Le culte des nombres

Publié le 07 janvier 2008 par Jotbou
Réflexion

L‘information télévisée me fait poser beaucoup de questions ces derniers temps et cette fois-ci c’est l’omniprésence de nombres qui me fait réfléchir.

Car vous l’aurez sans doute remarquer mais depuis quelques mois, la majorité de l’information qui nous est donnée l’est sous forme de nombres. Et c’est très souvent le milieu de la politique qui s’exprime de cette manière. Quelques exemples qui illustrent cela : 15 milliards de paquet fiscale, 25 000 reconductions aux frontières, plusieurs milliards de contrats signés par delà le monde etc.

Et cela m’interpelle dans le sens où, il semble que pour que l’information puisse être intelligible, la mise en avant de nombre est devenue inévitable. Alors à cette nouvelle dominance informationnelle, je souhaite simplement mettre un passage tiré du livre de Hélène Duccini, “La télévision et ses mises en scène” (Armand Colin, 128) :

Dans la télévision du message, les journalistes et les hommes politiques se font vulgarisateurs. La langue courante doit être utilisée à 80 % soit deux mille mots au plus. La langue du journal télévisé est pauvre, elle est faite de phrases courtes, exprime des idées simples. Elle dit des faits plus qu’elle n’apporte des explications.

Ce paragraphe conforte l’idée que je développe ici à savoir qu’un journal télévisé ne peut (ne veut) pas s’exprimer via une formulation différente qui permettrait sans doute une base d’interprétation différente. Mais à cela, on préfère largement résumer tant que l’on peut l’information à des nombres chocs qui sous leurs coupoles se doivent de faire le point sur un évènement complet. Mais de manière général, ce chapeautage éclipse partiellement tout ou partie d’un sujet.
Dans un sens c’est réducteur, puisque cela envisage l’information sous une forme très rigide, qui bride le débat puisque discuter à propos de chiffres n’est jamais constructif car chacun peut apporter sa donnée contradictoire qui rend l’échange caduque. En même temps, il faut aussi mettre en avant un objectif de concision de la part des journaux, qui peuvent voir en ces chiffres une compression d’un temps d’explication gagné.

Alors veillons simplement à ce que l’information ne se cantonne pas à un bilan chiffré mais continue également un travail d’investigation, d’interprétation, d’explication argumenté.