dans un vieux 4x4 pour rejoindre un village reculé du Kurdistan. Cette route désertique, poussiéreuse qui serpente à flanc de montagne peut les égarer mais heureusement il y a la présence de Fahzad, un enfant qui est envoyé à leur rencontre. S'ils sont attendus par certains habitants, tous ignorent la raison de leur visite. En complicité avec l'enfant, qui est son guide, Bezhad fait croire qu'il est venu chercher un trésor.
Bezhad semble vivement intéressé par Mme Malek, une femme quasi centenaire et malade. Il passe et repasse devant sa maison, observe le manège de la famille et des femmes du village qui s'occupentd'elle ou lui offrent de la nourriture. Peut-être attend-il sa mort et n'est-il là que pour faire un reportage sur des rites funéraires locaux, pendant lesquels des pleureuses se scarifient le visage en signe de deuil. Le spectateur est reclus dans cette interrogation.
Bezhad reçoit plusieurs appels de ses employeurs, qui s'impatientent. À chaque fois, il est obligé de se rendre à toute allure en voiture au cimetière qui surplombe du village, pour améliorerla réception sur son portable. Là, parmi les tombes, il dialogue avec un ouvrier qui, depuis la galerie qu'il creuse, lui lance un tibia humain. Bezhad le garde comme un trophée.
L'attente se prolonge. Pour avoir du lait, Bezhad suit dans une étable obscure une jeune fille qui trait une vache. Il ne verra pas son visage, pas plus qu'il n'a vu celui de Yossef, l'ami de la jeune fille avec lequel il l'a surpris une fois. Il lui lit un poème, le vent nous emportera, de Forough, une femme poète qui comme la jeune fille a fait peu d'études. Scène douteuse d'érotisme dédiée à une jeune pucelle. Il fait d'autres rencontres qui le mettent en phase avec la vie du village, puis apprend que Mme Malek va mieux.
Ainsi, après quinze jours d'attente, les collègues de Behzad, apparemment moins concernés que lui par leur mission, restant le plus souventcloîtrés dans leur chambre ou allant dans les champs pour voir les paysans et manger des fraises, le mettent en demeure de prendre une décision.
Bezhad se fâche injustement contre Fazhad qu'il accuse d'avoir trop parlé à ses collègues et de les avoir découragés par ses propos optimistes sur la santé de Mme Malek. Puis il file pour la quatrième fois sur la colline où ses employeurs se font pressants pour qu'il revienne travailler à Téhéran. De dépit, Behzadretourne une tortue sur le dos. De retour village, il tente de se réconcilier avec Fazhad. Mais le téléphone sonne à nouveau et, pour la cinquième fois, on le voit grimper sur la colline en 4x4. Il sauve la vie de Yossef, l'ouvrier du cimetière, pris dans un éboulement. Il rencontre à cette occasion un médecin qui n'a pas de patients et qui parcourt la région en moto en philosophant. Bezhad constate que ses deux collègues ont quitté le village et s'en sont retournés à Téhéran.
Le matin suivant, Behzaddécide de quitter le village à l'aurore. S'attardant pour une dernière cigarette devant la maison de Mme Malek, il entenddes lamentations qui indiquent la mort probable de celle-ci. Il rejoint tout de même sa voiture pour quitter le village non sans prendre en photos la procession des femmes qui se rendent probablement dans la maison de Mme pour la veiller. Sorti du village, il nettoie son pare-brise avec l'eau du ruisseau. Apercevant le tibia derrière le pare-brise, il le jette dans le ruisseau. L'os est emporté par le courant.
Tout cela en 1h48. Tout cela certes avec de la "photographie" d'exception. La photographie justifie t-elle à elle seule un film? De l'Iran, du Kurdistan Iranien: rien. Ce n'est pas un film qui va géner le fou régnant à Téhéran. En bref je me suis bien emmerdé et le seul support photographque n'a pu me contenter. Il m'a même lassé et la continuelle répétition du 4x4 parcourant l'identique tronçon de chemin caillouteux en Z pour achever sa course à chaque fois au pied de ces arbres dominant un panorama sur le versant opposé du village m'a bien pompé. Ce chemin en Z que d'aucuns placent dans un exercice de mise en scène proche du Land Art ou comme une oeuvre d'art connue des japonais qui le photographient régulièrement, comme une forme secrète, cachée et récurente dans le cinéma de Kiarostami.
C'est un film de pure esthétique égoïste et assez simpliste souché sur une symbolique primaire. Ce vent ne m'a pas emporté! et ce film, ce réalisateur est bien loin du cinéma "souterrain" iranien. Cinéma souterrain qui est l'image de la vie réelle et nue en "surterrain" du peuple iranien; et c'est justement ce que le cinéma officiel gouvernemental essaie de cacher!