Ici Paris… Nous sommes le 7 octobre, et je n’ai pas encore passé l’entrée de la Cigale que j’entends déjà les hurlements de la foule. Juste le temps de glisser la tête par l’une des double-portes qui mènent à l’arène pour voir que c’est déjà la débâcle dans la fosse… Un parfum d’euphorie règne dans la salle et on peut dire que We Have Band remplit amplement son contrat, chauffant à blanc un public déjà transpirant. Mais doit-on réellement revenir sur le parcours du trio londonien auprès duquel le lectorat hartzinien aura pu se documenter allègrement… Notamment grâce à notre Vv nationale, fan hardcore (bon j’exagère peut-être un peu) qui aura suivi de très près la carrière de WHB et en aura fait partager sa joie communicative à ses collègues. Et je dois dire que bien qu’étant resté de marbre au raz-de-marée qui envahissait notre rédaction, je ne pouvais que succomber devant ce show extatique où chaque nouveau morceau me laissait glisser sur la piste de l’encanaillement… Difficile de rester de glace devant l’avalanche de tubes que furent Honeytrap, Oh!, Centerfolds…, Divisive, You Came Out… Un enchaînement de tracks électriques faisant éclater la matière grise comme des bulles de savon au profit d’un divertissement des plus jouissifs…
Après une mise-en-bouche plutôt savoureuse, c’est une friandise bien extravagante qui nous est offerte. Of Montreal se dévoile comme un gros bonbon acidulé qui se croque, qui se mord, où selon la préférence de Kevin Barnes, qui se suce. Un peu de Skeletal Lamping, pas mal de Hissing Fauna et beaucoup de False Priest sont la recette de la nouvelle tournée des joyeux drilles menés par Messire Barnes. Pas d’exception à la règle, le crew de Géorgie nous gratifie d’un show grandiloquent et décadent, invoquant dès les premières secondes de Coquet Coquette l’apparition d’un homme-poisson. Des dizaines de personnages plus grandguignolesques les uns que les autres interviendront tout au long du concert, le temps de petit happenings, qui sont devenus depuis longtemps la marque de fabrique du groupe et donnant de l’épaisseur au spectacle cabaret-rock de cette bande de déglingos.
Barnes monté sur ressort enchaîne avec lascivité les futurs classiques que seront Our Rioutous Defects, Enemy Gene ou encore Hydra Fancies, transformant le public en petites écolières prépubères souillant abondamment leurs sous-vêtements en dentelle… Oui, oui…. Les hommes, aussi. Mais c’est définitivement sur Like a Tourist et Famine Affair que le rejeton de Frank-N-Furter réfugié sur l’île de Casimir atteint l’apogée de son show. Avec pour seul arme sa voix, le leader déjanté du band éclipse ses équipiers le temps de deux extraordinaires comptines aussi mélodiques qu’énergiques. Cotillons, serpentins, slam gigantesque, monstres de foires… Le concert d’Of Montreal prend des allures de foutoir orgiaque. Cependant on s’étonnera que malgré leur répertoire inépuisable, c’est dans celui de Michael Jackson (six pieds sous terre) qu’ils iront puiser de quoi alimenter leur rappel. Un Thriller magnifié, un Wanna Be Startin’ Something glorifié et un P.Y.T. sublimé… Un hommage finalement pas si inattendu et assez barré pour clôturer cette représentation parisienne en beauté. Mais allons voir du côté de notre ami Calo si au pays de la moule-frites nos performers étaient aussi perchés. Allô Bruxelles ? Ici Paris…
Quelle folie à Bruxelles ! Après une jolie prestation de Tape Tum, cousins belges de The High Llamas et de Grizzly Bear, on rassemble rapidement les instruments autour de la scène pour créer une vraie piste de danse, voire piste de cirque, et accueillir comme il se doit la folle équipée. Dans la salle, ça jumpe, ça crie et ça ondule à tout va. Il faut dire que Kevin Barnes et ses 9 (!) acolytes ont mis le paquet pour nous en mettre plein la vue ! Des costumes à la mise en scène, en passant par la technologie, rien n’a été laissé au hasard. Ainsi, pendant que Kevin enchaîne pas chassés et grands jetés à faire pâlir de jalousie Claude François dans sa tombe, un écran géant envoie des images en continu et deux amuseurs/chauffeurs de salle apparaissent et disparaissent au gré des chansons, affublés d’accoutrements tous plus cheap et plus moulants les uns que les autres, se battant, crachant du sang, se jettant dans la fosse, grognant, s’embrassant, défilant ou envoyant moults bouts de pain rassis dans le public. Si cela amuse au début, on finit par s’interroger sur l’utilité de ces « De Caunes et Garcia » d’outre‑Atlantique dont les manifestations, de plus en plus brouillon et intempestives finissent par donner la nausée. Ce bémol mis à part (et sans revenir sur la reprise discutable de Michael Jackson déjà mentionnée par Aki), le show vaut amplement le détour. Il semble que rien ne puisse arrêter Kevin et ses musiciens pour cette dernière européenne. À peine le temps de boire une lichée entre les morceaux que déjà ça repart. Les deux prestations d’Of Montreal sur le territoire francophone ne sont pas exactement identiques (voir les setlists ci-dessous). Surtout en ce qui concerne le rappel, puisque, à la différence de Paris, Bruxelles a la chance de vivre, outre le medley de Bambi, une version impeccable de Bunny Ain’t No Kind of Rider ainsi que le chaotique The Past Is a Grotesque Animal, réel sommet orgasmique du concert, après lequel les lumières rallumées nous forceront indécemment à regagner nos pénates.
Photos
setlists
Paris
Black Lion Massacre
Coquet Coquette
The Party’s Crashing Us
Our Riotous Defects
You Do Mutilate?
Gronladic Edit
Like a Tourist
Oslo In The Summertime
Famine Affair
St. Exquisite’s Confessions
Hydra Fancies
She’s a Rejecter
Casualty of You
Heimdalsgate like a Promethean Curse
Suffer For Fashion
For Our Elegant Caste
A Sentence Of Sorts In Kongsvinger
Micheal Jackson Medley
Brussels
Black Lion Massacre
Coquet Coquette
The Party’s Crashing Us
Our Riotous Defects
Sex Karma
Suffer For Fashion
Like a Tourist
Enemy Gene
Plastis Wafer
St. Exquisite’s Confessions
You Do Mutilate?
She’s a Rejecter
Casualty of You
Heimdalsgate Like a Promethean Curse
Softcore
A Sentence of Sorts in Kongsvinger
Bunny Ain’t No Kind of Rider
Michael Jackson Medley
The Past Is a Grotesque Animal