Notre planète sauvée ?

Publié le 31 octobre 2010 par Edelit @TransacEDHEC

Historique. Magnifique. Sensationnel. Les superlatifs ne se sont pas fait attendre suite aux accords concernant la préservation de la biodiversité dans le monde, négociés lors de la conférence de Nagoya (Japon). En effet, ces accords signés par 190 pays (à l’exception notable des Etats-Unis, encore une fois) représentent une des premières victoires internationales du mouvement écologique. Victoire qui du reste était assez inattendue, surtout après le désastre de la conférence de Copenhague.

Tout d’abord ce plan prévoit de freiner d’ici 2020 le rythme des disparitions des espèces en augmentant les aires protégées de la planète. On estime que plus d‘un mammifère sur cinq, plus d’un amphibien sur trois et plus d’un oiseau sur huit sont menacés. De même, aujourd’hui seules 13% de la surface terrestre et 1% de la surface maritime sont protégées. C’est pourquoi les accords de Nagoya promettent de passer à 17% de la surface terrestre et 10% de la surface maritime. De plus les industries pharmaceutiques et cosmétiques devront, pour chaque découverte issue de la faune ou la flore des pays du Sud, rémunérer ces pays. Cette disposition pourrait générer des revenus de plusieurs milliards au profit des pays en voie de développement.

Evidemment tout le monde se congratule après l’accord trouvé. Mais dans ce cas pourquoi cet accord a-t-il mis 8 ans à voir le jour ? De prime abord, cet accord semble avantageux pour les pays du Sud et, du coup, beaucoup moins pour les pays dits du Nord. En effet leurs industries vont maintenant devoir rémunérer les pays du Sud, ils vont aussi devoir mettre la main à la patte pour protéger des ressources naturelles principalement concentrées dans les contrées moins riches…

Cependant sous ce bel emballage se cachent quelques failles. En premier lieu ces accords n’ont pas de caractère contraignant: celui qui ne fait pas ce qu’il faut ne sera pas puni, juste grondé… On voit ainsi les limites de tous les engagements pris. En second lieu, malgré un texte très technique (bonne chance pour le comprendre si on n’est pas expert), certains engagements sont soumis à de nombreuses interprétations. Par exemple un amendement réclame « l’élimination (…) des subventions néfastes » pour la biodiversité. Ici la pêche semble être visée mais comme la surpêche est déjà interdite dans de nombreux pays, les subventions à la pêche sont-elles considérées comme « néfastes » pour la biodiversité ?

Les accords de Nagoya, négociés à coups « d’énormes efforts et de larmes » selon Chantal Jouanno, notre secrétaire d’Etat à l’écologie, représentent sans aucun doute une avancée considérable sur le sujet de la biodiversité. Mais cette conférence de Nagoya est loin de dissiper toutes les interrogations concernant l’efficacité du multilatéralisme. Du texte d’intention à l’acte, il y a un grand pas. Surtout quand aucune contrainte n’est imposée.

R.C