No Age et Abe Vigoda au Romandie

Publié le 30 octobre 2010 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

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No Age et Abe Vigoda - Le Romandie, Lausanne

En concert au Romandie de Lausanne (CH), lundi 25 octobre 2010

Categories: Concerts

REVIEW La preview annonçait un lundi 25 octobre frisquet, il fut glacial. La preview annonçait des concerts fiévreux, ils furent complètement malades.

Malades

Les attentes pour les concerts d’Abe Vigoda et No Age étaient énormes. C’est en effet pas souvent qu’on a la possibilité d’écouter en live deux des groupes incontournables de la scène musicale de Los Angeles. Les attentes étaient énormes mais elles furent comblées. C’est d’abord Abe Vigoda qui entre en scène face à un public qui les connaît peu. Le chanteur guitariste, genre gros nounours à mèche, l’immense bassiste taciturne, le batailleur sautillant et surtout le bavard au clavier, tout est réuni pour faire d’Abe Vigoda un groupe sympathique, tout heureux de faire une tournée européenne et de découvrir les joies touristiques (ah la cathédrale de Lausanne !). Au niveau musicale, le concert vient confirmer ce qu’une première écoute du dernier album ainsi qu’un concert l’an dernier à Los Angeles avait déjà indiqué : les nouvelles chansons sont ce que le groupe a fait de mieux et surtout ce qui sonne le mieux en concert. L’utilisation d’un synthé au son pop sans être propre apporte une nouvelle dimension mélodique aux chansons d’Abe Vigoda et préserve de la répétition, que l’on ressentait parfois sur les premiers albums du groupe. Leur punk tropical se transforme alors en quelque chose à l’hybridité jouissive. Un pote se plaignait en disant que c’était un mélange bizarre entre du punk californien et une sorte de new wave. Ben ouais ! C’est justement ça qu’est génial. Si la dernière mutation d’Abe Vigoda laissait craindre à l’écoute du CD que l’énergie punk finisse par souffrir de la nonchalance dandy, ce concert prouve qu’il n’en est rien. Le groupe joue avec simplicité et aligne les titres démentiels où viennent s’entrechoquer punk, guitare tropicale et synthés entrainants. Même les titres des anciens opus s’en trouvent enrichis. « Sequins » qui lance la soirée et « Trowing Shade » resteront sûrement les grands moments du concert. Le public, du moins les premiers rangs, hoche de la tête et gesticule de manière convaincue. Y en avait même un qui dansait au premier rang !

Puis place à du plus solide avec No Age. Commençons avec le sale bouleau, comme ça c’est réglé : les projections présentes derrière le groupe. C’est pas parce vous avez un pote qui s’ennuie en tournée, qu’il faut le laisser utiliser sa nouvelle caméra. Des effets bidons, répétitifs et énervants. Des images qui reprennent les plus gros clichés de la scène californienne (des skateurs qui tombent, super !). Bon au moins l’avantage, c’est que c’est des projections qui ne détournent pas l’attention et le public peut se concentrer sur le son. De ce côté, c’est sûr que la différence avec Abe Vigoda saute aux yeux. Autant ces derniers avaient un côté brouillon et insouciant, autant le son de No Age est parfaitement réglé. Du moins du côtés des deux principaux protagonistes : Randy Randall à la guitare et Dean Spunt à la batterie, les deux jouent ensemble depuis pas mal de temps et ça se sent. Le duo est maintenant complété pour les concerts d’un troisième larron, qui s’occupe uniquement des sample. On a cru comprendre que c’était parce que Dean Spunt en avait marre d’à la fois chanter, jouer de la batterie et s’occuper de lancer les sample. On peut comprendre ça mais malheureusement ça a comme conséquence qu’il y a un peu trop de bruit tout le temps, la nouvelle recrue étant bien décidé à ne pas rester à se tourner les pouces.

Imiter Dee Dee Ramone

A l’arrivée du groupe sur scène, le public est un peu refroidi par le côté un peu méprisant de Dean Spunt, surtout en comparaison des potaches Abe Vigoda. Mais tout est pardonné, tant No Age donne tout sur scène. Le t-shirt de Dean est de plus en plus composé de sueur et de moins en moins de tissu et Richard Randall balance sa guitare dans tous les sens et l’exhibe tel un trophée. Rare sont ceux qui résistèrent à ce violent mélange de noise et de mélodies presque indérock, qui fait tout le génie de No Age. Le groupe évite tout autant les longs morceaux bruitistes ennuyeux que le côté rébarbatif et limités des chansons rock. Le live joue également le rôle de révélateur. En effet un aspect qu’on trouvait finalement moins présent sur leurs albums que le noise ou l’indérock, surtout pour leur dernier opus, devient évident quand on les entend en concert : No Age a un énorme background punk. L’énergie, la rapidité et la hargne sont indubitablement là. Richard Randall va même jusqu’à imiter Dee Dee Ramone en reprenant son 1-2-3-4 et sa posture jambes écartées. Bien plus, le mec au premier rang qui hoche la tête a un insigne Black Flag sur sa veste ; l’authenticité punk est assurée. « Fever Dreamin » était déjà violente sur album, en live elle est juste monstrueuse. Les grandes chansons de Everywhere in Between sont au rendez-vous et sonnent encore plus hargneuse en live. « Life Prowler », « Glitter » déchirent, la nonchalance de « Common Heat » séduit et les anciens anthems comme « Eraser » et surtout la démente « Sleeperhold » ne sont pas oubliés. Un concert furieux qui laissera le public avec un mal de nuque et les oreilles nettoyées.

Bref, pour moi, ce fut sans aucun doute une des meilleures soirées qu’ait connues le Romandie, nouvelle version. Avec deux groupes qui partagent le même background mais en font un usage totalement différent. Deux groupes dont le son live a une identité différente de l’album. Une façon parfaite de lancer cet automne plein de concerts et une saison alléchante du côté du Romandie.


Ecrit par Pierre Raboud // Photos © Mehdi Benkler - Le 30 oct 2010


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