C'est en 1971 qu'Alain Bourbonnais (1925-1988), architecte à Paris, et sa femme Caroline, ont fondé cette Fabuloserie, choisissant "l'art hors les normes" puisque Jean Dubuffet, le "Pape de l'art brut," s'opposait à ce qu'ils utilisent cette appellation "contrôlée". On ne sait où poser les yeux tant chaque pièce recèle d'astuces et de trouvailles. On y découvre des toiles en légumes recyclés, des paysages féériques en coquillages et vernis à ongle, des "voitures maboules" tout en engrenage. Kitch ? Archi-complètement ! Mais tellement réjouissante, à l'image du "Manège du Petit Pierre", une pure merveille qui mériterait d'être classée monument historique et dont l'histoire se doit d'être racontée.
"Petit Pierre", alias Pierre Avezard (1909-1992), garçon vacher, borgne et sourd, a tout utilisé pour se créer son monde idéal, loin des brimades quotidiennes : boîtes de conserve, morceaux de tôle, piquets de bois, pneus usagés... Il consacrait ses moments de loisirs à prospecter les décharges. Une fois découpé, limé, martelé, raboté et assemblé, l'ensemble représente son univers d'un exceptionnel foisonnement, avec ses voitures roulant sur la nationale, ses avions dans le bleu du ciel, ses cyclistes pédalant à toutes jambes, sa réplique de la tour Eiffel, son Moulin Rouge, son bal populaire où Petit Pierre s'est représenté dansant avec ses vaches, ce buveur crachant soudainement sur les spectateurs, ces pompiers les arrosant aussi... 40 ans pour tout inventer et monter. Sans l'intervention d'Alain Bourbonnais et de bénévoles qui ont tout remonté dans le jardin de la Fabuloserie depuis une ferme du Loiret, ce Manège ne serait plus aujourd'hui que rouille et vieux ressorts dézingués. Un art "hors les normes" à découvrir avec gourmandise.
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