L’appât du sein ?

Publié le 30 octobre 2010 par Kamizole


Tant que le monde sera monde, il y aura des escrocs et des voleurs qui ne manqueront jamais de “ressources” pour imaginer les moyens de plumer leurs victimes en utilisant les moyens du bord. Le Web étend considéra-blement leur champ d’action en leur donnant de surcroît une quasi impunité grâce à l’anonymat et à l’impossibi-lité pour l’internaute lambda de savoir où ils opèrent : en France ou à l’étranger ?

Nous connaissions déjà un certain nombre d’arnaques classiques : les mails demandant d’investir une somme non négligeable pour débloquer les fortunes considé-rables d’anciens potentats africains avec promesse d’une bonne ristourne, les faux courriels des banques ou organismes ayant pignon sur rue, prétextant un quelconque incident pour vous demander de cliquer sur un lien afin de réinitialiser vos coordonnées. Et mon monde code de carte bleue, pendant qu’ils y sont ?

C’est la tactique dite du “phishing” : contraction des mots anglais «fishing» (pêche, en français) et «phrea-king» (piratage de lignes téléphoniques). Les Québécois - jamais à court d’idées intelligentes et de trouvailles savoureuses pour franciser les termes de l’affreux pidgin américanisé - ont créé le terme «d’hameçonnage» qui me paraît autrement parlant, préférable à l’inepte «filoutage» choisi par la française “Commission géné-rale de terminologie et de néologie” en 2006… Il faut être stupide à souhait pour penser et espérer modifier l’usage de langue française administrativement ! De surcroît, le mot n’est guère élégant comparé à “filouterie” (datant de 1644).

Or donc, l’hameçonnage est une technique utilisée par les fraudeurs dans le but d’obtenir des renseignements personnels – mots de passe, numéro de carte de crédit, date de naissance et lieu de naissance - très utile pour les usurpations d’identité dont le nombre aurait considérablement augmenté ces dernières années : il leur suffit ensuite de réclamer un extrait d’acte de naissance pour faire établir une vraie-fausse carte d’identité à leur nom, seule la photo est différente ! et comme la carte émane des services officiels, la supercherie est indétectable au premier abord - la technique des filous consistant à se faire passer pour un tiers de confiance : banque, administration, etc.

Pour ma part, j’en ai reçu un grand nombre de ces courriels, prétendument d’Orange. La plupart du temps, point ne m’était besoin de me creuser les méninges tant les fautes grossières de français en signaient l’origine bien loin des frontières de l’Hexagone. Ensuite, étant sans doute peu au courant du montant normal des factures, ils n’hésitèrent pas à prétexter un incident de paiement de 500 euros ! Bin voyons ! Comme si je pouvais être redevable – pour un abonnement mensuel - d’une somme dépassant la moitié de ma retraite…

En revanche, ils me mirent une fois quelque peu la rate au court-bouillon en prétextant – ils étaient devenus plus réalistes – un incident portant sur 40 à 50 euros. J’étais alors en délicatesse avec ma banque et déjà passablement angoissée. D’autant que cette fois-là le courriel était bien imité, comportant même l’identité du responsable qui en général figure sur les vrais courriels d’Orange. Après avoir passé un peu de temps à me faire du mouron, j’eus le réflexe de consulter mon compte sur Orange et celui de ma banque : la dernière facture avait été réglée. Ouf !

Un conseil pour savoir si vous avez affaire à des malfrats ou à un organisme de confiance : copiez-collez le lien. S’il s’agit d’une arnaque, il sera des plus fantaisiste. Mais surtout, ne l’ouvrez jamais !

Ce matin, un article de 20 minutes nous en dit long sur la nouvelle arnaque du Web : le chantage à la poursuite pour pornographie qui vise les personnes qui fréquentent les «chats» érotiques. La victime est appâtée par une personne qui lui demande «d’être son contact». Une fois les deux interlocuteurs installés devant leur webcam, et la discussion devenant chaude, l’escroc pousse sa victime à se dévêtir et à exécuter des gestes à conno-tation sexuelle.

Si la personne y a consenti, elle reçoit quelques jours plus tard un mail émanant prétendument de «de la gendarmerie nationale de France», «d’Interpol» ou encore de «l’ambassade de France en Côte d’Ivoire» - je me demande bien ce que la Côte d’Ivoire vient faire là ! – qui, logos officiels à l’appui, l’informeront qu’elle a «commis une infraction pédo-pornographique» passible de poursuites.

D’abord, je ne pense pas que la gendarmerie ou Interpol aient pour habitude de contacter les auteurs d’infraction par mail. Ensuite, et c’est là que commence l’arnaque, on lui propose une transaction pour éviter les poursuites. Assortie de la menace de voir l’enregistrement de la scène pornographique à laquelle elle a participe diffusée sur le web… Alors, là ! si les victimes sont assez stupides pour croire que des policiers ou des gendarmes - à moins d’être aussi ripoux que ces escrocs - se livreraient à un tel chantage en demandant aux personnes incriminées de procéder à un virement de 1000 à 3.000 euros, surtout sur un compte Western Union…

Déjà, un premier conseil : sauf avec des membres de votre famille, des amis proches ou des commerçants que vous connaissez, n’acceptez jamais aucune transaction sur un compte Western Union ! Les plaintes ne manquent pas et les personnes qui se sont fait avoir – surtout pour des échanges avec le Bénin, je ne saurais dire pourquoi mais un grand nombre de récriminations concernaient des ressortissants béninois ou se disant tels - n’ont jamais récupéré ni leur argent ni le bien qu’elles avaient réglé.

Pour les transactions par internet, il est nettement préférable de s’en tenir aux sites connus et sécurisés et/ou par exemple de passer par Paypal qui enregistre de manière sérieuse les coordonnées des clients et se retournera éventuellement contre les personnes indéli-cates.

Or donc, concernant cette tentative de chantage, deux hommes ont récemment porté plainte en Gironde, selon le groupement départemental de gendarmerie qui a dévoilé l’affaire mais une cinquantaine de plaintes auraient été déposées en France, émanant d’hommes et aussi de femmes. Il est d’ailleurs vraisemblable qu’il ne s’agit là que de la face émergée de l’iceberg et qu’un nombre bien plus importants de personnes en ont été victimes. Ont-elles payé ou rigolé au nez des escrocs ? L’histoire ne le dit pas.

Il n’y a pas grand chose à faire s’ils opèrent depuis l’étranger. En revanche, s’ils agissent en France, on peut imaginer que les gendarmes parviennent à les identifier - s’agit-il d’un réseau maffieux qu’il serait intéressant de démanteler ? Ce ne serait pas la première fois qu’ils mènent ce genre de traque patiente, le plus souvent en se faisant passer pour une victime potentielle ou en utilisant les services d’un intermédiaire en qui ils ont confiance et qui leur servira de “chèvre”.