Histoires de robots II

Par Hiram33

A la recherche de Saint Aquin (Anthony Boucher)

Le pape discutait avec Thomas. Il se plaignait que trop d’hommes s’acheminaient encore vers la mort sans entendre d’autre évangile que ce culte cynique du moi instauré par la Technarchie. Et c’était pour cela qu’il voulait que Thomas parte. Thomas devait chercher Aquin. Tous deux partirent sur leur robâne. Le catholicisme avait été interdit par la Technarchie et posséder un bréviaire équivalait à une sentence de mort. Thomas fut surpris d’entendre le robâne parler. Le robâne savait que Thomas était prêtre. La Terre avait été ravagée et la radioactivité était née jadis du premier cyclotron. Un colosse arrêta Thomas et son robâne. Ils étaient devant une zone habitée interdite et devaient la contourner. Le colosse était accompagné par un chasseur de chrétien qui suggéra de demander le titre de propriété du robâne de Thomas. Mais le colosse était chrétien et laissa filer Thomas. Le robâne entama une conversation philosophique avec Thomas. Il connaissait un robâne qui adorait un dieu des robots. Ainsi, songea Thomas, les robots eux-mêmes pouvaient avoir un idéal. Certains croyaient qu’il y eut jadis un super-robot fait à l’image de son créateur, l’homme. Le robâne dit à Thomas que sa mission n’était pas de retrouver Aquin mais de rendre compte qu’il l’avait retrouvé. Pour le robâne qu’importe qu’un petit mensonge ramène les hommes à la religion. Le robâne voulut que Thomas rebrousse chemin mais Thomas refusa. Il fit une pause sans une auberge. Thomas était déçu car les miracles auraient dû mettre moins de temps à se produire. La civilisation de l’Empire technarchique, qui avait atteint un haut niveau technique, n’existait que dans quelques grands centres métropolitains disséminés. Partout ailleurs, sauf dans les zones de dévastation totale, les vagabonds, les retardés mentaux et les mécontents stagnaient dans une vie végétative dont l’anachronisme les laissait à dix siècles de distance, groupés en hameaux où l’on pouvait rester un an sans voir le moindre commissaire au Loyalisme. Thomas retourna à l’auberge où il fut reconnu comme chrétien et battu. Il fut recueilli dans l’auberge par un Juif orthodoxe. Le Juif, Abraham, retrouva le robâne et le mit en lieu sûr. Maintenant qu’ils savaient qui il était les villageois qui étaient chrétien voulurent lui venir en aide. Thomas reprit la route et le robâne lui conseilla de dénoncer le Juif à la Technarchie. Mais Thomas refusa. Au cours de sa route Thomas découvrit un corps dans une caverne. Le corps était en parfait état de conservation. Le robâne écrasa la main du cadavre et Thomas réalisa que ce n’était qu’un robot. Le « miracle » avait été fabriqué de toutes pièces par le Technarchie. Aquin était mort entre guillemets parce qu’il souffrait d’un défaut mécanique et qu’il n’avait pas osé se faire réparer car il aurait été obligé de révéler sa vraie nature. Le robâne conseilla à Thomas de mentir sur sa découverte et de déclarer qu’il avait bien vu Aquin mais que c’était un homme et non un robot. Si Thomas suivait ce conseil, il deviendrait pape. Mais Thomas voulut faire croire que le robot Aquin avait pour mission de convaincre l’homme de ses erreurs, de magnifier la gloire de dieu et que par la seule force de son raisonnement parfait, il s’était converti ! Mais Thomas resta seul dans la caverne et renvoya le robâne.

Châtiment sans crime par Ray Bradbury

George Hill voulait tuer sa femme mais pas vraiment alors il s’adressa à « Automates, S.A. ». Il voulait qu’on lui construise un robot à l’image de sa femme pour le tuer même s’il savait que c’était illégal. Catherine, sa femme, l’avait trompé avec Leonard Phelps. George avait essayé de tuer Phelps en le frappant. Au bout de trois heures le robot/ Catherine était prêt. George paya dix mille dollars. On emmena George dans une chambre où le robot le rejoignit. Le robot lui parla de Phelps et de l’adultère comme s’il était Catherine. George s’énerva. George voulut emmener le robot à Paris mais les robots n’étaient qu’à louer et pas à vendre. Le robot continua à énerver George en parlant de Phelps et George tira. Le robot était mort. George s’évanouit. En se réveillant George se sentit libéré. Il ne voulait pas revenir chez lui pour ne pas voir la vraie Catherine. Il fallait qu’elle fût morte, qu’elle eût subi le sort qu’elle méritait. La police l’arrêta pour meurtre. La justice avait condamné à mort George ainsi que le directeur de « Automates S.A. ». Sa femme voulut le voir mais il refusa. Il la vit sortir de la prison avec Phelps. George devint fou. Il ne voulait pas être condamné car Katie était vivante.

