Open Five est visible ICI, pour un temps limité.
Magazine Culture
Nouvelle ère, nouveaux medias, nouveaux supports pour diffuser l’art. Soit Kentucker Audley, un américain plutôt talentueux, cinéaste et musicien, qui décide de tourner Open Five, avec un bugdet riquiqui, des acteurs non professionnels et un tournage express. Diffusé en ligne, cette œuvre indépendante qui se réclame du courant mumblecore (comprendre film fauché et scénario improvisé) utilise l’internet à la fois comme moyen de diffusion et de promotion, redéfinissant ainsi le rapport du spectateur au cinéma, et vice versa. Le concept est intéressant, et permet – entre autres- de s’interroger sur la place du 7ème art dans une société gangrénée par le téléchargement et la consommation de masse. A l’heure où les studios règnent en maître, et où les plus petits films ont grande peine à se faire une place dans le monde impitoyable des distributeurs, Audley innove. Un peu comme Godard qui diffuse son Film Socialisme en VOD avant sa sortie. Ou Loach qui décide de poster ses films sur YouTube. D’ailleurs, Audley possède plus d’un point commun avec de grands cinéastes. En visualisant son film (sec, atmosphérique, d’une durée d’une heure), on pense notamment à Soderbergh (pour le visuel) ou Mendes (pour le regard sur le couple proche d’Away we go), Open Five se situant au croisement d’un Girlfriend Experience et d’un Once (de John Carney). Le cinéaste balade ainsi sa caméra sur deux couples, au cœur de Memphis, et suit les mouvances de personnages typiques au genre, soit- surtout- le trentenaire un peu paumé, perdu entre une conception idéaliste de la vie et de l’amour, et la réalité d’un monde en demande de certitudes et d’ambitions. Audley, lui, prouve qu’il n’en manque pas, se montrant convaincant jusqu’au bout dans une démarche novatrice à défaut de révolutionnaire (le concept du film fait maison), qui vaut le coup d’œil et sur la toile, et pour une toile.