Sur cette base, Le gouvernement américain annonce donc en Septembre 2009, une hausse des tarifs douaniers sur ce type de pneumatiques chinoises pour une période de 3 ans. Il se réfère pour cela à l’article 16 du protocole d’accession de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui lui permet de prendre des mesures restrictives, si la hausse importante des importations chinoises risque de causer « une désorganisation du marché pour les producteurs nationaux de produits similaires ou directement concurrents ». Rappelons à ce propos que cet article est à l’origine une proposition des Etats-Unis.Ces mesures interviennent dans un contexte mondial marqué par la montée en puissance de la Chine au niveau commercial qui est devenu le premier exportateur mondial de pneumatiques du fait de son offre sur les poids lourds.
Face à ces mesures, le gouvernement chinois saisit immédiatement l’organe de règlements différents de l’OMC pour des consultations avec les Etats Unis. Les chinois jugent notamment ces mesures injustifiées sur la base de l’article 16 et non conforme aux accords de l’OMC sur la libéralisation progressive du commerce. Ils remettent en cause le niveau des tarifs et leur durée. Pour eux, les importations chinoises qui concernent plus les pneumatiques de bas de gamme ont augmenté du fait de la fermeture d’entrepôts de firmes américaines telles que Goodyear qui se focalisent plus sur des pneus de qualité.
De plus, les Etats unis ont agi de manière stratégique en prenant de telles mesures pour une durée de 3 ans dès la fin de l’année 2009 car l’article 16 du protocole d’accession ne sera plus applicable en 2013. Les mesures sont appliquées depuis fin Septembre 2009 et ont entraîné une baisse de 40% des exportations chinoises de pneus vers les Etats Unis selon les journalistes de China Daily lors du Salon du Pneu d’Essen. Dans la guerre commerciale entre les deux puissances, avec la Chine qui veut profiter de l’ouverture des marchés et les Etats Unis qui veulent protéger les secteurs clés de l’économie, le cas du secteur de la pneumatique est un exemple parmi tant d’autres. La guerre informationnelle est également de mise puisque les experts commerciaux des deux pays sont à armes égales sur le plan des connaissances. Aux Etats Unis, l’article 16 est mis en avant pour démontrer le caractère non protectionniste des mesures et la Chine est considérée comme le bouc émissaire indiqué pour le mal être du secteur par les syndicats de producteurs. En Chine comme aux Etats Unis, les sentiments nationalistes sont également exacerbés pour détourner l’attention de la hausse des inégalités dans le pays.
Par ailleurs, comme l’ont remarqué un certain nombre d’analystes, les deux tiers des pneus chinois exportés vers les Etats-Unis sont fabriqués par quatre sociétés américaines produisant en Chine. Etant donné la mondialisation, les taxes vont plutôt provoquer un déplacement de la production de pneumatiques de la Chine vers d’autres sites de production à faible coût tels que la Corée du Sud, la Pologne et le Mexique.
Malgré les interdépendances entre les deux économies, le marché américain qui est le principal débouché pour les producteurs chinois et la Chine qui finance la dette américaine, les différends commerciaux ne sont pas rares. De ce fait, les échanges commerciaux entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader au détriment des Etats Unis. D’autres barrières telles que les normes environnementales pourraient également être mis en avant en fin d’application de l’article 16 par les Etats Unis.
Le comité spécial de l’OMC qui planche sur ce différend rendra ses conclusions en Novembre.
Affaire à suivre donc…