Régis Hautière est un auteur dans le vent. Ayant compris les règles de la profession, il s’y adonne avec passion et simplicité. S’il multiplie les projets chez plusieurs éditeurs, il soigne la réalisation avec une écriture fine et alerte. Il veille aussi au bon tandem avec les dessinateurs qui l’accompagnent. Du coup il devient une valeur sure capable de toucher à tous les sujets. Pour la sortie de son nouvel album De Briques et de Sang, un voyage de presse a été organisé par le label KSTR sur le théâtre de ce polar historique. Occasion de découvrir un lieu magique, berceau d’une utopie sociale créée au 19e siècle et surtout de nous entretenir avec un auteur passionnant et passionné par son sujet.
Vous écrivez un polar dans un lieu totalement atypique, le Familistère de Guise. De quoi s’agit-il ?
C’est à la fois un lieu et une expérience fabuleuse, de type fouriériste. Le Familistère de Guise est la seule utopie sociale qui ait vraiment réussi et duré plus d’un siècle. En 1846, l’ingénieur et industriel Jean-Baptiste Godin a créé à Guise l'entreprise de fabrication des poêles en fonte qui porte encore son nom aujourd’hui. A partir de 1860, il lance la construction, à proximité de l’usine, d'un ensemble de bâtiments : le "palais social", d'abord, où vont venir vivre les employés de l'usine qui le désirent, puis des magasins, une piscine-buanderie, un théâtre, des écoles, une pouponnière (c'est-à-dire une crèche, ce qui est en soi révolutionnaire pour l’époque), des jardins d’agrément... C'est cet ensemble de bâtiments, usine comprise, qui constitue le Familistère de Guise.
D’où vous vient l’intérêt pour ce lieu ?
J'ai découvert le Familistère un 1er mai. Dès le début de l'expérience familistérienne, deux temps forts rythmaient chaque année la vie de la communauté : la fête de l’enfance et celle du travail. Je crois que c’est le premier endroit au monde où le travail a été célébré de cette façon. Depuis le lancement en 2001 du programme de rénovation des bâtiments, le projet Utopia, le Familistère est de nouveau le théâtre de grandes fêtes chaque 1er mai. A cette occasion, le lieu est investi par des artistes et des troupes de spectacles de rue. Ca lui donne un aspect très vivant. Je suis reparti de cette visite avec l'envie d'y raconter une histoire. J’ai entraîné David François là-bas quelques mois plus tard et il a ressenti lui cette envie.
Propos recueillis par Manuel F. Picaud en octobre 2010
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Photo de Régis Hautière et David François au Familistère de Guise © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Croquis de la scène du 1er mai - page 98 de l'album de Briques et de Sang © Régis Hautière et David François / KSTR
Photos du Familistère et d'un Poêle Godin © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Remerciements à Kathy Degreef – éditions Casterman