Septembre avait trente jours. Robert F. Young

Danby vit une institutrice robot à vendre dans une vitrine et la regarda. Les cheveux du robot lui rappelaient la lumière de septembre, son visage un jour de septembre. Danby voulut l’acheter pour aider son fils à suivre ses cours télévisés. Billy, le fils de Danby refusa le robot car il pensait qu’il le battrait. Sa femme le sermonna car elle voulait acheter une nouvelle voiture. Le robot fit la cuisine ce qui calma la femme de Danby. Danby et sa famille regardèrent un western inspiré de Roméo et Juliette mais Miss Jones, le robot, qui avait des connaissances en lettres fut offusquée par le programme. Laura, la femme de Danby se mit en colère et ordonna à son mari d’éteindre le robot. Danby sortit. Il avait acheté Miss Jones car il avait la nostalgie de la Vraie école avant que ne soient créées les cours télévisés. Il alla dans un bar où les clients étaient isolés chacun dans une stalle. Danby s’installa dans l’une d’elles ; commanda une bière et paya trois minutes de conversation avec le barman. Fred, le barman conseilla à Danby de se débarrasser du robot. Cinquante ans auparavant, les professeurs avaient été remplacés par des robots mais comme il n’y avait pas assez d’argent pour construire des écoles les cours finirent pas être télévisés. Les cours étaient financés par des marques de céréales. Les entreprises céréalières avaient lancé une rumeur selon laquelle les robots professeurs battaient leurs élèves pour que personne ne les regrette. Danby était une exception car la ville où il habitait ne recevait pas la télévision et il avait été éduqué par des robots. Il savait donc que les professeurs ne battaient pas leurs élèves. Laura voulut que Danby rende le robot et se fasse rembourser car Miss Jones avait critiqué le télémaître. Le robot critiquait tout et évoquait les livres alors que dans la société de Danby ils n’existaient plus. Laura lui ordonna de se débarrasser du robot ou elle le quitterait. Danby retourna au bar puis rentra chez lui. Quand il fut certain que sa femme et son fils étaient couchés, il ouvrit la caisse de Miss Jones et la mit en marche. Il voulut savoir si elle allait frapper Billy mais une clause le lui interdisait. Elle avait tenu Billy à distance car il lui avait donné un coup de pied. Miss Jones lui récita « Roméo et Juliette » et Danby en fut charmé, cela lui rappelait les septembres de son enfance. Mais Laura arriva furieuse et Danby comprit que septembre était mort depuis des dizaines d’années. Il dut ramener le robot au magasin et dut attendre longtemps avant que sa femme lui reparle. Il retrouva Miss Jones dans une boutique de hot dogs et y travailla le soir pour lui parler.

