Hier, une "petite ville française" nous a rappelé l'éditorialiste football d'I-Television a pris la tête du championnat de Ligue 1. Avec une sorte de désespoir dans sa voix, il faisait la mou en nous annonçant la victoire de Brest contre St Etienne, 2-0 à domicile, s'interrogeant avec un mépris certain sur la valeur de notre championnat de France qui a désormais à sa tête un leader-promu.
Brest est en effet premier de la ligue 1 avant le Match Marseille-Rennes, et les médias font la fine bouche. Cette trajectoire remettant en cause sans doute les schémas footballistiques qui établissent que selon certains journalistes, seules les grandes équipes méritent une médiatisation de leurs victoires ou de leurs défaites même quand celles-ci n'ont pas grandes valeurs sur le plan sportif.
Pourtant, ce n'est surement pas le hasard, ou la chance qui ont conduit la cité du Ponant à prendre les rennes du championnat de France.
Il y a à d'abord à Brest, une histoire et une culture du football. Brest avant de descendre dans les abimes de la hiérarchie du football français avait déjà connu la ligue 1 pendant plus de 10 ans, faisant naitre de jeunes joueurs prometteurs comme Ginola, Martins, Le Guen, ou Guivarc'h.
Il y a eu certes la traversée du désert, la relégation vers le championnat amateur, et puis l'ascension petit à petit vers le retour au football professionnel en 2000. Déjà, on sentait lors de ces match de national une ferveur du public et si la victoire n'était pas toujours au rendez-vous, les supporters avaient retrouvé le plus important: l'envie.
L'année avant la montée en Ligue 1 fut sans doute l'année charnière, Brest relégable en national se devait de prendre son destin en main, au risque de retourner vers l'anonymat de la troisième division. L'arrivée d'Alex Dupont, changeait la donne l'année suivante, le stade Brestois ne montait pas, mais retrouvait légitiment la place qu'il avait temporairement perdue.
Le Stade Brestois, c'est donc aussi un entraineur qui à Brest se fait appeler "Sir Alex" comme l'entraineur d'autres rouges Alex Fergusson, entraineur de Manchester United. Pas de long discours et une humilité qui ont sans doute aidé à la construction d'une dynamique vers la victoire.
C'est également un Président discret, Michel Guyot, qui loin des gesticulations ridicules de Jean-Michel Aulas le Président de Lyon, avait dans sa voix hier soir sur France Info, une émotion fragile exprimant le bonheur de voir son équipe et une ville être joyeusement ce leader inattendu.
Le Stade Brestois c'est également des joueurs et hier on pouvait voir les dents du bonheur d'Ewolo, le capitaine-pasteur et la cohésion de ces jeunes footballeurs peu connus médiatiquement.
Alors certes Brest, ce n'est pas Lyon, ce ne sera jamais Marseille. Le stade Francis le blé n'est pas le Vélodrome, certes les moyens financiers ne sont pas les plus élevés du championnat de France, le jeu du Stade Brestois n'a rien de flamboyant mais pour l'instant il est efficace.
Alors messieurs les commentateurs, même si c'est temporaire, laissez nous savourer cette victoire et arrêtez de voir le Stade Brestois comme un épouvantail ou du poil à gratter. L'équipe a encore des choses à prouver, mais ne diminuons pas non plus le parcours de ces jeunes joueurs, en ce cessant de dire que si Brest est premier, c'est la faute au faible niveau du championnat de France.
Si Brest est premier, c'est aussi peut être parce qu'ici, on n'a pas de stars, mais on a une équipe.
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