Personne n’ignore que l’ADN est une molécule dotée du pouvoir de reproduction. Par la porte ou par la fenêtre, il faut être deux – ensemble ou séparés – pour concevoir un troisième (évitons les jumeaux, s’il vous plait). Un troisième qui sera un échantillon unique, tout en héritant du fonds de commerce des deux géniteurs. Comme ceci est une bafouille et non pas un cours de biologie, je passe sur les croyances consistant à penser – cela fut le cas jusqu’à une date relativement récente – chez les grecs, particulièrement, et le reste par extension, que la femme n’était que le récipient dans lequel on jetait la sauce, puis basta ! Erreur et horreur se donnant la main dans une pérennité malsaine et ô combien ignoble. Pendant combien de millénaires la chose a durée et dure encore ? Évitons le vertige ! Tout ça, bien sûr, dans le but de justifier la domination de l’homme sur la femme.
Heureusement, nous sommes une société évoluée, instruite, nous pouvons exprimer des idées divergentes, nous vivons en démocratie. Du moins, c’est ainsi que nous acceptons l’idée. Ça soulage de le croire. La démocratie est comme l’ADN : il faut des différences pour développer des corps et des esprits sains. C’est la molécule qui parle. Or cela n’est pas le cas depuis longtemps, et pire depuis l’arrivée de Mínimus aux commandes. Dans notre « République », la multiplication des clones ayant pour mission de développer le mongolisme politique, propageant une idée fasciste comme on invite son voisin à prendre l’apéro, fait tache d’huile dans certains milieux qui se prennent à rêver au pas de l’oie.
Ce commerce se développe de père en fils comme la chose la plus naturelle du monde. L’élément passif, comme le pensaient les grecs au sujet des femmes, étant dans ce cas d’espèce le peuple. Ces conducteurs de troupeaux ne lésinent pas sur les moyens. Tout est bon pour cloner. A ce stade, on ne parle plus de reproduction, mais de photocopie sauvage. Les imprimantes tournent à plein régime pour multiplier à l’infini le même message politique, la même antienne.
Qu’on ouvre la télé, qu’on tourne le bouton de la radio, qu’on lise un journal ou un magazine, qu’on écoute de la musique ou qu’on aille au cinéma, tout concorde : même discours, même phrasé, mêmes formules, mêmes schémas partout dans un univers unicellulaire. Y compris le décor présente les mêmes similitudes : couleurs, personnages, dialogues, prises de vues et fausses réalités. Tous les paramètres sont désormais au vert. Un tel niveau d’uniformité interpelle et inquiète. Big Brother n’est pas loin, son ombre s’étendant de manière inquiétante sur une superficie de plus en plus vaste.
La débauche d’énergie déployée par ces clones pendant la période des grèves et de manifestations sur les retraites qui ont secoué le pays pour instiller dans l’opinion le sentiment de défaite, montre jusqu’à quel point cette armée se bat pour empêcher le peuple de comprendre et de s’affranchir par l’information. Le nivellement tournant à la propagande de masse est si flagrant que même l’aveugle voit et le sourd entend. Un miracle !
En revanche, le silence recouvrant la découverte et la mise en lumière des « infiltrés » – des policiers déguisés – dans les manifestation pour discréditer le mouvement fut un moment de pure jubilation, si tant est qu’assister, impuissants, à un tel spectacle, soit l’idéal pour la démocratie. Aussitôt l’affaire dévoilée, plus un mot dans la majorité des médias sur les casseurs, ces infâmes, cherchant à développer la violence pour déstabiliser les fondements de notre belle oligarchie. « Il y a une tradition dans la police d’infiltrer la population, ils le font couramment », a déclaré avec un cynisme incroyable Jacques Gérault, préfet du Rhône, pressé par les responsables politiques et syndicaux.
Et si le peuple de bovidés qu’on conduit d’une main sûre à l’abattoir se mettait à réapprendre les gestes simples de la révolte, de l’insoumission, du sabotage et à revendiquer le statut d’homme libre conscient de sa valeur ?…
Soyons lucides, œuvrons pour nous débarrasser de la bande de malfaiteurs qui gouverne le pays… et la planète. Le prix ? Élevé, assurément. Mais quel plaisir de s’offrir un tel luxe !
Le temps presse.