Le château de Versailles, trop souvent considéré comme un seul lieu de loisir, est aussi le lieu du pouvoir, avec une cour savante où la science est omniprésente. En effet, Versailles, où tout se décide, ne peut négliger les enjeux de la recherche scientifique. Domaine où se sont illustrés nombre de savants pendant près de 200 ans. Grâce à des reconstitutions 3D, des animations et des vidéos, les espaces disparus du Château et de son domaine reprennent vie à l’écran, tels la Ménagerie exotique de Louis XIV ou l’ingénieuse Machine de Marly. Une partie pédagogique propose également des outils à destination des enseignants.
Pour ceux qui n’auront pas la chance d’y aller, je vous propose d’aller jeter un coup d’œil sur le site dédié à cette exposition hors du commun ici. Le site est magnifiquement bien fait, avec une sélection des pièces phare de l’exposition. Découvrez notamment ici, une sélection des objets les plus étonnants, choisis parmi les 400 œuvres réunies à l'occasion de cette exposition.
La Joueuse de tympanon
Vous aurez ainsi l’occasion d’observer le superbe androïde de la reine, réalisé par les Allemands Pierre Kintzing, horloger, pour le mécanisme et l’ébéniste David Roentgen, pour le meuble ; la robe date du XIXe siècle. Les automates circulent et attirent beaucoup la curiosité. Le tympanon aurait été envoyée à la cour de France par Roentgen et achetée en 1784 par Marie-Antoinette. Consciente de son intérêt scientifique et de sa perfection, la Reine la fait déposer au cabinet de l’Académie des sciences en 1785. La Tympanon est nommée du nom de l’instrument à cordes à huit airs dont l’androïde féminin joue en frappant les 46 cordes avec deux petits marteaux. La tradition veut qu’il s’agisse d’une représentation de la reine Marie-Antoinette.
Expérience aérostatique à Versailles
L’expérience aérostatique a été réalisée par Étienne de Montgolfier en présence du Roi, de la Reine et de la famille royale à Versailles le 19 septembre 1783. Il faut savoir que les présentations au roi et démonstrations devant la Cour constituent à l’époque la consécration suprême, équivalente à un prix Nobel. Elles ont aussi pour but d’obtenir l’acquisition par la Couronne ou de trouver des débouchés auprès des manufactures car les capitaux, tant ceux du Trésor royal que ceux des particuliers.
Les frères Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) Montgolfier obtiennent, grâce à l’Académie des sciences, l’autorisation de faire une démonstration de leur ballon à air chaud à Versailles. Dans l’avant-cour du château, le ballon azur, au chiffre du Roi, est accroché à 19 mètres de haut. Un panier d’osier lui est accroché, où sont enfermés un mouton, un canard et un coq : c’est le premier essai avec des êtres vivants. Une fois lâché, le ballon à air chaud monte à 500 m environ, vole huit minutes et atterrit à Vaucresson, sans dommage pour ses passagers. Le Roi, qui a observé l’ascension à la lunette depuis son appartement, reçoit Étienne de Montgolfieret lui témoigne sa satisfaction. En effet, si l’enjeu de la démonstration est important pour les inventeurs, leur assurant aux yeux de tout le soutien de Louis XVI, il l’est aussi pour le roi car, ce jour-là, à la Cour, se trouvent les délégations étrangères venues pour la signature du Traité de Paris. Le ballon à air chaud devient dès lors une invention royale illustrant l’ingéniosité française aux yeux des nations européennes. Et c’est du château de La Muette que le premier vol humain s’effectuera le 21 novembre suivant.
Pour aller plus loin : L’exposition Sciences & curiosités à la Cour de Versailles est ouverte du 26 octobre 2010 au 27 février 2011, de 9h à 17h30, dernière admission : 17h. (Attention : ouverture jusqu’à 18h30, dernière admission à 18h jusqu’au 31 octobre). Tarifs : - Passeport (accès au Château, aux châteaux de Trianon et au Domaine de Marie-Antoinette) : 18 €. (Attention : 25€ les 30 et 31 octobre en raison des Grandes Eaux musicales dans les jardins) - Billet Château (accès au Château et à ses expositions) : 15€ en tarif plein et 13€ en tarif réduit.
Partenaires de l'exposition, Les Cahiers de Science&Vie (article ici)vous font découvrir la place des sciences à la cour de Versailles. Quel lien pouvait-il exister entre le modernisme prôné par les acteurs de la révolution scientifique, et la monarchie absolue, longtemps associée à l'obscurantisme du pouvoir ? Quel terrain d'entente envisager entre les savants, auréolés d'une réputation de sérieux et de rigueur, et une cour clinquante réputée pour sa frivolité ? En se nourrissant l'un l'autre, Versailles et les hommes de science vont asseoir la puissance du royaume et aussi contribuer à diffuser la notion de progrès scientifique.