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Soirée aphrodisiaque au menu
L’auteur :
Martin Suter est un écrivain suisse. Depuis 1991 il se consacre uniquement à l’écriture après un passage dans l’univers de la publicité et du journalisme. Ses romans connaissent un beau succès.
L’histoire :
Maravan, jeune réfugié tamoul est employé dans un restaurant suisse, le Huwyler. Il y est chargé de couper les légumes, de faire la vaisselle, alors qu’avec ses connaissances culinaires, il pourrait assurer un poste beaucoup plus important au sein de ce restaurant spécialisé dans la « nouvelle cuisine ». Il se contente donc de faire ses expériences de cuisine moléculaire chez lui. Or, Andrea, une collègue serveuse également au Huwyler rêve de s’installer à son compte. Aussi propose-t-elle à Maravan dont elle connaît le talent, de s’associer avec elle pour offrir des menus privés aphrodisiaques aux couples dont la passion s’use.
Ce que j’ai aimé :
- Comme dans tous les romans de Martin Suter, le récit coule de source, avec la juste dose de péripéties, des rencontres qui tombent à propos, un brin d’amour, un peu de violence…
- La toile de fond culinaire est originale, on y apprend les base de la cuisine ayurvédique et celles de la cuisine moléculaire. En fin de roman, l’auteur propose les recettes concoctées par Maravan, pour ceux qui souhaiteraient organiser une soirée aphrodisiaque… Voici le menu :
« Mini-chapatis à l’essence de feuilles de caloupilé,
De cannelle et d’huile de coco
Cordons de haricots urad en deux consistances
Ladies-fingers-curry sur riz Sali à la mousse d’ail
Curry de jeune poulet sur riz sashtika
Et sa mousse à la coriandre
Churaa Varai sur son riz nivara à la mousse de menthe
Espuma gelé au safran et à la menthe,
Aves ses textures de safran
Sphères de ghee à la cannelle et
A la cardamone douce-amère
Petites chattes de poivre glacé,
Aux pois chiches et au gingembre
Phallus gelés au ghee et aux asperges
Esquimaux au ghee de miel et de réglisse. » (p.130)
Ce que j’ai moins aimé :
- Si les explications concernant les préparations culinaires de Maravan très détaillées sont quelque peu complexes pour une cuisinière de base, d’autres sujets sont seulement survolés trop sommairement à mon goût : les personnages restent fantômatiques, peu creusés, la situation au Sri Lanka sert uniquement de toile de fond, et les tractations commerciales pour la vente d’armes m’ont franchement ennuyée. Alors, comme le dit très bien Nelly Kaprièlian dans « Les Inrockuptibles » (5 mai 2010) : « A trop vouloir être sympathique, Martin Suter signe des romans très agréables, mais rate toujours le cran au-dessus : signer un vrai grand roman. »
Premières phrases :
« - Maravan ! Siphon !
Maravan posa d’un geste rapide le couteau affûté à côté des fines lamelles de légumes, se rendit à l’armoire chaude, y prit le siphon en acier inoxydable et l’apporta, avant qu’il ne refroidisse, à Anton Fink.
Le siphon contenait la pâte du sabayon à l’ail des ours que l’on servait avec les maquereaux marinés. »
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Du même auteur : Le dernier des Weynfeldt de Martin SUTER
Autre : La fortune de Sila de Fabrice HUMBERT
Le cuisinier, Martin SUTER, Traduit de l’allemand par Olivier MANONI, Christian Bourgois Editeur, mai 2010, 322 p., 20 euros