Hommages aux pleureuses.
Des femmes, évidemment, comme leur nom l’indique.
Depuis l’Antiquité, ce sont des femmes rétribuées pour pleurer et implorer le ciel lors d’obsèques. Et cet hommage nous vient d’une experte, une poétesse surnommée “Notre-Dame-des-Pleurs” tant sa vie (1786-1859) fut marquée par de nombreux malheurs. Elle est également considérée comme la première poétesse romantique, et inventrice du vers de onze syllabes, tant apprécié ensuite par Verlaine par exemple. (Le poème qui suit illustre mal ce ce que je viens de dire).
Vous surtout que je plains si vous n’êtes chéries,
Vous surtout qui souffrez, je vous prends pour mes
soeurs:
C’est à vous qu’elles vont, mes lentes rêveries,
Et de mes pleurs chantés les amères douceurs.
Prisonnière en ce livre une âme est contenue.
Ouvrez, lisez : comptez les jours que j’ai soufferts.
Pleureuses de ce monde où je passe inconnue,
Rêvez sur cette cendre et trempez-y vos fers.
Chantez ! Un chant de femme attendrit la souffrance.
Aimez ! Plus que l’amour la haine fait souffrir.
Donnez ! La charité relève l’espérance :
Tant que l’on peut donner on ne veut pas mourir !
Si vous n’avez le temps d’écrire aussi vos larmes,
Laissez-les de vos yeux descendre sur ces vers.
Absoudre, c’est prier. Prier, ce sont nos armes.
Absolvez de mon sort les feuillets entr’ouverts !
Pour livrer sa pensée au vent de la parole,
S’il faut avoir perdu quelque peu sa raison,
Qui donne son secret est plus tendre que folle :
Méprise-t-on l’oiseau qui répand sa chanson ?
À celles qui pleurent, Marceline Desbordes-Vilmore.
Photographie trouvée sur ce blog.