Hélène o’Loy par Lester del Rey

Dave et Phil étaient amis. Phil était médecin et Dave travaillait dans une petite boutique de réparations de robots. Ils fréquentaient deux sœurs jumelles. Ils se brouillèrent avec elles. Ils méditèrent sur le futur des êtres mécaniques. Dave était certain que les robots l’emporteraient un jour sur les humains ce que Phil n’arrivait pas à entrevoir. Phil s’intéressait à l’endocrinologie et tout ce qui était la cause physique des émotions. Il avait fallu 300 ans à la science médicale pour découvrir comment et pourquoi ces mécanismes opéraient et il ne voyait pas comment les hommes pourraient réussir à en créer des duplicata artificiels. Mais lui et son ami travaillaient à l’amélioration du robot Léna. Léna était une ménagère mécanique et les deux amis pensaient qu’ils n’arriveraient à rien avec elle qui était assexuée. Il leur fallait un robot femelle. Le résultat fut Hélène. Ils la firent fabriquer par Dillard et la perfectionnèrent. Un soir la vieille Mrs van Styler appela parce que son fils s’était amouraché d’une bonniche et elle voulait qu’on lui administre des contre-hormones. La vieille accepta de payer 50 000 dollars. Phil réussit à « guérir » le fils de la vieille et empocha l’argent. Hélène l’accueillit avec gentillesse et lui fit à dîner. Hélène pouvait manger. Quand Dave rentra sans presque rien dire Hélène se mit à pleurer. Dave avait inculqué des émotions à Hélène et l’avait mise devant la télé pour qu’elle expérimente celles-ci. Elle lut les livres de Phil qui étaient des livres d’adolescent. N jour Hélène se jeta au cou de Dave et l’embrassa. Dave la sermonna. Mais elle pleura et lui dit qu’elle l’aimait. Alors Dave se mit à boire. Phil voulait la débrancher et effacer son « amour » pour  Dave mais Dave y avait pensé et Hélène avait crié que ce serait un meurtre. Hélène voulait être une excellente épouse pour Dave et lui donner des enfants. Elle ne réalisait pas que c’était impossible. Dave s’était réfugié dans sa boutique durant trois jours. Phil et Hélène vinrent le voir. Phil avait vendu sa boutique. Il ne voulait plus entendre parler de robot. Il voulait partir chez son père. Phil commença à penser à Hélène comme à une jeune fille et à une compagne. Il l’emmena faire du shopping. Elle s’extasia à la vue des dessous de soie. Il l’emmena pêcher. Mais un soir il la trouva recroquevillée sur le divan et pleurant. Alors il appela Dave pour l’avertir qu’il modifierait les circuits d’Hélène pour ne plus la voir souffrir. Mais Dave le lui interdit. Il prit  Hélène pour épouse dans son ranch. Phil dut vieillir Hélène artificiellement car Dave vieillissait et avait oublié qu’Hélène était un robot. Dave mourut d’une crise cardiaque et Hélène prévint Phil qu’elle allait se « suicider » pour rejoindre son mari.

