La retraite en chantant

Publié le 01 novembre 2010 par Laurelen
Voilà, c'est voté, plié, ficelé, n'en parlons plus. Quelle idée aussi de résister comme ça au vent frais de la réforme, à cet appel du large, ce grand bol d'air frais qui va emporter sur son passage la France décliniste, bougonne, recroquevillée sur ses indus avantages acquis, et qui prend en otage l'autre France, celle qui se lève tôt pour se rendre dans les salles de marché parier hardiment sur des chiffres improbables dansant sur des écrans.
Bien sûr, maintenant que le pays est sur la voie de la guérison, pas question de s'arrêter en si bon chemin. Nicolas Sarkozy, qui a tenu bon, ne s'est enfui ni à Baden-Baden ni en Irlande, va lancer prochainement la Grande Réforme suivante : celle de la Sécu.
Comme l'explique très bien le chroniqueur Slovar sur son excellent site, ça va détricoter sévère. Et les malades les plus fragiles socialement vont la payer à fond, cette réforme.
Tant mieux : la France est malade de ses malades. Comme de ses chômeurs et de ses vieux qui partent trop tôt à la retraite. Hop ! tout le monde au boulot, hommes, femmes, enfants, vieillards, infirmes, cancéreux en phase terminale... Il y en a pour tout le monde. Du boulot ? Ah, non. Faudra attendre la reprise pour ça. Ou que les Chinois deviennent si riches qu'ils songent à délocaliser en France. Ca va venir, faut juste être patients.
Et sur notre belle île de la Réunion, avec nos 28% de taux de chômage officiel, nos petits vieux qui ont bossé toute leur vie dans les champs de cannes, comme journaliers communaux, comme nénènes, et qui survivent avec le minimum vieillesse, on ne va pas se plaindre : il fait beau, la mer s'alanguit sur le sable noir, les filles sont des déesses ondulantes et fières, on peut casser quelques letchis à Noël. Et la Dodo lé la. Autant de trésors que le CAC 40 n'aura pas(*)...

François GILLET

(*) Quoique, pour le letchis, on n'est pas sûr. Des rumeurs sourdent sur l'intérêt d'une grande firme américaine pour nos letchis péi. Bon, tnt qu'ils nous laissent la mer, les filles, et la Dodo (déjà propriété d'Heineken, mais tant qu'ils ne délocalisent pas la production à Madagascar... )