Revue Ligne 13 n° 2 (par Alain Helissen)
Par Florence Trocmé
Née en 2010, Ligne 13 vient se rajouter à cette constellation de revues littéraires dont il est difficile de dresser l’inventaire tant elle fluctue sans cesse. La revue annonce une périodicité semestrielle établie autour d’un thème. Après un premier numéro titré Tirer-un-trait cette seconde livraison invite à « enjamber ». La terminologie se réfère au domaine poétique, un domaine dans lequel s’inscrit Ligne 13 avec toutefois des débordements rejoignant celui de la philosophie. Le terrain remué ici, en tout cas, témoigne d’une approche matérialiste de l’écriture poétique. Et le sommaire de ce N°2 rassemble une douzaine de contributions dont aucune n’est à « enjamber ». On pourra distinguer les textes de création poétique de ceux de nature analytique. Concernant ces derniers, Pascal Poyet, à partir de l’un de ses textes, interroge la « linéature », cette manière de ranger les lignes sur la page, d’en décider les coupes. Stéphane Bouquet fait retour sur l’art poétique de Malherbe, associant poésie et danse dans un même mouvement de « pas réglés ». Jacques Roubaud évoque lui aussi Malherbe pour qui l’enjambement constitue une impardonnable rupture de cadence. Aux chapitres de la création poétique − puisque Ligne 13 se divise en chapitres − Luc Bénazet, Judith Elbaz, Xavier Person, Cécile Mainardi, Michelle Grangaud et Alain Cressan y vont de leurs enjambements plus ou moins audacieux. On retiendra encore un entretien d’Emmanuel Hocquard avec Francis Cohen autour de la figure de Gilles Deleuze. Ligne 13 réussit là un excellent ensemble à lire de bout en bout avant de découvrir les deux livraisons de l’année 2011, celle d’avril portant en titre « Penser sans compter » puis celle d’octobre « Imagier ».
Alain Helissen
Ligne 13, N°2 ; 2 rue Edmond Champeaud 92120 Montrouge ; www.ligne-13.com ; 128 pages, 13€.
ndlr : sur le site de la revue, trois vidéos de lectures de Stéphane Bouquet, Pierre-Henri Castel et Luc Bénazet