Résumé: En vacances en Allemagne, deux étudiantes Américaines ont la malchance de croiser la route d’un chirurgien à la retraite adepte des experiences contre nature. Son dernier projet : créer un mille-pattes humain en reliant les bouches et les anus de pauvres victimes.
Certains films, de par leur sujet, parviennent au travers de seulement quelques images à susciter à la fois un profond dégoût et une curiosité dérangeante. The Human Centipede fait assurément partie de cette catégorie. Une fois que l’on a pris son courage à deux mains et lancé le film, reste à savoir si celui-ci est aussi dérangeant qu’il le laissait entendre. Dans le cas de The Human Centipede, la réponse est finalement en demi-teinte.
A vrai dire, la partie du film la plus dure à encaisser est celle précédant la fameuse opération. D’abord parce que les actrices incarnant les deux étudiantes ne jouent pas extrêmement bien et débitent leurs dialogues de façon assez mécanique. Ensuite parce qu’évidemment on ressent le stress de l’arrivée du moment fatidique où le chirurgien va mettre son immonde projet à exécution. Tom Six l’a bien compris, rien de pire que de laisser son cerveau galoper et imaginer l’horreur plutôt que de la montrer. Il joue donc consciemment de ce mélange d’attraction et de répulsion suscité par son sujet, et prend délibérément son temps, n’en montrant pas plus que nécessaire. Un inquiétant hôte, des tableaux difformes de siamois, une tombe discrète sur laquelle est marqué « à mon cher triple chien », une villa à l’atmosphère froide et clinique, c’est tout ce qui lui est nécessaire pour faire naître un profond malaise. Malaise qui atteint son paroxysme lorsqu’il explique à coups de dessins grossiers à ses pauvres victimes l’opération qu’elles vont subir. Opération dont on ne verra au final pas grand-chose, et encore une fois, c’est tout à l’honneur du réalisateur.
Du coup, la seconde moitié du film, une fois l’opération pratiquée, est un peu moins choquante. D’abord parce que le réalisateur a l’intelligence de ne pas céder au voyeurisme et de ne pas insister sur les détails scabreux (le passage obligé où la personne en tête du mille-pattes va avoir envie de déféquer). Ensuite parce que cette seconde partie prend un virage inattendu en proposant un certain humour. De l’humour noir et tordu, mais de l’humour quand même, sans toutefois tomber dans la gaudriole. Difficile par exemple de ne pas esquisser un sourire gêné lorsque le chirurgien tente d’apprendre à son nouvel « animal de compagnie » à ramener le journal comme un bon toutou. Une bonne partie de cet humour et de l’intérêt du film repose d’ailleurs sur l’affrontement psychologique entre l’halluciné chirurgien (Dieter Laster, complètement allumé et génial) et le combattif touriste japonais en tête du mille-pattes (Akihiro Kitamura). Les deux jeunes filles sont un peu en retrait (normal vu qu’elles sont muettes), mais Tom Six n’oublie pas de rendre leur amitié assez touchante grâce à de petits détails émouvant (un plan sur leurs mains qui se serrent, la jeune fille au milieu du mille-pattes qui se constipe sciemment pour épargner un minimum son amie).
Malheureusement, il manque tout même au film un but ou tout du moins un point de vue, pour véritablement marquer. Car au final, il repose quasiment entièrement sur son postulat de base, sans aller plus loin, ni proposer aucune réflexion. Une carence dommageable qui empêchera certainement le film de demeurer mémorable une fois le buzz retombé. Peut-être que Tom Six corrigera ce défaut dans la suite du film actuellement en post-production…
Note : 6/10
Pays-Bas, 2009
Réalisation : Tom Six
Scénario : Tom Six
Avec : Dieter Laster, Ashley C. Williams, Ashlynn Yennie, Akihiro Kitamura