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Le visage de Dieu

Publié le 30 octobre 2010 par Jlhuss

bogdanov.1288338344.JPGRien que ça, le visage de Dieu … ambitieux le titre des frères Bogdanov. D’autant plus que le sujet est extrêmement périlleux : science et spiritualité. Déjà que science et philosophie, ce n’est pas simple, que cela devient franchement délicat lorsqu’on commence à attaquer la métaphysique, alors la spiritualité pensez donc ! En outre, de nombreux mouvements rationalistes sont là pour veiller au grain. Alors, pour éviter une descente en flammes quasi-assurée, ou pour y résister honnêtement, il vaut mieux :
-   Etre autant que possible inattaquable sur la partie scientifique, ce qui n’est pas vraiment le cas des frères Bogdanov comme explicité plus loin.
-   En connaître un rayon sur la philosophie des sciences ainsi que sur les débats virulents qui ont déjà eu lieu à propos de certains sujets, ce qui ne semble pas non plus le cas des frères Bogdanov vu la manière dont ils se jettent gaiement dans la gueule du loup.
-   Et surtout bien préciser pour chaque point abordé de quoi l’on parle exactement : science, vulgarisation, philosophie, science-fiction, spéculation, métaphysique, culture, spiritualité … là encore ce n’est pas le cas des frères Bogdanov qui mêlent entre autres science, intuition et spéculation sans spécifier clairement ce qui relève des deux dernières.

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En fait, pour tout dire, au moins 99.99% de ce qui peut être écrit sur ce genre de sujet ne passe pas le cap d’une critique en règle méthodique et rigoureuse de chaque étape de raisonnement. De nombreux scientifiques en ont fait les frais. Pourquoi ? Tout simplement d’une part parce que la mise à l’épreuve par la critique scientifique est on ne peut plus normale lorsque l’on parle de science, et d’autre part parce que le sujet est connu pour donner lieu à d’innombrables abus, petits ou grands, et malheureusement le plus souvent volontaires. A tel point qu’il vaut mieux être un grand scientifique, à la légitimité scientifique incontestée, pour s’aventurer sur ce genre de sujet. Ainsi, avec une attitude honnête, au pire on risque un dérapage philosophique et au mieux on peut espérer voir ses réflexions reconnues pour la qualité des considérations philosophiques, spéculatives ou culturelles qu’elles constituent, même si elles peuvent être loin de faire l’unanimité. Sans aller nécessairement jusqu’à la spiritualité, certains auteurs s’en sortent plus qu’honorablement pour défendre des positions philosophiques aujourd’hui un peu osées, notamment certains de ceux que j’ai pu citer ici ou là sur ce blog.
En tout cas, la légitimité scientifique incontestée, les frères Bogdanov ne l’ont pas. En témoigne notamment la polémique sur la qualité de leurs thèses respectives, polémique qui égratigne quelque peu la réputation de l’université de Bourgogne. Pour faire simple, les frères Bogdanov, au passage bons pédagogues et bons vulgarisateurs, ainsi que probablement parfaitement à même d’arriver à bout d’une thèse sans prétention particulière, ont manifestement visé beaucoup trop haut. Jusque là ça va, il suffit au bout d’un moment d’être un peu plus réaliste et d’ajuster le tir. Malheureusement, le fait de reconnaître son erreur est une qualité que peu d’hommes possèdent et parfois c’est l’engrenage … qui peut aller jusqu’à  utiliser tous les moyens possibles et imaginables pour, disons le clairement, tromper son monde. Ont-ils des circonstances atténuantes ? Bien sûr, une grande part des travaux de recherche n’est pas inattaquable et une déconstruction méthodique peut les mettre à mal. Bien sûr, les erreurs ça existe et elles ne décrédibilisent pas systématiquement les chercheurs qui en ont commis. Bien sûr encore, il n’est pas rare que certains sujets de recherche soient l’objet d’âpres débats entre écoles de pensées. Mais là, rien à voir, c’est une avalanche d’éléments à charge qui est révélée, mettant notamment en lumière pléthore de points douteux si ce n’est malhonnêtes (à ce niveau, l’aveuglement est peu plausible). Et derrière, une descente en flammes assurée. A tel point qu’on ne peut s’empêcher de penser que les frères Bogdanov auraient dû en rester à leur rôle d’éveilleur d’intérêt scientifique et d’approfondir leur penchant pour la science-fiction et la spéculation en tant que tels !
Voilà pourquoi je n’ai pas plus envie que ça de lire ce livre. Quand au problème de réglage de paramètres auquel il fait référence, il peut être aisément contourné de diverses manières, même si tout contournement peut lui-même aussi être dépassé de diverses manières. Certaines spéculations ne seront peut-être pas inutiles, comme cela fut déjà le cas, y compris pour la science. Mais les travaux des frères Bogdanov sont loin de pouvoir rentrer dans cette catégorie …

Judem


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