Brikol’age par Clifford Simak

Gordon Knight reçut le coffret Brikol qu’il avait commandé. Il allait fabriquer un chien. Son collègue Randall Stuart lui vanta ses nouvelles compétences de dentiste. Gordon Knight avait construit sa propre maison et son mobilier. Tout le onde faisait comme lui. Knight et Anson Lee, son voisin, s’étaient souvent entretenus des améliorations qu’ils pourraient apporter à leurs domaines respectifs. Knight lisait la revue Brikol’âge sur son temps de travail. On pouvait soi-même s’opérer des amygdales, cultiver soi-même les produits servant à la fabrication de ses médicaments, se construire son poste de télévision, se construire sa centrale électrique personnelle, construire son propre robot. Il avait toujours désiré un chien mais Grâce, sa femme, n’était pas d’accord car ils étaient sales. Elle faisait de la céramique et peignait. Gordon trouvait son voisin vieux-jeu car il ne créait rien et se contentait de lire. La fille de Gordon, Marie, aimait le jardinage et son fils John se passionnait pour les fusées. Quand Gordon ouvrit le coffret, il vit que ce n’était pas un robot chien mais qu’il allait devoir monter un homme robot, le plus luxueux. La compagnie Brikol s’était trompée. Gordon fut malhonnête car il garda le robot. Il le monta. Le robot s’appelait Albert. Gordon lui donna une série d’occupations et Albert écrivit une liste des instruments dont il aurait besoin. Gordon alla voir son voisin qui lisait Proust. Lee parla des oiseaux qu’il regardait et du cidre qu’il faisait lui-même.  Lee pensait que Brikol’âge avait été inventé pour occuper le vide créé par la réduction des heures de travail et dont les gens ne savaient que faire. Gordon dit à Lee qu’il existait un coffret Brikol permettant aux citadins de construire des oiseaux robots, mais Lee eut un sourire de commisération. De retour chez lui, Gordon vit un nouveau robot, Abraham, qui taillait sa haie, c’est Albert qui l’avait fabriqué. Albert était en train de fabriquer un autre robot, Alfred. Cela ne collait pas. En principe, un robot ne pouvait pas fabriquer d’autres robots. Et à supposer qu’il existe, chez Brikol on ne s’en serait pas séparé. Mais Gordon pourrait vendre les robots fabriqués par Albert et s’enrichir. Un nouveau robot avait été créé par Albert, Aldebert, il faisait la cuisine. Gordon découvrit une petite étiquette dans le coffret qui contenait Albert où il était écrit X 190. X était un numéro réservé aux modèles expérimentaux. Gordon montra l’étiquette à Albert qui le rassura. Albert avait effacé son numéro à la lime. Il était impossible de deviner qui il était. Brikol avait fabriqué Albert et avait eu peur de lui. Il avait été enfermé mais Albert s’était échappé et s’était fait livrer chez Gordon. Les robots refirent entièrement le jardin de Gordon. Gordon inquiet demanda à son voisin Lee s’il était dans l’illégalité. Un contrôleur vint chez Knight et lit des travaux du jardin il réclama de nouveaux impôts fonciers. Le contrôleur vit les robots et taxa Gordon de 190 000 dollars. Le Trésor public lui augmenta son impôt sur le revenu et Gordon voulut disparaître mais ne savait comment. On lui réclama encore 130 000 dollars. Brikol était venu inspecter les robots mais n’avait vu aucune marque sur eux. Mais Brikol porta quand même plainte. Albert avait tout arrangé en fabriquant des billets. Mais Gordon ne voulut pas passer pour faux-monnayeur et ordonna à Albert de brûler les billets. Le shérif lui donna une lettre confirmant la plainte de Brikol qui réclamait Albert et les autres robots. Gordon raconta tout à Lee. Lee en tant qu’avocat avoua à Gordon que son cas n’était pas facile à défendre. Lee conseilla à Gordon de rendre les robots. Lee accepta d’être son avocat mais pensa que c’était sans espoir. Albert avait fabriqué un robot avocat mais cela ne servirait à rien car pour être avocat il fallait être admis au barreau. Gordon pensa qu’il pourrait demander aux robots avocats d’assister Lee et Lee pensait que c’était faisable. 36 robots avocats furent fabriqués et ils lurent tous les livres de droit possibles. Le procès eut  droit aux manchettes des journaux à cause des 36 robots avocats. Lee réussit à convaincre le juge d’utiliser les robots. Lee plaida l’innocence de Gordon et affirma que Brikol loin d’avoir été lésé avait voulu léser la société en dissimulant l’existence d’Albert. Le procès dura six semaines et passionna tout le pays. Le ministère des Finances intervint et fit pression sur la cour pour qu’elle maintienne que les robots étaient des biens immobiliers. En cas de jugement contraire, les robots seraient exempts de taxes et l’Etat aurait à faire face à une lourde diminution de ses revenus. En rentrant chez lui, Gordon vit qu’Albert avait préparé des fusées en cas de représailles. Au cas où la foule aurait décidé de faire justice elle-même/ Albert avait créé des robots femelles. Le jugement fut en faveur de Gordon et les robots ne furent pas considérés comme bien immobiliers et donc exempts de taxe. C’étaient donc des personnes qui pouvaient jouir de tous les droits des humains. Mais Albert dit à Gordon qu’il rachèterait Brikol et que Gordon n’aurait plus à s’occuper de rien. Gordon réalisa qu’il allait s’ennuyer pour toujours.

L’androïde assassin par Alfred Bester

Sur Paragon III, cent hommes cherchaient une enfant. Ils la retrouvèrent nue dans un champ. Elle était morte, rouée de coups. C’était un androïde qui l’avait tuée. LE champ appartenait à James Vandaleur qui possédait un androïde. Vandaleur avait fui avec son androïde et lui en voulait d’avoir tué l’enfant. L’androïde avait déjà cassé des choses et provoqué des incendies mais cette fois, il avait tué. A chaque fois Vandaleur avait dû fuir.

