Avant le sommet du conseil Européen de jeudi, la presse Européenne prédisait que l’accord Franco-Allemand conclu à Deauville aurait aussi bien pu être conçu au « pays imaginaire ». Les Etats membres résisteront et Markel et Sarkozy se retrouveront « isolés », disaient-ils.
Et même, aussi tard que cette semaine encore, les observateurs de l’Union Européenne basés au Royaume Uni, paradaient dans les nouvelles en train d’affirmer qu’un nouveau traité de l’UE était virtuellement impossible, juste un an après le passage en force du traité de Lisbonne.
Open Europe avance depuis des mois l’argument que Merkel est on ne peut plus sérieuse quand elle pousse pour un changement du traité, et qu’elle arriverait à le faire passer, si elle tapait du poing sur la table (l’exposition des contribuables Allemands aux emprunts sub-prime de la zone Euro est un indice, le besoin de faire face à des défis potentiels à la Cour Fédérale d’Allemagne, un autre).
Et ça ne pouvait pas manquer, vendredi la presse Allemande frétillait. Le gros titre du FT Deutschland disait « Merkel gagne à l’Europoker ». Die Welt écrivait « Merkel fait valoir sa volonté à Bruxelles ». Der Spiegel ajoutait son son de coche avec : »L’Europe face à la Chancelière de Fer ».
Dans un commentaire dans Handelsblatt, Thomas Ludwig écrivait que « Merkel et le gouvernement Allemand ont gardé leur sang froid dans les négociations pendant le sommet, et au bout du compte, ont fait valoir le meilleur argument ». Il félicite aussi le Chancelier Allemand « pour avoir été tétue » et dit que « ça paiera pour la zone Euro dans le futur ».
Handelsblatt nous rapporte aussi que Merkel défendait la suspension des droits de vote pour les membres qui bafouillent les règles budgétaires purement « pour des raisons tactiques ». En réalité, son but premier était de pousser un mécanisme de crise permanent pour la zone Euro, ce avec quoi la plupart des Etats membres étaient déjà d’accord comme voie à suivre. En d’autres termes, elle a mis sur la table un concept aberrant et laissé les Etats membres libres de les rejeter, pavant ainsi le chemin pour l’accord qu’elle cherchait réellement à obtenir.
Merkel vient de donner à ses collègues de l’UE une leçon sur comment faire avancer les choses en Europe. Y-a-t-il quelqu’un qui prend des notes, du côté de Whitehall?
Un article repris du blog d’Open Europe avec l’aimable autorisaiton de ses responsables.