Et là encore surprise-surprise que de découvrir George Clooney, silencieux et hagard, insondable dans la peau d’un tueur à gages qui aimerait bien se ranger des voitures.
Le beau gosse a remisé sa panoplie, pour se mettre à nu, dans un de ses plus beaux rôles. Il n’est même pas question de performance d’acteur, mais de l’expression même de ce que doit être un acteur. Des sentiments, des pulsions, par un geste, un regard, une mimique.
Le curé du village (Paolo Bonacelli) conserve lui aussi sa part de mystère.
A l’image de la conduite de ce thriller, sans effusion ni suspense outrancier. Aucun effet, rien que du vrai.Tout ici est dans l’introspection, l’attente, le regard. Ca peut paraître austère alors que c’est d’une totale pureté.
A la limite l’histoire pourrait se résumer à ce portrait d’homme, acculé dans ses retranchements. Un homme bien mystérieux : hors mis son statut d’assassin professionnel, au service d’un parrain italien , que sait-on de lui ?
On veut le tuer, le film commence ainsi, et c’est une ouverture merveilleuse, qui donne à la fois le ton général et vous scotche irrémédiablement pendant 100 minutes à votre siège.
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Sur l’ordre de son commanditaire transalpin, Jack se réfugie dans un petit village haut perché des Abruzzes, où il reçoit sa dernière mission : fabriquer une arme sophistiquée pour une femme tout aussi étrange que ce film (la Néerlandaise Thekla Reuten). Le mystère qui accompagne sa relation avec une ravissante prostituée ( l’Italienne Violante Placido ) ne lui facilite pas les choses .
Violante Placido
Thekla Reuten
Je ne connais quasiment rien de ce cinéaste néerlandais, Anton Corbijn mais son plaisir du cadre et de la mise en scène est d’une évidence tellement criante ici qu’elle vous porte à la limite plus que ce récit, avare de sentiments et d’émotions. « Les histoires de rédemption m’ont toujours intéressé », déclare-t-il. « Je pense qu’il y a toujours un moment dans la vie où l’on se demande si l’on ne pourrait pas tout changer ».
Dans la peau du rôle-titre George Clooney, est magnifique, et si les seconds rôles l’accompagnent joliment, on retient avant tout cette posture, cadrée à la perfection dans le silence des montagnes italiennes. Corbijn prend son temps pour y installer son personnage et le suivre de la même manière, dans les ruelles des petits villages qui tout aussi belles soient-elles deviennent à chaque seconde, des traquenards à vous donner l’envie d’aller voir ailleurs. Mais n’en faites rien, le charme naturel transalpin a bien des ressources, et ce film en tire toute la quintessence.