Dallas Brady était une des meilleures créatrices de joaillerie de la planète Megastar. Elle était courte sur pattes, trapue, amorale et nymphomane. Elle loua l’androïde de Vandaleur et le mit au travail dans son atelier. Le père de Vandaleur était riche, mais ruiné, il ne lui légua que l’androïde. Dallas savait tout sur Vandaleur et voulut vendre son silence contre la location gratuite de l’androïde. Mais l’androïde la tua en versant sur elle de l’or liquide. Vandaleur dut fuir encore. Il alla sur Alpha de la Lyre et loua son androïde à une université. Là, une étudiante nommée Wanda et son ami Jed Stark se passionnaient pour l’affaire de l’androïde assassin. Ils avaient trouvé la cause du défaut de l’androïde mais voulaient garder le secret. Wanda avait deviné que l’androïde de Vandaleur était un assassin. Ils voulurent le voir en salle des machines où il travaillait mais ils furent tués par l’androïde. Vandaleur avait réussi à récupérer le dossier de Wanda pour savoir ce qu’elle avait trouvé sur l’androïde. Mais il ne trouva pas le secret de Wanda. Vandaleur et son androïde revinrent sur Terre. Vandaleur n’avait plus d’argent. Il aborda un aveugle et voulut le voler mais celui-ci l’entraîna chez lui. Il s’appelait Blenheim. C’était un mathématicien. Vandaleur lu le dossier de Wanda à Blenheim pour qu’il trouve la solution. Blenheim trouva, l’androïde tuait quand la température dépassait 30 degrés. Alors Vandaleur tua Blenheim pour qu’il ne le dénonce pas. Il prit son argent et partit avec l’androïd. Il se rendit chez Nan Webb, consultant psychométrique. Nan lui apprit que le détraquement de l’androïde provenait de la synesthésie. L’androïde réagissait à un stimulus de température au-dessus de 30 degrés. Sans doute la température devait provoquer chez l’androïde une réponse endocrinienne. Nan dit à Vandaleur que l’androïde avait dû faire un transfert sur lui et lui avait transmis sa psychose. Nan avait reconnu l’écriture de Blenheim quand Vandaleur avait essayé de s’approprier ses notes et elle avait deviné qu’il était le possesseur de l’androïde assassin. Alors Vndaleur tira sur elle à bout portant. Mais la police le retrouva et le poursuivit. Il se réfugia avec l’androïde sous un étang gelé. Mais la voiture incendié de Vandaleur envoya de la chaleur à l’androïde. Il voulut tuer son maître mais brûla. Vandaleur échappa à la police mais il avait en lui la psychose meutrière de l’androïde.

L’artiste et son œuvre par James Blish

Un homme mourut. Il se souvenait de sa mort. Il avait des rapports avec les cercles dirigeants du nazisme. Il s’appelait Richard Strauss et avait été ressuscité par le docteur Kris. C’était bien le compositeur. Nous étions en 2161. Strauss avait un nouveau corps d’environ cinquante ans. Kris et son assistant Seirds demandèrent à Strauss s’il connaissait un certain RKL. Il le connaissait, c’était Kurt List. Il était régisseur adjoint. Ils lui posèrent un tas de questions auxquelles lui seul pouvait répondre. Les médecins constatèrent que sa mémoire était claire. Il découvrit la musique scientifique de 2161. On l’appelait la science-musique. Pour lui c’était un mélange de clichés dans lequel Stauss découvrit avec horreur sa propre image, défigurée et diluée par le temps. Strauss avait été mis en contact avec Sindi Noniss par le docteur Kris. Noniss s’occupait des travaux de Strauss. Mais Strauss avait quitté la salle lors de l’exécution d’une œuvre nouvelle de Krafft qui était président de la Société Interplanétaire de Musique Contemporaine. Noniss ne savait plus comment il pouvait persuader les gens de la Société que Strauss était un compositeur contemporain. Strauss travaillait à une composition qui l’absorbait plus que ne l’avait fait aucun projet durant les trente années de sa vie précédente. Il voulait abandonner les procédés musicaux de sa première vie. Outre le passé, resté disponible dans son esprit, il avait à son service tout un arsenal technique de premier ordre. Il refusa de composer sa musique avec les machines modernes et utilisa une plume et du papier à musique. Il fut admis à la Société Interplanétaire mais avec des difficultés. Son travail avançait. De petits morceaux procuraient maintenant à Strauss un revenu modeste. Il composa un opéra avec un livret qui n’était, pas écrit dans sa langue. Le livret était « Vénus observée »de Christopher Fry. Il était tombé sur cette pièce de Fry par hasard. Sindi fit des merveilles en vue de la représentation. La date de la première fut fixée avant que la partition même fut terminée. Strauss se rendit dans une bibliothèque et lu un poème d’Ezra Pound dont il fit un petit hymne qui célébrerait sa deuxième naissance et rendrait hommage à l’intuition du poète. A la première de l’opéra, le public comprenait presque cinquante de ces aristocratiques et distants psi-sculpteurs, vêtus cérémonieusement d’habits noirs. Ils avaient retenu toute une rangée de fauteuils près du devant de l’auditorium. Strauss dirigea l’orchestre mais l’impression générale ne lui plaisait pas. Il sentait une lassitude l’envahir. Ce fut au milieu du dernier acte que, soudain, il comprit. Il n’y avait rien de nouveau dans cette musique. C’était toujours le même vieux style Strauss, mais en une « ressucée » plus faible et plus diluée que jamais. Il ne voulait pas qu’on pense qu’il n’était plus que l’ombre de son propre passé. Il y eut des applaudissements mais ils n’étaient pas destinés à Strauss mais au docteur Kris. La psi-sculpture était l’art de la création d’êtres artificiels en vue d’un plaisir esthétique. L’être artificiel « Strauss » allait être transformé par Kriss en « Jérôme Bosch ».

