Gel du budget? Quel gel du budget? Le sommet de l’UE d’avant hier a confirmé la hausse exigée par la commission Européenne. Hausse, comprenons nous bien, en sus de celle qui est déjà intégrée dans le budget 2011. Rappelons que la part du Royaume Uni dans cette nouvelle hausse -pas la part du budget, la part de cette hausse- est de 380 millions de Livres Sterling.
Avec tous ces postes coupés dans les services publics britanniques, ça vaut la peine de calculer cette somme en termes de salaires du secteur public. 380 millions de Livres Sterling pemettraient de payer
- 6.020 docteurs
- 12.670 infirmières
- 14.640 agents de police
- 22.330 simples soldats
En quoi une telle hausse est-elle une concession fait à la Grande Bretagne, en retour de laquelle nous devrions être prêts à être d’accord pour un nouveau traité? Pourquoi, alors que tous les 27 Etats membres cherchent à faire des économies, devrions nous accepter une augmentation quelle qu’elle soit? Et pourquoi, au moment précis où les opposants à l’Euro se voient justifiés, devrions nous être d’accord pour donner à l’UE plus de pouvoir de gouvernement économique?
Le sommet d’avant hier avait tout à voir avec l’harmonisation fiscale. Comme ce blog le prédit depuis longtemps, les eurocrates répondent à la crise financière avec une massive main basse sur le pouvoir qui affectera la Grande Bretagne, qu’elle rejoigne l’Euro ou non. Les députés de Westminster se verront bientôt demander d’approuver des plans pour la surveillance par Bruxelles des budgets nationaux. La City de Londres sera sévèrement désavantagée par les nouveaux régulateurs financiers de l’UE. La semaine dernière, la commission Européenne a produit une « liste non exhaustive » de manières de se rendre financièrement indépendante des Etats membres, y compris « la taxation du secteur financier, des revenus de l’UE de la vente aux enchères des permis d’émissions de CO2, une charge de l’UE sur le transport aérien, une taxe de l’UE sur l’énergie, et un impôt sur les sociétés de l’UE. » Rester en dehors de l’Euro ne nous inoculera contre rien de tout cela.
La Grande Bretagne, parlons peu, parlons bien, se voit demander de payer pour les erreurs d’autres pays. Bien que nous ayons décliné de rejoindre l’union monétaire Européenne, nous nous voyons néanmoins entrainés dans ses convulsions. Ces députés travaillistes qui font un tel tapage sur les plans du chancelier de l’échiquier George Osborne de retancher 7 milliards de Livres Sterling dans le budget de l’Etat providence, feraient bien de se rappeler que le dernier acte de son prédécesseur Alastair Darling a été d’accepter un passif de 8 milliards pour le sauvetage de la Grèce. L’idée que plus d’intégration économique Européenne n’affectera pas les Etats qui sont en dehors de la monnaie unique, est déjà invalidée par les évènements.
Résumons nous donc, on nous demande d’être d’accord sur une mauvaise chose (une hausse supplémentaire du budget de l’UE), en échange pour une autre mauvaise chose (un nouveau traité qui donne plus de pouvoir à Bruxelles). Ceci me frappe comme étant un très mauvais accord. Mais ce que j’en pense n’a aucune espèce d’importance. Ce qui compte, c’est ce qu’en pense l’électorat Britannique.
Quand les conservateurs sont revenus sur leur engagement pour un référendum sur le traité de Lisbonne, ils ont promis qu’il y aurait un vote sur tout nouveau traité qui transfère de nouveaux domaines significatifs de pouvoir à Bruxelles. J’ai l’impression que les ministres sont en train de chercher une manière pour éviter un tel référendum. Il peuvent toujours tenter d’avancer l’argument que tout nouveau traité ne transfère pas de nouveaux domaines de pouvoir à Bruxelles, mais de nouveaux pouvoirs dans un domaine existant; ou bien que les nouvelles compétences cédées ne sont pas significatives.
Mais cette question a une portée au delà de l’argent et, en fait au delà même de l’Europe. Refuser à la Grande Bretagne un référendum sur l’Europe pour la deuxième fois dégraderait la confiance qu’ont les gens dans les institutions démocratiques; ou encore, pour le mettre sous un jour positif, leur en accorder un permettrait de couvrir un grande partie du chemin vers la restauration de la légitimité des députés. J’espère qu’au lieu de reculer devant le résultat probable, les politiciens se poseront la question de savoir s’il est bon par principe d’organiser ce référendum. Les Britanniques peuvent montrer leur soutien en signant l’engagement que voici.
Un article repris du blog de Daniel Hannan hebergé par le Telegraph, avec l’aimable autorisation de son auteur.