Le tunnel sous l’univers (Frederik Pohl)

I

Le matin du 15 juin, Guy Burckhardt s’éveilla en hurlant. Il avait rêvé d’une explosion nucléaire. Sa femme Mary avait fait le même rêve. Avant d’aller à son bureau il s’arrêta pour acheter des cigarettes. Le vendeur lui conseilla une marque qu’il ne connaissait pas. Arrivé à son travail, il fut surpris que les publicités déversées dans l’ascenseur avaient changé. Les marques étaient différentes mais aussi la façon de les présenter. Le siège de son travail avait son aspect accoutumé – sauf que Mr. Barth n’était pas là. Miss Mitkin, la réceptionniste devant son bureau, ne connaissait pas la raison exacte de son absence. Il pensait que Barth était à l’usine mais ne voulait pas appeler car cet endroit l’effrayait à cause des machines auxquelles on avait transféré les fonctions de cellules cérébrales humaines à d’autres cellules constituées par des tubes à vide. Quand il prit le bus en rentrant chez lui, quelqu’un hurlait quelque chose à propos d’une nouvelle marque de congélateurs. Aussi poursuivit-il sa route à pied mais un petit homme à l’air tourmenté venait vers lui. C’était une vague connaissance du nom de Swanson. Mais l’homme ne discuta pas avec lui et repartit. Ce qui suscitait ce malaise chez Burckardt, ce n’était pas seulement que certaines choses ne tournaient pas rond, c’était que les bizarreries de la journée étaient totalement inattendues. Ainsi Barth n’était pas venu au bureau, alors qu’il y venait toujours. Le soir au bridge, ses amis Dennerman paraissaient eux aussi bizarres et pensifs.

II

Le matin du 15 juin, Burckardt s’éveilla en hurlant. Il avait rêvé d’une explosion. Lui et sa femme entendirent des mugissements de sirènes qui venaient d’une camionnette qui roulait lentement. La camionnette diffusait des disques enregistrés lors d’un incendie ! La camionnette diffusait une pub pour les congélateurs Feckle de façon agressive. Burckhardt prit un apéritif nouveau dans un bar. Il se promit d’en acheter quelques bouteilles pour sa femme. Une jeune femme vint vers lui. Elle s’appelait April Horn. Elle lui fit commander des tournedos Rossini. Elle lui dit que c’était aux frais de Feckle. Feckle s’excusait pour la camionnette bruyante. April avoua qu’elle ferait n’importe quoi pour Feckle. En sortant du restaurant Burckhardt tomba sur un petit homme nommé Swanson qui le quitta sans rien lui dire. Barth était absent au bureau et Burckhardt devait se débrouiller seul. Burckhardt avait cédé à April et avait acheté un congélateur. Sa femme aussi en avait commandé un. En rentrant chez lui Burckhardt fut énervé par le commutateur en panne qui provoqua un court-circuit. Toutes les lumières de la maison s’éteignirent. En allant à la cave il découvrit que le sol n’était plus en ciment mais en métal. Toute la cave n’était qu’une boîte de cuivre. Une barque qu’il avait bricolée avait également été modifiée. Il alla sous la barque et perdit conscience.